Lièvre fiscal et tortue sociale

Qu’il survive ou non à la grogne sociale et au rejet éventuel des accords institutionnels, le gouvernement Verhofstadt mettra à son crédit une réforme fiscale relativement ambitieuse. Belle victoire pour le ministre des Finances, Didier Reynders (PRL), et l’aile droite de la coalition arc-en-ciel, qui, l’an dernier, avaient pris de vitesse les socialistes et les écologistes. Depuis lors, la croissance économique a ralenti, forçant le gouvernement à retarder certaines autres mesures et à étaler la réforme fiscale sur quatre ans.

Il s’agit d’attribuer un crédit d’impôt aux « petits » contribuables, de soulager de manière générale les revenus moyens, de supprimer les tranches d’imposition les plus élevées (52,5 et 55%), de rendre « neutres » les choix de vie (afin de ne pas pénaliser les contribuables selon qu’ils sont mariés ou cohabitants), d’améliorer la situation fiscale des contribuables avec enfants, d’accroître la déduction pour frais professionnels forfaitaires, ou encore d’encourager fiscalement les économies d’énergie. La stratégie libérale ne manque pas de cynisme: d’ici à 2004, les 134,5 milliards de francs de baisse d’impôts mangeront une bonne part des marges de manoeuvre budgétaires. La « gauche » du gouvernement devra s’en accommoder pour financer les mesures sociales, réclamées à cor et à cri par les syndicats, les mutualités et les milieux associatifs, soutenus par quelque 25 000 manifestants, le dimanche 20 mai. Leur revendication: l’indexation et l’augmentation de toutes les allocations sociales, attribuées aux pensionnés, chômeurs, handicapés, minimexés… La réponse du pouvoir fédéral est limpide: le budget de 10 milliards de francs, déjà annoncé, reste acquis pour les corrections sociales prioritaires à opérer en 2002. Rien de plus. C’est bien peu, au regard des 60 milliards réclamés par les organisateurs de la manifestation.

En revanche, le ministre des Affaires sociales et des Pensions, Frank Vandenbroucke (SP) convoque, dès le mois de juin, une vaste table ronde avec tous les acteurs concernés pour une réforme du système actuel de sécurité sociale: syndicats, mutuelles, employeurs, associations en tout genre. Cette concertation devrait déboucher, en décembre, sur des propositions qui seront mises en oeuvre entre 2003 et 2006. A l’heure actuelle, leur financement n’est pas assuré. « Il faudra faire des choix », répètent les ministres sociaux du gouvernement.

L.v.R. et Ph.E.

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