Love story

Trente-cinq ans après la séparation du groupe, un album inédit, Love, arrive dans les bacs. Un son neuf pour 26 chansons mythiques. Un coup marketing ? Non

Les quatre garçons dans le vent reviennent souffler dans les haut-parleurs. Trente-cinq ans après leur séparation, et alors que deux d’entre eux ne sont plus de ce monde. Oui, c’est un nouvel album des Beatles, Love, et magnifique s’il vous plaît, qui sort du fin fond des studios d’Abbey Road par la grâce conjointe de la volonté humaine et des performances technologiques.

A l’origine du CD, une recréation scénique, il y a trois ans, de l’univers beatelien et de son répertoire fomentée par le Cirque du Soleil québécois pour l’hôtel Mirage de Las Vegas. Le directeur artistique du show n’est autre que Giles Martin, fils de sir George Martin, producteur et arrangeur mythique des Fab Four. Tout en travaillant au montage du spectacle, les Martin se mettent à imaginer un projet insensé : remixer, à partir des enregistrements originaux et avec les moyens d’aujourd’hui, les plus beaux titres du catalogue. Ils soumettent évidemment l’idée à Paul McCartney et à Ringo Starr, qui, séduits, y associent aussitôt Olivia Harrison et Yoko Ono, les veuves de George et de John Lennon.  » Il n’y a rien de sacrilège dans cette démarche, commente, pour Le Vif/L’Express, Yoko Ono. A ceux qui pourraient être choqués, je réponds : Let It Be ! John aurait aujourd’hui 66 ans et je sais qu’il serait fier de ce disque.  »

Petit précis d’histoire et de technologie. Dans les années 1960, les enregistrements étaient réalisés sur quatre ou huit pistes, qui captaient les sons à la volée et les mêlaient dans un joyeux brouhaha – c’est une litote. Reprenant les morceaux un à un, les Martin père et fils vont passer des heures à les  » démêler  » puis à numériser chaque partie avant de les  » recoller  » patiemment. Le tout enregistré en 5.1, pour les accros de la modernité, ou en stéréo classique, pour des oreilles qui s’en porteront quand même très bien.

 » Le travail a consisté à isoler tous les éléments les uns des autres, explique Jérôme Soligny, qui a suivi le projet, pour la maison de disques EMI. Résultat : chaque instrument, chaque voix, chaque note ressort, détaché des autres.  » Cela donne un magnifique Because entonné a cappella ; des violons prenant une ampleur inattendue dans l’ouverture d’Eleanor Rigby ; la voix de John Lennon et les cordes d’une guitare sèche clairement audibles sur Strawberry Fields ; la voix, encore, de George Harrison apparaissant dans un noble dépouillement sur While My Guitar Gently Weeps.  » Le résultat m’a autant émue que désorientée, raconte Olivia Harrison. Tout en reconnaissant d’emblée les ambiances des Beatles, j’entendais, pour la première fois, des sons qui, dans leurs disques, étaient restés dans l’ombre : solos de guitare, lignes de chant, notes d’instruments particuliers, comme le sitar ou les maracas. J’ai réalisé à quel point les Beatles avaient été novateurs et avaient tout expérimenté, de la musique électronique à la world. On découvre là des avant-gardistes géniaux.  » En 26 chansons et soixante-dix-huit minutes de plaisir. l

Pascal Dupont, avec Paola Genone

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