Le bail du samedi soir

C’est reparti pour trois ans : les 24 Heures de Spa ont prolongé leur bail. Ferrari, Porsche et autres joyaux du championnat FIA GT continueront donc à animer une épreuve qui attirerait 80 000 spectateurs. Surtout le samedi soir

C’était il y a quatre ans. Les 24 Heures de Spa étaient à la croisée des chemins. Les baisses de fréquentation, enregistrées en 1998, en 1999 et en 2000, démontraient que l’épreuve souffrait de graves lacunes liées, pour l’essentiel, à la perte de la qualité du plateau et à un règlement complexe pour le spectateur.

Aux grands maux les grands remèdes. On allait remplacer les voitures de  » tourisme  » (comme les BMW ou les Ford d’avant 1998), puis celles de  » SuperProduction  » (telles les Peugeot 306, Honda Integra et Renault Mégane des années 1998 à 2000), par des bolides susceptibles de regagner l’intérêt du public : Ferrari 555 Maranello, Ferrari 360 Modena, Chrysler Viper et autres engins de  » Grand Tourisme  » (GT).

En faisant place à ces rutilants coupés de haut niveau, le Royal Automobile Club de Belgique (RACB), organisateur de la course, se pliait aux arguments défendus depuis longtemps par son  » Monsieur 24 Heures « , Jean-François Chaumont, mais aussi par un consultant de poids, Paul Frère.  » Ce tournant, me semble-t-il, se justifiait de deux manières, explique l’ancien pilote belge de formule 1. D’une part, l’époque où il n’existait pas de véhicules de GT pour la compétition était définitivement révolue. D’autre part, la réglementation internationale pour les autos de tourisme était désormais conçue pour des joutes de deux manches de 45 minutes qui ne prédisposaient ni les constructeurs ni les préparateurs à investir sur l’endurance, encore moins dans le contexte d’un circuit aussi long et rapide que Francorchamps.  »

Hors GT, donc, point de salut ! Une telle réorientation passait nécessairement par une insertion des 24 Heures dans le calendrier du championnat GT, organisé sous le label de la Fédération internationale de l’automobile (FIA). D’autant que le promoteur de cette compétition était demandeur d’une épreuve de renom. Un rapprochement s’opérait donc, rapidement formalisé par un contrat de trois ans. Et plus, si affinités…

Fixé en prévision de l’édition 2004, le rendez-vous de la confirmation a bien eu lieu. L’occasion de faire le bilan sur trois années de collaboration.

Le passif ? Des conflits d’intérêt sont portés sur le choix et les rémunérations liés aux épreuves de lever de rideau, mais aussi sur les avantages respectifs à offrir au sponsor du championnat FIA GT et à celui des  » Proximus 24 Heures de Spa « . L’actif ? Les voitures sont nettement plus spectaculaires. Le plateau, un peu pauvre la première année, s’est sensiblement étoffé, avant de se stabiliser (de 37 à une cinquantaine de voitures). Quant au volume de spectateurs, il semble avoir repris du poil de la bête, avant d’augmenter, pour se stabiliser à la hausse : plus 20 % en 2001, plus 20 % en 2002, et plus 6 % en 2003, marquée par une météo épouvantable, qui n’avait guère incité le public à rallier le circuit en masse le samedi ni à (re)venir le dimanche.

Résultat des courses : l’opération GT s’est avérée bénéficiaire. Certes même s’il a fallu s’entendre entre organisateurs sur les prérogatives des parraineurs commerciaux et sur des questions de gros sous émanant de la mise sur pied des épreuves annexes, le contrat, revu et corrigé, a été prolongé pour trois ans.

Les 31 juillet et 1er août, la 56e mouture des 24 Heures de Spa s’inscrira par conséquent dans la continuité des éditions 2001, 2002 et 2003. Les coupés engagés seront aussi impressionnants, et le niveau des meilleurs engagés, plutôt à la hausse.

En nombre cette année, les Ferrari (11 dont huit 550 et 575 Maranello susceptibles de rivaliser pour la victoire) sont favoris. Cependant, les Saleen, voire les Lister Storm, ne partent pas battues d’avance. Quant aux Porsche 996, Ferrari 360 Modena, BMW M3 et Chrysler Viper, elles pourraient créer la surprise en cas de pluie abondante.

Du suspense, donc, pour une grande classique. Mais espérons qu’elle ne perdra pas son âme dans les réaménagements imposés par le cahier des charges d’une FIA qui ne met pas toujours la cordialité au rang de ses priorités…

Christophe Engels

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