Le projet Vitrivius pour les nuls

Les auteurs du rapport sur l’effondrement démographique de la PJF et comment y remédier ont puisé dans leur culture classique : l’homme de Vitruve, immortalisé par Léonard de Vinci, est le parangon du chiffre parfait et, donc, de l’harmonie.

1 CAPACITÉ. Aujourd’hui, il faudrait 159 policiers spécialisés supplémentaires, dont 130 pour lutter contre la cyber-criminalité et 29 pour les analyses criminelles opérationnelles. Au moins 20 % des enquêteurs devraient disposer d’un profil de qualification spécialisé, notamment pour les sections  » éco-fin  » et  » terrorisme « .

2 RECRUTEMENT. Un millier d’enquêteurs (1032 : chiffre actualisé) devraient être engagés d’ici à 2014 pour compenser les départs à la retraite, dont 307 avec un profil qualifié. Pour cela, il faudrait démarcher les universités, les agences pour l’emploi, les ordres professionnels (des comptables, par exemple), etc. En outre, les policiers plus âgés devraient être tenus d’annoncer douze mois à l’avance leur départ à la retraite, facultative dans beaucoup de cas (58, 60 ans), pour que leur remplacement puisse être organisé au mieux.

3 FORMATION. C’est là où, visiblement, le bât blesse. Tant la formation de base (pour tous les policiers) que la formation de police judiciaire devraient tenir compte des besoins spécifiques de la PJF. La formation continuée devrait être encouragée. Les policiers aspirant à intégrer la PJ devraient pouvoir bénéficier d’un stage probatoire sous la responsabilité d’un mentor, pour recueillir l’expérience de celui-ci.

4 MOTIVATION. Le projet Vitrivius insiste sur la composante  » vocationnelle  » du métier de policier et regrette l’émergence d’une  » auro-culture policière « . Les policiers ont des circonstances atténuantes. La réforme a supprimé beaucoup de grades intermédiaires. Il ne reste plus que des inspecteurs, inspecteurs principaux, commissaires et commissaires divisionnaires. A l’intérieur d’une catégorie X, les repères sont fonction du niveau barémique, bref, de la rémunération. Vitrivius recommande la création de grades supplémentaires, assortis éventuellement d’incitants financiers, quand il y a prise effective de responsabilité, mais surtout qui soient porteurs d’une reconnaissance symbolique des mérites et du parcours professionnel. Actuellement, un universitaire sortant de l’Ecole nationale des officiers (13 mois de formation) a immédiatement le grade de commissaire, à l’instar d’un professionnel aguerri ayant déjà vingt ans de carrière…

5 BUDGET. Pour justifier une hausse des investissements dans la police judiciaire fédérale, le projet Vitrivius rappelle que la recherche criminelle rapporte à l’Etat :  » La lutte contre la fraude fiscale grave et organisée a permis de juguler les escroqueries fiscales de type « carrousels à la TVA » qui s’élevaient à 1 100 millions d’euros en 2001 pour être ramenées à 30 millions en 2008. Ce qui a permis d’éviter un décaissement indu de l’ordre de 6,9 milliards d’euros, soit 26 fois le budget annuel en personnel de la PJF.  » Ne pas oublier, non plus, que les départs à la retraite de policiers jouissant d’un  » gros salaire  » et la disparition progressive des dépenses destinées à égaliser les statuts d’enquêteurs issus des ex- PJ et BSR vont, inévitablement, faire baisser la facture.

M-C. R.

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