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Elections départementales en France : La gauche au pouvoir menacée de déroute

Face à une droite rassemblée et à une extrême droite qui s’enracine, le Parti socialiste au pouvoir en France s’attend dimanche à une défaite lors d’un scrutin local, qui pourrait être historique et de mauvaise augure à deux ans de la présidentielle de 2017.

Brièvement mise entre parenthèses mardi après la tragédie du crash de l’A320 de Germanwings dans les Alpes françaises, la campagne s’est achevée sur un appel à la mobilisation des électeurs.

Sur les 40 millions de Français en âge de voter, seul un sur deux s’était déplacé il y a une semaine pour le premier tour de ce scrutin, des élections départementales.

La gauche, menacée de perdre la moitié des 61 départements qu’elle administre, espère un sursaut de dernière minute de son électorat. « Résistance, résistance, résistance face au parti d’extrême droite ! », a lancé vendredi soir le Premier ministre Manuel Valls, qui a multiplié les meetings ces dernières semaines afin de mobiliser ses troupes et de faire barrage au Front national (FN).

Ce parti, qui a obtenu un quart des voix au premier tour, constitue « un danger mortel » et « peut gagner l’élection présidentielle », a dramatisé M. Valls. Cet enracinement de l’extrême droite dans le paysage politique français, longtemps caractérisé par un affrontement droite-gauche, a confirmé que le pays était entré dans le tripartisme, un phénomène « durable », selon le politologue Pierre Martin. « De plus en plus polarisé sur l’immigration et l’insécurité, sur le sentiment de déclin économique de la France », l’électorat « considère que les partis installés ont échoué et ne sont plus crédibles », ajoute cet expert cité samedi par le quotidien Le Parisien.

Au premier tour, la gauche s’est montrée désunie, l’extrême gauche et les écologistes refusant de soutenir un gouvernement socialiste à la politique jugée trop libérale. Cet éparpillement a profité à l’opposition de droite: l’UMP de l’ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012), allié au parti de centre-droit UDI, a nettement dominé le premier tour, avec 28,75% des voix contre 21,47% au Parti socialiste.

« Pour le deuxième tour, la priorité est de s’unir », soulignait en fin de semaine l’entourage du président François Hollande, qui espère qu’un bon report des voix de la gauche de la gauche sur les candidats socialistes permettra d’endiguer « la vague » du parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen.

Le FN a pour la première fois la possibilité de l’emporter dans plusieurs départements, notamment dans le Vaucluse (sud), où s’est implantée Marion Maréchal-Le Pen, nièce de la présidente du FN et étoile montante du parti. L’extrême droite pourrait par ailleurs s’imposer dans l’Aisne et le Pas-de-Calais, dans le nord de la France.

Toute la semaine, Manuel Valls a fustigé le refus de Nicolas Sarkozy de soutenir les candidats socialistes dans les duels FN-PS du second tour. Dénonçant « un chèque en blanc donné au Front national », le Premier ministre a appelé au rassemblement « des républicains ». Très engagé dans la campagne, Manuel Valls devrait rester à son poste quelle que soit l’issue du vote, mais un remaniement gouvernemental pourrait intervenir début avril, avec le retour dans l’exécutif de ministres écologistes.

La période est délicate pour le président Hollande, toujours très impopulaire alors que l’économie française semble encalminée et que le chômage reste à des niveaux record. Inquiet, un proche du président anticipe « une amplification » ce dimanche du revers du premier tour. A deux ans de la présidentielle, François Hollande est « dos au mur ». « A la tête d’une majorité très affaiblie et éclatée, il est sans marge de manoeuvre pour de nouvelles réformes: tout le monde (à l’Elysée) a peur de son élimination dès le premier tour (de la présidentielle) en 2017 », ajoute ce proche.

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