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Jacques Delors met en garde contre l’Europe « Père Fouettard »

Le Vif

Les citoyens de l’UE voient l’Europe comme un « Père Fouettard » et perdent l’espoir, met en garde l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors dans la préface d’un essai publié à moins d’un an des élections européennes.

« Qu’avons-nous fait de l’Europe? » demande son auteur, le journaliste Sébastien Maillard, correspondant à Bruxelles du quotidien français La Croix. Le tableau brossé sous la forme de plusieurs lettres ouvertes à Robert Schuman, un des pères fondateur de la construction européenne décédé il y a 50 ans, est très sombre.

« La situation actuelle représente un risque pour la démocratie », s’inquiète Jacques Delors. « Les peuples souffrent trop et commencent à s’inquiéter, y compris dans les économies les plus solides. Ils veulent voir des gestes concrets de la part de l’Europe », souligne-t-il.

« J’ai peur qu’ils se disent, dans le fond, l’Union européenne c’est le Père Fouettard qui est là pour nous sanctionner, nous donner des amendes, nous contraindre. Mais où est l’espoir? Il y a des mouvements anti-européens et populistes, mais aussi des mouvements initiés par des citoyens qui n’en peuvent plus », met en garde l’ancien président de la Commission (1985-1994).

« Le fonctionnement de l’Europe manque de pédagogie et de simplicité », lance-t-il à l’adresse des dirigeants des institutions et des Etats membres de l’UE. « Quand les citoyens ne comprennent pas comment marche le système et qu’en plus ils souffrent, ils s’énervent et descendent dans la rue ».

« Quand l’idéologie financière triomphe et exalte les vertus du seul marché, elle justifie aussi le chacun pour soi. Et cette évolution n’est pas aussi sans atteindre la vitalité de la démocratie et l’engouement pour les aventures collectives telles que la construction européenne », insiste-t-il.

« Une vision du monde, c’est ce qui fait le plus défaut à nos dirigeants. Si nous continuons ainsi, nous ne pourrons pas éviter le déclin et ce déclin ne sera pas agréable pour les générations futures », poursuit Jacques Delors, 88 ans.

Il se dit pourtant convaincu que l’Europe peut sortir de cette crise, qu’il considère comme la plus grave de son histoire depuis la Seconde guerre mondiale. « Ce qu’il nous faut, ce sont deux ou trois dirigeants qui empoignent leur bâton de pèlerin pour tenter de faire renaitre le bon vieil esprit » des pères fondateurs.

Le message est lancé quelques jours avant les élections législatives en Allemagne et à quelques mois des Européennes de mai 2014.

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