Ce qu’on lui reproche

Sa froideur, son manque de fair-play, son exil à Monaco, sa distance vis-à-vis des fans, ses absences en Fed Cup… Justine Henin n’a pas toujours eu une bonne image. Bilan à charge et à décharge.

Mécanique glaciale

Cette fille est une machine. Qui ne s’est pas surpris à le penser, en la voyant aligner les succès qu’elle commentait toujours d’une manière convenue ? La joueuse l’a reconnu elle-même : sous les responsabilités et le poids de son passé (sa maman est morte d’un cancer lorsque Justine avait 12 ans), elle s’est forgé une carapace qui l’a rendue inaccessible. Depuis son divorce et, surtout, ses retrouvailles avec son père (lire p. 42), elle se sent plus épanouie, se livre davantage.  » Elle est visiblement plus heureuse, confirme Christine Hanquet qui, pour La Première, la suit depuis plus de dix ans dans tous ses tournois. Même après sa récente défaite à Melbourne, elle n’était pas avare de sourires. « 

Trop ambitieuse

Avant l’Open d’Australie, elle l’a encore répété :  » Je veux gagner le plus de titres possible !  » Bien qu’elle s’en défende aujourd’hui, elle veut marquer l’histoire du tennis féminin. Mais sans ambition, elle ne serait pas là où elle est. Justine Henin affiche, par ailleurs, le professionnalisme des grandes championnes. Entre la fin de sa fabuleuse saison 2007 et le début de la suivante, la n° 1 mondiale a encore travaillé son service… Elle surveille et contrôle tout, dans les moindres détails : de son alimentation à sa médiatisation (voir son site www.justinehenin.be). Dans l’émission que RTL-TVI lui a consacrée en novembre, rien ne s’est décidé sans son aval.

Distante

Ses fans s’en sont plaints. Elle n’a jamais été à l’aise avec la foule. Et peut se montrer franchement maladroite en n’assistant pas à la remise des trophées des Sportifs de l’année. En fin de saison 2007, elle a néanmoins multiplié les contacts avec ses supporters, comme lors de son match-exhibition au Spiroudôme de Charleroi, en décembre. Les 6 000 places étaient remplies. Justine y est apparue particulièrement relax. Il faut dire que son père se trouvait dans les gradins, pour la première fois depuis sept ans. Son aversion des projecteurs ne doit pas occulter sa gentillesse, naturelle, avec les plus jeunes. Elle a créé, en 2004, Les 20 c£urs de Justine, une association venant en aide aux enfants atteints de cancer. Elle est partie à Tenerife, en 2006, et en Suisse, l’année suivante, avec plusieurs d’entre eux. On l’a déjà réveillée en pleine nuit lorsqu’un gosse malade insistait pour lui parler.

Fuite à Monaco

Sa décision de quitter la Belgique pour le soleil de la principauté monégasque, en 2005, a choqué beaucoup de Belges. Surtout dans le sud du pays où la solidarité sociale reste une valeur fondamentale. La richissime sportive ne s’en est pas cachée : elle voulait échapper à l’impôt, mais aussi au regard des gens. A Monaco, elle apprécie de pouvoir vivre dans l’anonymat. Elle y restera, a-t-elle dit, au moins jusqu’à la fin de sa carrière. A sa décharge, l’exil fiscal des cyclistes Tom Boonen et Axel Merckx et du pilote Thierry Boutsen a fait beaucoup moins de bruit. On est en droit de se demander pourquoi…

MAUVAISE PERDANTE

L’abandon de Justine en finale du tournoi de Melbourne, en janvier 2006, alors qu’elle était largement dominée par la Française Amélie Mauresmo, a fait couler beaucoup d’encre. D’autant qu’il ne s’agissait pas d’un problème musculaire, mais gastrique. Manque d’élégance ? Choix égoïste pour ne pas hypothéquer son avenir sportif (les risques de blessures sont plus grands quand le corps est malade) ? Que ce soit dans le chef de Justine Henin ou d’une autre, le fair-play n’est plus ce qu’il était. C’est la rançon du sport-business.

Ses absences en équipe belge

Cette année comme l’an dernier, elle brille par son absence à la Fed Cup, l’équivalent féminin de la Coupe Davis – qu’elle a remportée, avec la Belgique, en 2001. La décision de Justine est motivée par sa volonté de ne plus jouer en tournoi plus de trois semaines d’affilée. La dernière fois qu’elle s’y est risquée, pour la Fed Cup 2006, elle s’est blessée au genou en finale. Elle ira tout de même aux J.O. de Pékin, pour gagner comme à Athènes, en 2004.

Th.D.

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