Traité-piège pour le PS et Ecolo

Attention, brûlant : le Pacte budgétaire européen met les partis de gauche en panique. Tenu à l’oeil par les syndicats, qui appellent à voter contre, le PS met la pression sur Ecolo. Et la direction des verts tient elle-même ses députés en laisse.

L’INTERVIEW DE PHILIPPE LAMBERTS EST À LIRE SUR WWW.LEVIF.BE

Les débats ont été houleux, le dimanche 3 mars, à Namur, lors du dernier Conseil de fédération d’Ecolo. A l’ordre du jour : le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de la zone euro (TSCG), mieux connu sous le nom de  » Pacte budgétaire « . Signé par les chefs d’Etat et de gouvernement en mars 2012, le texte est en cours de ratification dans les différents pays européens. Il sera bientôt soumis au vote des parlementaires belges. A ce stade, Ecolo n’a pas encore arrêté sa position, signe de la nature explosive du sujet.

Le TSCG est devenu un symbole, un point de fixation. Ce que lui reprochent les états-majors syndicaux et les milieux associatifs ? Le durcissement des règles de discipline budgétaire, qui condamne selon eux les Etats à adopter des mesures d’austérité antisociales.  » Nous vous demandons de ne pas donner votre assentiment à ce texte « , ont lancé Thierry Bodson (FGTB) et Marc Becker (CSC), dans un communiqué conjoint. Le secrétaire général de la CNE, Felipe Van Keirsbilck, a durci le ton :  » Les parlementaires qui voteront ce texte, ou simplement s’abstiendront, seront complices et coupables de haute trahison envers la démocratie.  »

Le Premier ministre Elio Di Rupo ? Coincé. Au sein de sa coalition, les libéraux comme le CD&V sont partisans d’une discipline budgétaire accrue. De plus, la Belgique a déjà signé le TSCG. Sa ratification par les différents parlements du pays ne correspond, en principe, qu’à une formalité. Ce qui place Ecolo dans une position délicate : au gouvernement en Wallonie et à Bruxelles, les verts ne peuvent se démarquer du texte sans s’attirer les foudres de leurs partenaires de majorité, PS et CDH. Sans attendre, certains élus écologistes ont pourtant clamé tout le mal qu’ils en pensaient. La sénatrice Zakia Khattabi a signé un  » Appel de féministes belges contre le Pacte budgétaire « . Philippe Defeyt, président du CPAS de Namur, a rédigé une carte blanche dans L’Echo, décrivant le traité comme  » au mieux inutile, au pire nuisible « .  » Laisser passer un truc pareil serait une erreur grave « , appuie le députée européen Philippe Lamberts (Ecolo), joint par Le Vif/L’Express.

Le PS n’a, évidemment, aucune intention de se laisser déborder sur sa gauche. Les éminences socialistes ont prévenu : les verts sont priés de voter comme un seul homme, quand le TSCG arrivera sur la table des parlements régionaux. Message reçu cinq sur cinq par la direction d’Ecolo. A un an des élections de 2014, celle-ci n’a ni les moyens ni l’envie de déclarer la guerre au plus grand parti francophone.

Jean-Marc Nollet, Emily Hoyos et les autres généraux Ecolo ont donc échafaudé un plan astucieux. Leurs troupes voteront  » non  » au fédéral, mais  » oui  » au parlement wallon. La justification de ce tour de passe-passe : des  » garanties  » sociales et environnementales seront intégrées dans le décret transposant les règles européennes en droit wallon. De nombreux observateurs s’interrogent sur la portée réelle de ces balises, qui ne lieront pas le fédéral. Mais la démarche a au moins une vertu : attester de la bonne volonté du gouvernement wallon, soucieux de ne pas se soumettre aveuglément au carcan budgétaire européen. Quant aux modalités précises, elles restent à définir. Le 4 mars, une réunion s’est tenue au Lambermont, la résidence du Premier ministre, en présence des présidents de parti de l’Olivier, ainsi que du ministre-président wallon et de ses vice-présidents. D’autres sont à venir.

FRANÇOIS BRABANT

FRANÇOIS BRABANT

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