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Zidane part la tête haute

Il a tiré le maximum d’une équipe à bout de souffle. Il est temps de changer.

« Je vais faciliter la tâche du club. » Il y a quelques semaines, au cours d’une de ses nombreuses conférences de presse, Zinédine Zidane avait déjà laissé entendre qu’il partirait. A l’époque, il savait déjà que, bien qu’il soit encore sous contrat pour un an encore, il allait jeter l’éponge. C’est la troisième fois qu’il s’en va avant la fin de son bail: en 2006 comme joueur et en mai 2018 comme entraîneur.

« Ce n’est jamais une décision facile », avait-il dit avant le match à l’Athletic Bilbao, à deux journées de la fin du championnat. « Vous pensez peut-être que je m’en vais parce que je fuis mes responsabilités ou parce que la situation se complique mais ça n’a rien à voir. Quand je fais quelque chose, j’y mets tout mon coeur mais il arrive un moment où il est temps que les choses changent. Pas seulement pour moi: pour tout le monde. Dans l’intérêt des joueurs et du club aussi. »

Mourir sur le terrain

Il est clair que le Real Madrid, le président Florentino Pérez en tête, veut que les choses changent en vue de la prochaine saison. Plusieurs joueurs qui sont au club depuis longtemps peuvent partir: Sergio Ramos (35 ans), Raphaël Varane (28), Isco (29), Marcelo (33) et Lucas Vázquez (29). Pérez veut rajeunir et il a raison. La date de péremption de l’équipe dont Zinédine Zidane a hérité pour la première fois en janvier 2016 est dépassée depuis longtemps. Une théorie dit qu’il faut laisser mourir une équipe sur le terrain. En fait, le Real Madrid avec lequel Zidane a remporté trois Ligues des Champions d’affilée était déjà mort depuis le 5 mars 2019, date de la défaite face aux jeunes joueurs intrépides de l’Ajax. A l’époque, Zidane n’était plus à la barre mais, dans les grandes lignes, c’était « son équipe » que Santiago Solari avait alignée. Une semaine plus tard, Solari retournait dans l’anonymat et le Français effectuait son grand retour au Real.

C’est la troisième fois que Zidane, comme joueur puis entraîneur, s’en va avant la fin de son bail au Real.

En 2019, il insistait pour transférer Eden Hazard. Le capitaine des Diables Rouges devait devenir le nouveau leader de l’équipe.  » A wrong bet », aurait dit Jean-Claude Van Damme. Luka Jovic a rapidement sombré lui aussi. Seul le transfert de Ferland Mendy fut une réussite. L’arrière gauche français a pris la place de Marcelo. La poussière du mercato retombée, il s’est avéré que Zidane devait faire avec les mêmes joueurs. Seul véritable changement: Keylor Navas avait perdu sa place au profit de Thibaut Courtois, qui avait mis un peu de temps à confirmer mais qui fut rapidement surnommé El Muro. Le président avait déboursé beaucoup d’argent pour s’offrir des jouets – Vinícius Junior, Rodrygo ou encore Odegaards – mais l’entraîneur ne tenait pas compte d’eux.

Amour-propre

Au cours des deux dernières saisons, Zidane a fait ce dont personne ne le croyait capable: il a ranimé une équipe morte. La saison dernière, il a remporté la Supercoupe d’Espagne et le titre. Avec, en pointe, de vieux serviteurs comme Toni Kroos, Casemiro, Luka Modric et Karim Benzema. Plus Sergio Ramos, souvent décisif sur les phases arrêtées. Des gars qui allaient au feu pour Zidane, et inversement. Cette saison, Zizou a tiré tout ce qu’il pouvait de l’équipe: il a terminé deuxième en championnat et s’est hissé en demi-finales de la Ligue des Champions. En raison des blessures (plus de 60 cette saison), plusieurs joueurs étaient sur les genoux mais le vestiaire était transporté par un élan d’amour-propre. Comme si ces gars-là se disaient: « Nous allons montrer une dernière fois ce dont nous sommes capables. »

Cela n’a pas fonctionné et le Real n’a rien gagné cette saison. Mais Zidane, qui sait qu’un cycle se terminer, peut s’en aller la tête haute.

Oh Villareal…

Aleksander Ceferin a dû rire dans sa barbe. Le président de l’UEFA a assisté à la défaite du grand Manchester United en finale de l’Europa League face au petit Villarreal, après une séance de tirs tirs au but aux allures de thriller (11-10). Ceferin est engagé dans un bras de fer avec le noyau dur de la Super League, composé du Real, de la Juventus et de Barcelone. L’UEFA a récemment annoncé qu’elle poursuivrait ses poursuites pénales contre les trois géants européens, sans pour autant freiner leurs envies de mener le projet à bien. Un juge, un Madrilène, sans doute pas un hasard, veut saisir la Cour de Justice de l’Union européenne afin de déterminer si la FIFA et l’UEFA ont abusé de leur position en s’opposant à la Super League.

Le fait que Villarreal ait validé son billet pour la Ligue des Champions la saison prochaine grâce à sa la victoire en Europa League est totalement contradictoire avec l’idée de la Super League, une compétition fermée réservée aux « meilleurs » clubs. On se souvient de la déclaration du président de la Juve qui estimait que l’Atalanta, un club sans histoire dans les compétitions européennes, n’avait rien à faire en Ligue des Champions.

De fait, Villarreal n’y sera certainement pas le bienvenu, lui non plus. Mais les Amarillos en seront. Et rien que cette présence constitue un doigt d’honneur à la Super League. Car Villarreal, qui représente une commune de 50.000 habitants, vivant dans l’ombre de Valence, montre que même les petits clubs peuvent rêver des sommets européens.

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