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Anne Pingeot, la captive de Mitterrand

Le Vif

Une biographie non autorisée de celle qui fut la compagne de François Mitterrand. Cachée mais loin d’être effacée.

C’est la femme la plus mystérieuse de France. Contrairement à sa fille, Mazarine, pas un livre, jamais de photo, aucune interview. Près de vingt ans après la mort de François Mitterrand, il était temps qu’un biographe tente de percer le secret d’Anne Pingeot. C’est peu dire qu’il s’agit d’une biographie non autorisée. « Je vous ordonne de cesser immédiatement vos investigations ! » seront les seuls mots que le journaliste David Le Bailly obtiendra de son « sujet ».

Il nous raconte donc, éléments inédits à l’appui, les engagements pétainistes du grand-père d’Anne, industriel clermontois vivant à l’ombre de la famille Michelin, puis les études d’art de cette jeune fille austère portant jupe et ne se maquillant jamais. Sur les circonstances exactes de sa rencontre avec François Mitterrand, de vingt-sept ans son aîné, comme sur nombre d’autres épisodes, Le Bailly a tendance à écrire en style interrogatif, tant le mystère demeure. Il confirme néanmoins ce qu’Ariane Chemin et Géraldine Catalano avaient révélé dans Une famille au secret (Stock) : conservatrice dans de grands musées parisiens, Anne Pingeot influera directement sur la politique culturelle des deux septennats, en particulier l’ouverture du musée d’Orsay et le réaménagement du Louvre.

L’ouvrage de David Le Bailly a une grande qualité : il se lit d’une traite. Sa façon de se mettre lui-même en scène est plutôt efficace (même si le procédé peut aussi être parfois exaspérant). Il en ressort l’image d’une Anne Pingeot qui, loin d’être la petite souris grise du mitterrandisme à laquelle on l’a parfois réduite, apparaît comme une femme obstinée et même intrigante, jouant sur le non-dit de sa relation avec le président.

La Captive de Mitterrand, par David Le Bailly. Stock, 352 p.

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