Roberto Carlos défie la science

Roberto Carlos ? Un lourd léger. Un fluide qui a de la masse. Un joueur de mandoline qui devenait le temps d’un contretemps et d’une grosse frappe, un joueur de percussion. Genre grosse caisse qui donne le rythme à l’orchestre.

Par Frédéric Waseige

Un artiste qui se faisait roady quand il le fallait. Un talentueux parfois besogneux. Un type qui a joué toute sa vie et qui finit rattrapé par la mondialisation malsaine. Un type qui a fait rêver et puis qui s’offre l’argent d’un type qui s’offre des rêves. Une sorte de prototype d’un type pro mais pas trop. Pas toujours. Et qui finit dans le nouveau cimetière des éléphants. Dignité en moins.

Roberto Carlos vient d’annoncer qu’il arrêtait le foot. Tout du moins d’y jouer. Il va devenir conseiller du président Suleyman Kerimov. L’oligarque milliardaire russe bien connu chez nous et qui nous aime. Il a profité du surréalisme à la belge. Gravement brûlé du côté de Nice, il est rapatrié par un avion de la Défense nationale belge. Soigné chez nous, il fera un don d’un million d’euros à l’ASBL Pinocchio… tout un symbole. Parenthèse diplomatico-démoniaque fermée. Il est maintenant président du FK Anzhi Makhatchkala. Le club où Roberto a décidé de clôturer un parcours jusque-là enchanté.

Un parcours commencé il y a 22 saisons mais surtout 38 ans plus tôt. L’enfance est difficile. Né dans l’Etat de Sao Paulo, il passe son temps à aider ses parents dans les travaux de la ferme. Il a huit ans quand sa famille se rapproche de la ville, et lui de son destin. Il découvre le foot et le foot le découvre. A 14 ans, il joue déjà en équipe première. Avec le petit club de União São João mais ça suffit pour se faire remarquer. Il devient international chez les jeunes et rejoint Palmeiras. Pas longtemps. L’Inter l’a déjà repéré.

Mais découvrir l’Europe au pays où on apprend aux attaquants à défendre, y a mieux pour un défenseur brésilien. Roberto débute, pourtant, par un but sur… coup franc. Il signe déjà son entrée sur le Vieux Continent. Mais c’est au Real Madrid qu’il va écrire son histoire. Dans un club obligé de jouer vers l’avant. Roberto a bien fait de ne pas retourner au pays après l’Inter : avec le Real, il gagne tout. Même la nationalité espagnole.

527 matches dans la lumière avant de glisser peu à peu vers la pénombre. Lentement mais toujours brillamment. A Fenerbahçe d’abord, au pays ensuite. Il rejoint les Corinthians avec son pote Ronaldo. Au cimetière des éléphants mais là, la dignité en plus. Ronaldo, Roberto ça sonne Seleção. Ils vont tout connaître ensemble. Comme ce soir de pré-Coupe du Monde 98. Ce soir-là, d’un coup franc venu d’ailleurs, Roberto réinvente la ligne droite. Elle devient courbe mais reste le chemin le plus court vers la lumière. Vers l’objectif, vers le but. Une sorte de ligne claire. D’ailleurs, Roberto a un physique de BD. Les formes de Jérôme et la subtilité de Tintin. Décidément, il ne le sait pas, mais y a quelque chose entre la Belgique et lui.

BD égale aussi Buteur Démoniaque. Sur son coup franc mythique, Fabien Barthez était le mieux placé mais en a gardé, à jamais, un air un peu ahuri. Ce coup franc réveille les démons de la connaissance et fascine des scientifiques qui en font même des sujets d’étude. Conclusion : une sphère qui tourne et propulsée assez vite (100km/h dans ce cas-ci) et d’assez loin forme une spirale. L’effet de rotation continue malgré le ralentissement. Une sorte de défi à la gravité grâce à la puissance et l’effet donné au départ.

Nous, on aurait aimé que les scientifiques s’intéressent, aussi, à l’élévation de Wilmots en 2002 contre le Brésil. Qu’ils rétablissent la vérité. Mais alors, Roberto n’aurait pas été champion du Monde. Décidément, la Belgique et lui…

Roberto Carlos est donc dans les livres. Avec son palmarès et ses défis à la science. Mais l’essentiel est qu’il est à jamais dans notre imaginaire. Elle est là, sa réussite. Des pseudos spécialistes fustigeaient ses oublis défensifs. Rien à foutre. Il a fait rêver les enfants. Jeunes ou vieux.

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