Le clan mauve

Alain Courtois a donc quitté Anderlecht après avoir posé la question de confiance: – Etes-vous prêts à suivre mes idées et à les appliquer? La réponse étant non, ce fut au revoir et merci. Une question d’honnêteté intellectuelle. Car, en effet, comment continuer à travailler dans un environnement qui ne croit pas en vous? Alain Courtois n’était pas venu à Anderlecht sans expérience de l’organisation sportive. On saura assez prochainement de quelle manière il va rebondir, car le bonhomme n’est évidemment pas sans ressources. Il doit figurer parmi les Belges les plus connus…notamment dans le secteur du football.

Malheureusement, ce sport risque fort de voir partir un personnage qui aurait énormément pu l’aider à mieux vivre. Et ce n’est pas parce Courtois reste – notamment – actif au sein de la commission juridique de l’UEFA qu’il aura encore une influence directe sur le football national.

Et Anderlecht? Perd-il là une occasion unique de continuer à grandir? Difficile à estimer, mais un élément de réflexion est de détruire le mythe selon lequel tout arrive du fait de Michel Verschueren. Tôt ou tard, le manager mauve prendra sa retraite et le club continuera sur sa lancée. Mettre le départ de Courtois sur le compte d’une rivalité avec Verschueren arrangeait beaucoup de monde: d’abord le grand public qui trouvait là un duel assez folklorique entre deux personnages si différents à tant de points de vue, du genre chien de chenil au pedigree avéré qui disputait un os à un zinneke habitué aux combats de rue. Et puis, cela arrangeait aussi la direction mauve elle-même qui, une fois de plus, utilise Verschueren comme paratonnerre. C’est arrivé des centaines de fois et cela n’a pas changé: Verschueren a très souvent été envoyé au front. Normal, il a toujours été volontaire. Homme de paille, homme de main, homme à tout faire, il a toujours été très fier de sa loyauté. Et le clan Vanden Stock le lui rend bien car il est reconnaissant.

Finalement, c’est bien de cela dont on parle: le clan mauve. Inutile, ici, de verser dans le grandiloquent en utilisant le terme monarchie de droit plus ou moins divin, ou le sensationnalisme bon marché en choisissant le mot mafia. Clan leur va très bien. En référence au tabac de pipe: ça sent bon, c’est sucré juste ce qu’il faut sans être franchement écoeurant, bien que cela reste trop bruxellois pour les Liégeois et les Brugeois, par exemple. Clan, en référence aussi aux usages existant dans les « tribus écossaises ou irlandaises, formées d’un certain nombre de familles ayant un ancêtrecommun ». Les guillemets viennent du dictionnaire Petit Robert et on ne l’a pas ouvert en songeant au golf, passe-temps de St.-Andrews institutionnalisé chez quelques membres du clan VDS. Non, c’est plutôt la lignée, l’ancêtre commun qui nous interpelle, le toujours très vert Constant, toujours sur la même longueur d’ondes que les autres membres du clan, chapeautés par le duo Roger (président) et Philippe Collin (secrétaire-général). Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Roger a deux filles et Philippe une, qui sont toutes les trois mariées et c’est là, au demeurant, que se dessine, en tout ou en partie, l’avenir clanique mauve.

Verschueren n’a jamais fait partie du clan, il s’est mis à son service. Le futur du club s’appuie donc sur d’autres hommes de confiance, le toujours efficace et discret responsable administratif Robert De Pot et le clairvoyant Peter Ressel qui a tout de même amené cette saison le joli Kolar et l’impressionnant Zane, deux joueurs aux gabarits si différents mais qui ont le beau football dans le sang.

Courtois a voulu faire éclater des liens par trop cristallisés, chose impossible même aux âmes bien nées. Comment voulez-vous qu’il ait pu se glisser entre le tronc et l’écorce? Anderlecht restera toujours Anderlecht.

John Baete.,

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