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Comment le Net enrôle de jeunes Belges en Syrie

Le nombre d’Européens partis au front syrien augmente. Normal : grâce au Net, le candidat au combat trouve facilement réponse à toutes ses questions. Et les trucs et ficelles pour s’engager. La preuve : nous l’avons expérimenté. Voici comment le recrutement s’opère depuis la Belgique et la France, par réseaux sociaux interposés.

Il suffit d’un profil Facebook. Et de se faire accepter comme ami par différents djihadistes européens. Si on parle arabe, c’est encore plus simple. Nous l’avons expérimenté, depuis la Belgique : les combattants en Syrie ne se cachent pas et acceptent volontiers les « invitations d’amitié ». Là-bas, leurs dirigeants leur offrent la connexion internet et les incitent à appeler tous les musulmans à rejoindre le Jihad, qu’ils considèrent comme une obligation. « Ici on aime bien les Belges et les Français. Donc si on peut aider des futurs muhajireens (immigrants), on a carte blanche », explique un combattant français de Hraytan (au nord d’Alep) sur sa page. Un autre parade : « Si nous avons tant de moyens, pourquoi devrions-nous nous en priver ? Nos photos ont motivé plusieurs frères qui n’envisageaient pas forcément de venir ici. »

Une fois le contact établi, les jeunes enrôlés s’exhibent sur leur mur Facebook, étalant leur vie, sourire aux lèvres et arme à la main. Un peu comme n’importe quel autre utilisateur du réseau social géant qui publierait des photos de ses vacances.

En quelques semaines, on accumule, doucement mais sûrement, les amis. Et on découvre que les djihadistes sont en fait très présents sur le réseau, et qu’ils ne subissent que peu la censure. Une amitié menant à une autre, on se fait accepter par des dizaines de combattants. Ce qui permet de constater que de nombreux internautes expriment sur leurs « murs » une vénération pour les « soldats d’Allah », à qui ils souhaitent la victoire ou le martyr. Pour eux, les combattants n’ont rien à perdre : soit ils gagnent face à l’ennemi, soit ils meurent et trouvent leur place « auprès de Dieu ».

Sur le réseau social, le drapeau noir et blanc du Tawhid (unicité de Dieu), symbole des salafistes, foisonne comme la plus virale des vidéos YouTube. Les sourates aussi, publiées en masse par les djihadistes, qui passent de la beauté et la dignité de l’Islam à des prières beaucoup plus triviales : « Qu’Allah m’accorde de vivre assez longtemps pour que je puisse égorger un soldat français ou américain et jouer au foot avec son crâne », demande ainsi, sur son compte, un des combattants français que nous suivons sur le Net, masqués. On découvre aussi des images atroces, notamment celles montrant des scènes de décapitation, des images qui ont un succès troublant sur les réseaux sociaux.

Une fois la confiance installée avec ces jeunes partis au front, on trouve la réponse à toutes les questions. Combien coûte le voyage jusqu’en Syrie ? La vie des combattants n’est-elle pas trop dure ? Où logent-ils ? Que mangent-ils ? Quel armement ? Quel entraînement ? Quelle langue parler ? Quelle faction rejoindre ? Comment s’intégrer ? Quels risques ? Quel retour au pays possible ? Les réponses dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

Warda Salame

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