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Polémique autour d’une circulaire pro-IVG envoyée dans les écoles

La Direction générale de l’enseignement a envoyé à toutes les écoles secondaires une circulaire intitulée « 20 ans de droit à l’avortement », renvoyant à un dossier réalisé par le Centre d’Action Laïque (CAL). Une entorse au Pacte scolaire qui interdit toute propagande dans les écoles?

Une circulaire intitulée « 20 ans de droit à l’avortement » a été envoyée le 9 février par la Direction générale de l’enseignement à tous les directeurs et tous les pouvoirs organisateurs des établissements secondaires. L’initiative crée la polémique car elle irait à l’encontre du Pacte scolaire qui interdit toute activité et propagande dans les écoles, relate mercredi Le Soir.

La circulaire renvoie à un dossier pédagogique et à un documentaire produits par le Centre d’action laïque (CAL), avec l’appui des centres de planning et du Groupement des centres extra hospitaliers pratiquant des avortements (Gacehpa). Elle donne aussi un numéro de téléphone et une référence internet pour obtenir gratuitement des supports pour « sensibiliser les jeunes sur les aspects médicaux et pratiques de l’avortement en Belgique ».

« Sur le fond, il s’agit d’une publicité masquée et directe en faveur du CAL, organe représentatif de la laïcité belge et de son idéologie », note un observateur.

Selon Le Soir, la circulaire n’a pas encore été examinée par la commission chargée de veiller au respect de l’article du Pacte scolaire sur l’interdiction de toute activité et propagande politique ainsi que toute activité commerciale dans les écoles. « Il ne s’agit en rien d’une action de propagande! », réagit Lise-Anne Hanse, directrice générale de l’enseignement obligatoire, signataire de la circulaire. « Il appartient aux chefs d’établissements et aux enseignants en tant que ‘passeurs de pouvoir’, et dans le respect de la philosophie du décret-mission, d’aider les élèves à devenir de véritables citoyens. Ces supports pédagogiques servent de base. »

La circulaire « pose problème », selon Simonet

La circulaire « pose problème », en ce qu’elle « ne propose qu’une grille de lecture partielle », selon la ministre de l’enseignement obligatoire, Marie-Dominique Simonet, qui rappelle aussi que l’administration a le devoir de veiller au respect de la neutralité.

Dans un communiqué, la ministre rappelle qu’elle souhaite que l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) soit renforcée dans les écoles.

Elle est toutefois d’avis que la circulaire pose problème, car elle ne « propose qu’une grille de lecture partielle et élude la complexité de la question des grossesses non désirées, qui recouvre d’autres dimensions que les seuls aspects médicaux et pratiques ».

« Lorsque l’on s’adresse à un public d’adolescents, il est primordial de ne pas se limiter à une transmission d’information, mais plutôt de mener une vraie démarche éducative en contextualisant l’ensemble d’une problématique sous ses différents aspects. S’il relève de la liberté de chacun de construire des outils de sensibilisation – en l’occurrence un dossier pédagogique du CAL -, l’administration a le devoir de veiller au respect de la neutralité », dit encore la ministre.

Mettre un terme au cafouillage de l’administration

Pour Françoise Bertieaux, chef de groupe MR au parlement de la Communauté française, il est « grand temps que la ministre de l’enseignement mette un terme au cafouillage des circulaires dans son administration ».

Mme Bertieaux se dit « interpelée » par l’envoi de cette circulaire parce que celle-ci « contient de nombreux éléments qui vont à l’encontre du Pacte scolaire qui interdit toute propagande au sein des établissements scolaires ».

« Si l’on accepte ceci, c’est la porte ouverte à toutes les dérives. Demain ce seront les églises ou les mosquées qui enverront leurs brochures. C’est un sujet extrêmement sensible et je pense qu’il est grand temps que la ministre mette un terme au cafouillage. En un mois, les incidents se succèdent. Il y a peu, c’était l’envoi d’une circulaire ayant rapport à un décret Inscriptions, alors que le texte à examiner n’était pas encore déposé au Parlement », dit la chef de groupe.

« Les directeurs d’école croulent littéralement sous les circulaires et en réduire le volume consisterait à améliorer la bonne gouvernance au sein de notre système d’éducation. Mais depuis un mois, c’est le désordre total », conclut-elle.

LeVif.be, avec Belga

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