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Louis Michel :  » Redevenir ministre ? Je n’ai pas fait une croix « 

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

 » J’ai la mentalité et l’énergie de quelqu’un de quarante ans « , déclare l’ancien patron des libéraux. Pourrait-il redevenir ministre ?  » Je n’exclus rien « , dit-il. Une décennie après son départ vers des horizons européens.

Le Vif/L’Express : Mettre fin à un quart de siècle de socialisme au pouvoir, c’est un objectif ?

Louis Michel : La première victime d’un quart de siècle au pouvoir, c’est le socialisme. Un parti a parfois besoin de se ressourcer, et on ne peut pas se ressourcer quand on est le nez dans les gouvernements. On finit par ne plus avoir qu’une obsession, c’est de rester au pouvoir, et ça devient le pouvoir pour le pouvoir…

Pourriez-vous accepter une hausse de la fiscalité sur le capital, si cela permet de diminuer les impôts sur le travail ?

Cela doit se débattre. Je ne vais pas d’emblée dire des choses comme ça. Le problème avec les socialistes, c’est qu’une fois que ça commence, on sait bien que ça ne s’arrêtera plus ! Taxer, c’est la solution de la facilité. Qu’on gère d’abord correctement le domaine public ! Je me rappelle qu’un certain ministre wallon des Affaires intérieures a essayé de mettre de l’ordre dans les intercommunales, il s’est heurté à un rejet ca-té-go-rique.

Quel ministre ?

Charles Michel. Et il s’est attiré les foudres des socialistes. Immédiatement !

Certains affirment que cela a pesé dans le choix du PS de rejeter le MR dans l’opposition, en 2004 ?

C’est vrai que chez les socialistes, c’est un point sensible. D’ailleurs, vous remarquerez que chez eux, les choses sensibles, ce sont toujours celles qui touchent au pouvoir. Et les intercommunales, c’est un pouvoir. On dénonce la mainmise de Berlusconi sur la presse en Italie, mais l’affaire Tecteo, c’est de la même veine. Qu’avec de l’argent public, on mette la main sur un organe de presse… Je ne sais pas si on imagine… Sur ce sujet-là, nous sommes proches d’Ecolo, nous ne sommes pas tentés par une occupation partisane des rouages de l’Etat. Rationaliser les intercommunales, avec Ecolo, ce serait plus facile.

La N-VA et l’Open-VLD veulent limiter dans le temps les allocations de chômage…

Je n’y suis pas favorable. Je ne pense pas que limiter le chômage dans le temps va régler quoi que ce soit. Cela va juste faire plaisir à quelques archéo-conservateurs un peu courts. S’il peut y avoir des gens qui conçoivent le chômage comme une sorte de destin personnel, cela reste à mon avis assez marginal. Et donc, il ne faudrait pas que les victimes du non-emploi payent pour une poignée de profiteurs. Surtout dans un contexte où le chômage est élevé et où beaucoup de chômeurs sont de vrais chômeurs.

Faut-il porter l’âge légal de la retraite à 67 ans ?

Ce serait normal. La durée de vie augmente, c’est difficile de continuer comme maintenant… Je pense aussi qu’il faudrait favoriser davantage les pensions complémentaires. Dans notre système de retraites, la répartition est un peu trop élevée par rapport à la capitalisation.

Serez-vous candidat à la Région, à la Chambre, à l’Europe ?

Je ne sais pas. J’irai là où le parti estime que je serai le plus utile.
Avez-vous fait une croix définitive sur l’idée de redevenir ministre ?
Non, pas définitive. Il ne faut jamais dire non, tout ça dépend du contexte. Au stade où je suis, la seule chose qui compte pour moi, c’est simplement d’être utile, et aussi d’avoir une vie de meilleure qualité que celle que j’ai eue. J’ai la mentalité et l’énergie de quelqu’un de quarante ans. Mais ma carrière, jusqu’ici, ça été le stress d’aller au front tous les jours.

Par rapport à la N-VA, n’y a-t-il pas deux sensibilités au MR ?

(Il s’énerve.) Pourquoi dites-vous ça ?

A l’égard de la N-VA, Charles Michel use d’un vocabulaire plus agressif que Didier Reynders.

Je ne sais pas… Je ne vois pas tellement de différences… Le discours de la N-VA, ce n’est pas du tout le nôtre, ni sur le plan institutionnel, ni sur le plan du projet socio-économique, ni sur le plan, je dirais, de la morale politique. Le MR pense que dans une économie de marché, il faut que l’Etat ait les moyens de ses fonctions régaliennes, les moyens d’une redistribution équitable de la richesse. C’est une grande différence.

Vous êtes plus social, moins « à droite toute » que la N-VA ?

Je suis à droite. Mais la N-VA, elle est dans une droite radicale très conservatrice. Au Parlement européen, je rencontre des tas de gens qui sont de parfaits modèles mentaux de la pensée N-VA. J’en vois en Pologne, en Hongrie… Ils utilisent le repli sur soi comme un argument de campagne permanent.

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