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Série « A mort l’arbitre » (1/4): « Que les coaches s’occupent de leur équipe! »

Le 11 septembre 2010, quelque chose s’est passé dans le football belge: des coaches ont pété les plombs, des arbitres se sont faits insulter. A qui la faute? Quelles solutions? Enquête en quatre étapes. Aujourd’hui, l’avis du président de la Commission centrale des arbitres (CCA), Robert Jeurissen.

11 septembre 2010: le samedi d’un week-end noir pour notre arbitrage. Prises de bec, exclusions de joueurs et d’entraîneurs, dirigeants qui pètent les plombs, déclarations à l’emporte-pièce: tous les ingrédients qu’on aimerait que notre foot nous serve le moins souvent possible. A qui la faute? Qui respecte encore qui? Et quelles solutions pour demain? Voici une série sur l’arbitrage dans le foot belge.

Premier épisode avec Robert Jeurissen, le président de la Commission centrale des arbitres, à qui nous avons demandé quelles consignes avaient reçu les arbitres pendant l’été, et comment expliquer le manque d’uniformité dans les décisions du corps arbitral.

« Nous avons réuni les arbitres à Louvain pendant l’été et nous leur avons répété les instructions. Nous avons mis l’accent sur la lutte contre les coups de coude, les tacles, les réclamations de joueurs et les débordements des personnes qui sont sur les bancs: les entraîneurs, les kinés, les autres officiels. Nous avons bien rappelé aux arbitres ce que les coaches ont le droit de faire et ce qui leur est interdit. C’était important de taper sur ce clou car il y a eu beaucoup de problèmes la saison dernière. »

« Aujourd’hui, les entraîneurs se font à nouveau remarquer. On a vu récemment des comportements inacceptables. Que ce soit clair: nous n’avons rien contre les entraîneurs et la CCA n’a pas subitement décidé de lancer une chasse aux sorcières contre eux. Nous leur demandons simplement de se contenir. Ils ont déjà un privilège: on leur a accordé une zone technique devant leur banc, ils peuvent y circuler, rester debout pendant tout le match s’ils le souhaitent. Mais ils ne se contentent pas de ça, ils croient qu’ils ont aussi le droit de s’en prendre aux arbitres. »

« Dans un match de Ligue des Champions que j’ai regardé la semaine passée, un coach est resté les 90 minutes sur son banc, l’autre a marché dans sa zone technique mais n’a jamais cherché à en faire plus. Chez nous, il y en a qui ne peuvent s’en contenter. Nous demandons aux entraîneurs de s’occuper de leur équipe. Et la CCA s’occupera de la sienne. Les bons coaches ne se mêlent que du boulot de leurs joueurs, ils ne prennent jamais les arbitres comme cibles. »

« Pour ce qui est de l’uniformité des décisions, il faut accepter le principe que les arbitres sont des êtres humains. Avec leurs sensations, leurs perceptions, leur façon de réagir, leur personnalité. Nous visons toujours une uniformité à 100% mais nous savons que ça restera une utopie. On doit aussi se faire à l’idée que certains arbitres sont meilleurs que d’autres. S’il y en a un qui n’exclut pas le joueur qui a fait un tacle dangereux, nous nous posons une question essentielle: pouvait-il, techniquement, voir la faute? Il pouvait avoir la vue masquée ou être mal placé. Ce n’est pas acceptable. Mais c’est encore plus inacceptable s’il a vu le geste et n’a pas donné de carton ou s’est contenté d’un jaune. Un arbitre doit être courageux et prendre parfois des décisions impopulaires. Si tu manques de courage, tu dois chercher un autre hobby. La peur est le plus gros défaut qu’un arbitre peut avoir. »

A suivre:
Série « A mort l’arbitre! » 2/4: « On ne peut pas se plaindre en Belgique »
Série « A mort l’arbitre! » 3/4: « Une seule solution: toucher au portefeuille des joueurs »
Série « A mort l’arbitre! » 4/4: Platini et Collina, l’exemple européen pour un meilleur arbitrage

Propos recueillis par Pierre Danvoye

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