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Iran: Hassan Rohani pourrait créer la surprise dès le premier tour

Le Vif

Surprise au premier tour de l’élection présidentielle en Iran. Le seul candidat modéré Hassan Rohani mène en effet largement la course dès le premier tour. Il a obtenu 51% des voix après le dépouillement des bulletins dans 65% des bureaux de vote, a annoncé samedi un responsable du ministère de l’Intérieur à la télévision.

« 23 millions de bulletins ont été dépouillés et M. Rohani obtient 11,75 millions de voix » dans 38.621 bureaux de vote sur un total de 58.764, a annoncé ce responsable.

Une éventuelle victoire de Hassan Rohani, candidat soutenu par les courants modéré et réformateur ne marquera toutefois pas une rupture dans la politique de la République islamique, les dossiers stratégiques comme le nucléaire ou les relations internationales étant sous l’autorité directe du guide suprême Ali Khamenei.

Cette élection intervient sur fond de grave crise économique due aux sanctions internationales visant le pays en raison de son programme nucléaire et quatre ans après la victoire contestée dans la rue du conservateur Mahmoud Ahmadinejad. Ce dernier ne pouvait briguer un troisième mandat consécutif selon la Constitution.

Aucune irrégularité constatée

D’après le décompte partiel (36% des bureaux de vote) annoncé à la mi-journée par le ministère de l’Intérieur, Hassan Rohani, 64 ans, un proche de l’ancien président Akbar Hachémi-Rafsandjani, obtenait 6,05 millions de voix,soit 50,03% des suffrages.

Il devance largement trois conservateurs: le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf (15,2%), l’ex-commandant des Gardiens de la Révolution, l’armée d’élite du régime, Mohsen Rezaïe (12,5%) et le chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili (11,5%).Les deux autres candidats, l’ex-chef de la diplomatie Ali Akbar Velayati et Mohammad Gharazi, sont encore plus loin derrière.

Aucune irrégularité n’a été constatée, a précisé le Conseil des gardiens de la Constitution, qui supervise le scrutin. Un deuxième tour est prévu le 21 juin si le candidat en tête n’obtenait pas plus de 50% des voix.

Représentant de l’ayatollah Khamenei au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale, Hassan Rohani a bénéficié du désistement du candidat réformateur Mohammad Reza Aref et de l’appui du chef des réformateurs Mohammad Khatami. Il prône plus de souplesse dans le dialogue avec l’Occident, pour alléger les sanctions, des négociations qu’il avait dirigées entre 2003 et 2005 sous la présidence Khatami (1997-2005). Durant la campagne, il a évoqué de possibles discussions directes avec les Etats-Unis, ennemi historique de l’Iran.

Forte affluence dans les bureaux de vote

Toute la journée, les Iraniens s’étaient massivement mobilisés pour ce premier tour.

Le taux de participation devrait atteindre 70% dans la province de Téhéran, selon le responsable des élections pour la région, voire dépassé dans d’autres régions, selon des responsables locaux cités par les médias. En 2009, le taux de participation avait officiellement atteint 85%.

Aucun résultat n’avait été donné avant l’intervention du ministre, contrairement aux élections précédentes. Le porte-parole du Conseil des gardiens de la Constitution, chargé de superviser les opérations de vote, s’était borné à indiquer qu’aucune irrégularité n’avait été établie.

« Le peuple a créé l’épopée », lance Jam-e Jam en saluant un vote massif, alors que le journal réformateur Arman salue ce peuple qui a « fait son travail ». M. Rohani a remercié ses partisans pour « cette participation et l’unité (des réformateurs et modérés qui) aidera l’Iran à prendre une nouvelle voie ». Les six candidats avaient demandé à leurs partisans d’éviter tout rassemblement avant l’annonce des résultats officiels.

En 2009, l’annonce de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad dès le premier tour avait provoqué des heurts entre police et partisans des deux candidats réformateurs, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, puis plusieurs semaines de manifestations de masse dénonçant des fraudes massives. Le mouvement avait été sévèrement réprimé par le pouvoir et les deux ex-candidats sont en résidence surveillée depuis 2011.

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