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Série « A mort l’arbitre! » (3/4): « Une seule solution: toucher au portefeuille des joueurs »

En guise de troisième épisode de notre série sur l’arbitrage, Marcel Javaux s’exprime sur la situation de l’arbitrage après l’affaire Witsel-Wasilewski. Mais pour lui, il n’y a pas photo: il faut toucher les joueurs où ça leur fait mal: au portefeuille.

Marcel Javaux, ancien arbitre et consultant à la RTBF, est apprécié pour ses réflexions posées sur l’actualité footballistique. Nous lui avons demandé s’il pensait que le nombre d’agressions avait diminué depuis le tacle de Witsel sur Wasilewski.

« Malheureusement, rien n’a changé. Ou pas grand-chose. La grande chance du football belge, c’est qu’il n’y a plus eu d’accidents aussi catastrophiques. Je vois toujours autant de joueurs qui n’ont encore rien compris. Et je constate que le corps arbitral fait ce qu’il doit faire. Les instructions sont strictes et elles sont le plus souvent appliquées. Des cartes rouges tombent. Certains arbitres les donnent plus vite que d’autres, mais n’est-ce pas mieux que l’excès inverse? »

« Nous avons un très gros problème: le manque de sévérité des comités répressifs. Aussi longtemps qu’ils seront composés de représentants des clubs, ce sera le même bordel. Les loups ne se mangent pas entre eux. Il y a des sanctions complètement incompréhensibles. Hernan Losada a pris deux matches de suspension pour sa carte rouge au Germinal Beerschot alors que l’exclusion de Hans Cornelis au Standard a été jugée suffisante. Cela me dépasse totalement parce que le geste de Cornelis sur Steven Defour était aussi dangereux que celui de Losada, si pas plus. »

« Selon moi, la seule solution pour que les joueurs comprennent, c’est de toucher sérieusement à leur portefeuille. Au lieu de deux matches de suspension, on leur en colle six, en plus d’une amende de 2500 euros. Mais les comités répressifs ne vont jamais aussi loin. Karel Geraerts déclare publiquement qu’il a eu envie de foutre son poing dans la gueule d’un arbitre mais il ne prend que deux matches… avec sursis. En prenant des décisions pareilles, on pisse sur la tête des arbitres! Le coup de coude impuni de Benjamin Nicaise contre Gand me fait aussi bondir. En plus, c’est un habitué, un gars qui frappe les adversaires avec n’importe quelle partie de son corps. L’arbitre était à dix mètres de la phase mais dit qu’il n’a rien vu. Alors, il faut changer de métier. »

« Après l’incident Axel Witsel/Marcin Wasilewski, Benoît Thans avait avancé l’idée que Witsel soit suspendu jusqu’au retour sur le terrain de son adversaire. Ce n’est pas idiot. Mais c’est impossible à appliquer parce que la justice n’accepterait jamais une sanction pareille, au nom du droit au travail. »

A suivre:
Série « A mort l’arbitre! » (4/4): Platini et Collina, l’exemple européen pour un meilleur arbitrage

Déjà paru:
Série « A mort l’arbitre! » (1/4): « Que les coaches s’occupent de leur équipe! »
Série « A mort l’arbitre! » (2/4): « On ne peut pas se plaindre en Belgique »

Propos recueillis par Pierre Danvoye

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