H5N1 : un an de sursis

Rien, pas de trace de H5N1. Aucun des prélèvements effectués cet hiver en Afrique par le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) sur 3 550 oiseaux de 54 espèces différentes n’a révélé la présence du virus hautement pathogène de la grippe aviaire. Ces résultats partiels confirment les tests réalisés pendant trois ans en Chine sur plus de 13 000 oiseaux migrateurs. Le microbe n’avait été retrouvé que chez six volatiles de cet immense échantillon.

Ce résultat n’est pas pour autant rassurant. En effet, quelques oiseaux hivernant sur les rives du lac Tchad et du fleuve Niger étaient porteurs d’autres souches de l’influenza aviaire, comme le H5N2. Certes, ces virus sont moins dangereux que le H5N1. Mais leur présence prouve que les agents de la grippe résistent à des températures élevées, contrairement à ce que pensaient beaucoup de chercheurs.  » Le scénario selon lequel les oiseaux infectés dans les zones tempérées et boréales pourraient « se nettoyer » grâce aux fortes chaleurs de leur hivernage africain est battu en brèche « , prévient Renaud Lancelot, chercheur au département Elevage et médecine vétérinaire du Cirad.

Jusqu’à présent, le H5N1 n’a été retrouvé en Afrique que dans des élevages industriels. La première contamination a été constatée en février de cette année au Nigeria, dans une ferme qui venait d’importer de Chine des poussins d’un jour. Cinq pays africains sont désormais atteints. Le dernier en date étant le Burkina Faso. Le virus y est arrivé début mars, via trois pintades achetées à la frontière du Togo. La propagation de l’épizootie sur le continent noir pourrait devenir incontrôlable. Les poulets, qui constituent la nourriture de base des populations, sont omniprésents dans les campagnes. Les circuits commerciaux sont mal surveillés. Et les services vétérinaires nationaux apparaissent désarmés.

Un nouveau scénario se dessine donc. Les oiseaux migrateurs ayant séjourné cet hiver en Afrique reviennent ces jours-ci sur le continent européen indemnes (ou presque) de la grippe aviaire. Mais ils risquent de contracter le virus lors de leur prochaine migration (fin 2006), au contact d’animaux domestiques infectés. Et c’est peut-être au printemps 2007 que l’Europe accueillera vraiment un nombre conséquent d’oiseaux malades. Avec toutes les conséquences dramatiques que cela peut avoir pour ses propres élevages. l

Loïc Chauveau

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