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Un Belge pour le financement du stade national

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Oui, des investisseurs privés étrangers sont prêts à prendre en charge la construction et l’exploitation du futur stade national, à Grimbergen. Mais un Belge propose de prendre tout le projet à sa charge. Malgré les principaux obstacles, politiques, juridiques et linguistiques.

C’est un puzzle. Une équation à plusieurs inconnues. L’avènement du futur stade national, qui devrait voir le jour pour accueillir le match d’ouverture de l’Euro 2020 de football, est tout sauf un long fleuve tranquille. A quatre mois de l’introduction officielle de la candidature belge auprès de l’UEFA pour participer à ce rendez-vous hautement symbolique, appelé à être organisé dans treize villes européennes, les réunions se multiplient, les consultants se démènent et les politiques fourbissent leurs armes.

Sans garantie de réussite à ce jour. « Mais il y a désormais plus qu’une lumière au bout du tunnel », nous confie l’un de ses principaux artisans, Alain Courtois (MR), ancien secrétaire général de l’Union belge aujourd’hui échevin des Sports de la Ville de Bruxelles. « Nous avons reçu de nombreuses offres d’investisseurs, belges et étrangers, poursuit-t-il. Cela nous a rassurés : oui, ce projet pourra bien être financé à 100 % par le secteur privé. S’il échoue – ce que je n’exclus pas dans ce pays de fous qui ne se soucie guère du sport -, ce sera en raison du seul écueil principal que je perçois aujourd’hui : la psychologie et les egos. »

Le 25 mai 2013, à l’issue d’une grande réunion à Ostende, le gouvernement du nouveau ministre-président Rudi Vervoort (PS) annonçait sa décision d’installer le futur stade national sur le parking C du Heysel, un terrain appartenant à la Ville de Bruxelles, mais situé sur le territoire de Grimbergen, une commune flamande sans facilités. Le 3 décembre, le bourgmestre Freddy Thielemans (PS) posait un dernier geste symbolique avant de céder le flambeau à son successeur Yvan Mayeur en annonçant un premier accord politique majeur sur le chemin du stade national. En fait d’accord, il s’agissait plus précisément d’un cadre aussi précis que possible pour entamer à marche forcée des négociations ultra-délicates dans un délai très court.

Les certitudes actuelles ? Le stade sera bel et bien installé sur le parking C. Financé uniquement par le privé, il consistera en une enceinte de 50 000 places (+10 000 rétractables) sans piste d’athlétisme ni toit rétractable. Dont coût : 314 millions d’euros. Au-delà de ça, tout reste à négocier en cinq petits mois.

Chargé du groupe de travail mis en place pour réunir les fonds et préparer les permis de bâtir, Alain Courtois affirme que : « la rentabilité du projet choisi est élevée, elle se situe entre 3,5% et 5,9%. Aucun choix définitif n’a été fait, aucun investisseur n’est directement associé aux discussions, mais nous avons déjà reçu plusieurs actes de candidature qui sont actuellement étudiées par nos consultants Deloitte. » Selon nos informations, les candidatures émaneraient de fonds d’investissements privés étrangers, « des financiers purs ». Certains sont américains,. d’autres proches des Qataris. Mais ce n’est pas tout : un investisseur belge, proche des milieux sportifs, est déjà venu frapper à la porte en se disant prêt à mettre la totalité de la somme sur la table, avec le soutien de capitaux étrangers.

Reste à voir si un marché public ne s’imposera pas en raison du fait que le terrain sur lequel sera construit le stade est public. Des avocats planchent actuellement sur le dossier. Il pourrait être question de créer une société privée chapeautant le projet, le terrain lui étant confié comme une participation de la Ville. Un montage, quoi qu’il en soit, inédit. Jamais un tel cas de figure ne s’est présenté en dans notre pays.

Si des fonds d’investissements étrangers se disent prêts à pointer le bout du nez en Belgique, c’est en raison des perspectives de rentabilité offertes par un parking de 12 000 places logé aux portes de Bruxelles et par la création annoncée d’un centre de communication « sur le mode d’Amsterdam » désengorgeant la ville, en lien avec le projet Néo de réaménagement de l’ensemble du plateau, qui comprend centre commercial, salle de spectacles… Plus de 350 millions d’euros ont déjà été engagés pour creuser un tunnel sous le ring et prévoir l’arrivée du métro. « L’élargissement du ring voulu par la Région flamande et le projet de centre commercial U-Place, à Machelen, font évidemment aussi partie du projet », confirme Alain Courtois.

L’intégralité du dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :
– L’enthousiasme politique n’est pas le même partout
– « Ça risque de devenir un symbole de mauvaise gouvernance »
– « 300 millions, c’est le coût d’un hôpital »

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