» Sexo « , quoi ?

En Belgique, tout le monde et, donc, n’importe qui peut se prétendre sexologue. En revanche, la toute nouvelle formation en sexologie qui débutera cet automne ne sera pas ouverte à tous

(1) Formation postuniversitaire de 18 mois, en horaires décalés, avec la collaboration d’enseignants de l’UCL, de l’ULB, de l’ULg, de Canadiens, de Suisses et de Français (www.iefs.ucl. ac.be/fc/sexologie-clinique).

Le Vif/L’Express : Pourquoi avez-vous décidé de créer un certificat universitaire en sexologie clinique, essentiellement destiné aux médecins et aux psychologues (1) ?

Armand Lequeux (président de l’Institut d’études de la famille et de la sexualité de l’UCL) : Peut-être… parce que, du point de vue de ces derniers, on considère encore trop généralement que la prise en charge des problèmes sexuels va de soi. Ce qui n’est pas le cas ! La formation de base des psys et des médecins ne suffit évidemment pas à en faire des sexothérapeutes.

En tout cas, on s’aperçoit que certaines personnes ont suivi une psychothérapie ou une psychanalyse pendant des années sans avoir jamais vraiment parlé de leur sexualité. De même, des gynécologues, des urologues, des oncologues, des cardiologues, etc., n’évoquent pas cette problématique avec leurs patients. Pourtant, ces derniers risquent fréquemment d’être confrontés à des difficultés d’ordre sexuel. Si on ajoute à cela le fait que les patients n’osent pas toujours exprimer leurs demandes…

Actuellement, lorsqu’on se rend chez un sexologue, risque-t-on de se trouver face à une personne mal formée ou même incompétente ?

Aucune législation n’interdit de s’installer comme thérapeute sexologue : ce titre n’est pas reconnu ni protégé. Je le déplore.

Les sexologues actuels ont généralement suivi des formations privées. La plupart sont sérieuses mais toutes ne font pas l’unanimité. Il existe néanmoins une Société des sexologues universitaires de Belgique à laquelle n’appartiennent que des personnes qui ont pu prouver le sérieux de leur formation (la liste de ses membres est consultable sur www.ssub.be ).

Vous dites qu’on rencontre encore beaucoup de misère sexuelle. Vraiment ?

La misère sexuelle ne se limite pas à une capacité sexuelle insuffisante. Il y a les difficultés organiques et psychiques, mais aussi relationnelles. On constate beaucoup d’insécurité et de souffrance dans la vie sexuelle de nos contemporains. Les troubles du désir, du plaisir, de l’harmonisation sexuelle sont fréquents. Le handicap, la chirurgie, la vieillesse, la maladie s’y ajoutent. Et puis, il y a cette injustice grandissante entre hommes et femmes : depuis qu’il existe une molécule pour répondre aux problèmes de dysfonction sexuelle des hommes, les médecins s’y intéressent enfin. En revanche, pour les femmes, sur le plan médical, il n’y a pas grand-chose à proposer. Dès lors, on n’a pas forcément envie d’entendre leurs plaintes…

Entretien : Pascale Gruber

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