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Comment apprendre aux enfants à devenir des consommateurs responsables

Consommer moins en impliquant les enfants dans les efforts d’économie, c’est tout bénéfice pour le porte-monnaie familial, mais cela apprend aussi à nos rejetons à devenir des consommateurs responsables. L’occasion en outre de retrouver des joies simples… et gratuites en famille !

Il est mal vu d’être près de ses sous. Ce souci d’économie est encore plus mal considéré quand il s’exerce à l’égard des enfants. Marieke Henselmans, une journaliste néerlandaise, conférencière et auteur, a fait des économies sa spécialité. Elle estime que nous devons nous défaire de cette pression sociale. Quoi que vous fassiez en tant que parent, vous ferez toujours l’objet de critiques… Faites donc comme bon vous semble !

On entend souvent dire que les enfants coûtent cher. Pourtant, Marieke Henselmans connaît des parents isolés qui s’en sortent avec un revenu modeste, parce qu’ils se rendent compte que les choses les plus amusantes sont souvent gratuites et que les biens matériels ne font jamais le poids contre l’amour et l’attention. Elle s’est vue confirmer avec la crise économique, qui a favorisé une économie du partage, de l’échange et du prêt qui ouvre des perspectives pour les parents économes.

Les petits ruisseaux…

Faire des économies dans la sphère familiale reste un point sensible, car les parents ressentent souvent de la culpabilité vis-à-vis de leurs enfants. Ainsi, selon un « trendwatcher », les trentenaires portent de moins en moins de vêtements de marque, alors qu’ils en achètent pour leurs rejetons. Les stylistes jouent sur cette tendance en lançant sur le marché des robes pour fillettes aux prix exorbitants ! Par ce genre d’achats coûteux, certains parents, fort occupés par leur travail, veulent montrer qu’ils veulent le meilleur pour leurs enfants. Marieke Henselmans plaide pour un total revirement de pensée. « On pourrait par exemple se demander si nous avons contracté tellement d’engagements financiers que nous ne pouvons pas nous permettre de moins travailler ? Il faut examiner les frais résultant du fait que nous passions tant de temps à travailler ! Il faut sortir de ce cercle vicieux. » Par exemple, les plats préparés par manque de temps pour cuisiner sont très chers ; les garderies, crèches et autres gardiennes ; les stages de vacances ; les aides ménagères…

Selon un préjugé tenace, les petites économies ne serviraient à rien. « Rien n’est moins vrai, écrit la journaliste. Les petites économies qui, à première vue, semblent futiles s’avèrent à terme très efficaces. » Car ces petits trucs et astuces sont nombreux et… quotidiens. Un exemple concret : remplacer la canette de limonade par un thermos rempli d’une infusion aux fruits.

S’amuser avec rien….

En tant que Néerlandaise, où l’enfant-roi est plus présent que chez nous, elle veut insister sur la nécessité d’imposer des limites aux enfants. Gâter honteusement un enfant ne mène nulle part. « Je sais qu’il y a des enfants qui ont été partout, qui ont visité tous les parcs récréatifs, qui possèdent les vêtements les plus chers, qui n’aiment pas les tartines au fromage. Avec quoi réussira-t-on encore à les contenter ? »

Comme l’a résumé la maman de Marieke Henselmans : les enfants s’amusent avec rien. Une boîte en carton fait facilement l’affaire : on peut la transformer en maison, en voiture ou en bateau par exemple. Et quel plaisir que de construire une cabane ! En tant que parent, essayez de ne pas trop vous mêler du jeu, sous prétexte d’offrir de l’attention et du temps à votre enfant, prévient l’auteur. Elle a déjà expérimenté les dangers de la surcompensation. « Il m’est arrivé une fois, énervée par tout ce que je devais encore faire, de voir les enfants construire une cabane. Je trouvais leur construction si minable que je suis intervenue : ‘Ces tissus sont bien trop petits, allez chercher plus de pinces à linge !’, ce qui a donné une belle construction en cinq minutes. Un quart d’heure plus tard, l’aîné est rentré, en sondant prudemment mon humeur : ‘Maman, ne te fâche pas, mais ce n’est pas une cabane comme cela que nous voulions.’ Je ne les ai aidés en rien, j’ai gâché leur jeu ! »

Lire à la lumière d’un réverbère

D’après l’auteur, on serait surpris par la bonne volonté des enfants en matière de lutte anti-gaspi. Elle donne l’exemple d’une maman qui, suite à un divorce, avait demandé à ses enfants de l’aider à réduire la consommation d’électricité. Un soir, elle a surpris sa fille dans sa chambre obscure, les tentures ouvertes, en train de lire à la lumière d’un réverbère. « Maman, cela marche très bien et nous pouvons ainsi économiser pas mal d’argent », avait dit sa fille avec fierté.

Les parents qui ont des soucis financiers ont tendance à éviter d’en parler aux enfants. Ils oublient que les enfants sentent les problèmes. Ces derniers sont soulagés lorsqu’on leur donne l’occasion de réfléchir à des solutions. Quand il y a des problèmes financiers, mieux vaut donc faire preuve d’ouverture et d’honnêteté.

Chacun ses priorités

Impliquer les enfants plus étroitement dans les finances présente un avantage : on leur apprend à gérer l’argent. Marieke Henselmans n’est pas étonnée d’apprendre que, selon une étude, les jeunes qui travaillent ne gèrent pas bien leur argent. C’est la conséquence logique de notre réticence à parler d’argent. Le message de l’auteur est dès lors le suivant : parlez d’argent avec vos enfants, stimulez-les à épargner et discutez avec eux des raisons qui les poussent à épargner et des buts qu’ils espèrent atteindre.

Il n’existe pas de catéchisme de l’économie. Chacun établit différemment ses priorités financières. Certaines personnes se montrent parcimonieuses en faisant leurs courses, parce qu’elles espèrent partir en voyage à l’étranger en été. D’autres dépensent un peu plus pour manger bio, mais achètent leurs vêtements dans un magasin de seconde main. À chaque conférence, Marieke Henselmans donne le même conseil : analysez votre comportement de consommateur et déterminez les points que vous voulez changer. « Rien ne vous empêche de tester l’un ou l’autre petit truc, en toute liberté évidemment. »

Il ne nous a jamais rien manqué

Lors de la sortie de la première version de son livre, les fils de Marieke Henselmans étaient encore de petits garçons ; aujourd’hui les trois enfants volent de leurs propres ailes. Que pensent-ils de leur éducation sous le signe de l’économie ? Ils reconnaissent tous trois qu’ils ont appris à se débrouiller avec moins d’argent, et qu’ils profitent de ce fait plus facilement des petits bonheurs de la vie. Même si, enfants, ils ont parfois été jaloux des amis qui recevaient des friandises, des chips et des boissons rafraîchissantes.

L’aîné, qui a maintenant 28 ans, ajoute : « Bien que nous ayons été élevés dans la sobriété, maman n’a jamais lésiné sur les choses qui étaient importantes pour nous. Ainsi, dès qu’elle a compris que le skate était mon sport favori, les skates de seconde main ont été remplacés par des meilleurs, plus chers. Aujourd’hui, en étant bien conscient de ce que je gagne et des dépenses prévues, je peux m’offrir tout ce qui est important pour moi, qu’il s’agisse de nouveaux skates, d’une caméra numérique ou de la maison que j’ai achetée à l’âge de 23 ans. Grâce à cette bonne planification, je n’ai jamais le sentiment d’avoir trop peu d’argent.  »

Par Peter Van Dyck

Les étapes du plan d’économie

1. Réunir toute la famille pour expliquer ce que l’on veut atteindre.

2. Consigner pendant une semaine toutes les dépenses et les analyser ensuite avec les enfants. Quelles économies peut-on faire ? Acheter moins de boissons ? Réduire la consommation d’énergie ?

3. Comptabiliser toutes les économies. On obtient ainsi le Chiffre d’économies familiales.

4. Rédiger un plan d’étalement des grosses dépenses, en mettant de côté chaque semaine pour atteindre le montant voulu.

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