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Roberto Mancini ou l’Italie en reconquête: « Les meilleurs prennent les coups »

Suivez bien la nouvelle Italie. Le 25 mars, elle entamera sa campagne de qualification pour la Coupe du monde face à l’Irlande du Nord. Entretien avec le sélectionneur, Roberto Mancini.

Lorsque la fédé italienne est allée chercher Roberto Mancini au Zenit pour relancer la Squadra, en mai 2018, beaucoup étaient sceptiques. Deux ans et demi plus tard, tout le monde est satisfait des résultats et, surtout, de la manière.

Sa Squadra est un mélange d’expérience et de jeune talent. Certains étaient tellement jeunes lorsqu’ils ont été sélectionnés pour la première fois qu’ils n’avaient pas encore effectué leurs débuts en Serie A. Sandro Tonali jouait à Brescia, en Serie B, Nicolo Zaniolo avait servi de monnaie d’échange lors du transfert de Nainggolan de l’AS Rome à l’Inter et s’était révélé sous le maillot romain.

Que pensez-vous de la lutte pour le titre en Serie A cette saison ?

ROBERTO MANCINI : La Juve et l’Inter sont favoris mais Milan pourrait être sacré champion également. Cette équipe me fait penser à la Squadra : un bon mélange de joueurs expérimentés et de jeunes talentueux. Elle joue avec enthousiasme et courage. C’est une équipe qui a le goût de l’aventure.

Et qui compte quelques joueurs de l’équipe nationale. Tonali souffre plus que prévu, Calabria a progressé.

MANCINI : Calabria se débrouille bien en équipe nationale aussi. Je m’attendais à ce que Tonali digère difficilement le passage de Brescia à Milan. Il est encore jeune et il faut lui laisser le temps d’acquérir le rythme, comme ça a été le cas pour Romagnoli. Et Donnarumma est, selon moi, le meilleur gardien du monde à l’heure actuelle.

 » Difficile de choisir entre Ronaldo et Lukaku  »

Si vous aviez le choix entre Cristiano Ronaldo et Romelu Lukaku pour jouer en pointe, pour qui opteriez-vous ?

MANCINI : Dois-je vraiment choisir ? Cristiano marque toujours. A cette phase de sa carrière, il pourrait se permettre de lever le pied mais il ne le fait pas. Lukaku détermine le jeu de l’Inter à lui tout seul. S’il n’est pas là, ce n’est pas la même équipe. Et c’est aussi un exemple en matière d’engament.

Chiellini n’est revenu que très tard. Vu son âge, comptez-vous encore sur lui ?

MANCINI : Je compterai sur lui jusqu’au dernier moment.

Chiesa a suivi la route qui était tracée pour lui, il est passé dans un grand club.

MANCINI : Dans un grand club, vous devez tout donner chaque jour, à chaque match. Vous ne pouvez pas vous permettre de faire une pause comme dans un club moins ambitieux. Le fait de jouer beaucoup de matches européens l’aide à progresser. C’est pareil pour Bastoni à l’Inter, il a progressé à chaque grand match. Chiesa a encore une grande marge de progression. Il doit savoir qu’en football, les meilleurs sont toujours ceux qui prennent le plus de coups.

Sensi, par contre, a un peu disparu de la circulation.

MANCINI : J’espérais qu’il aurait surmonté sa blessure de l’an dernier. Nous avons besoin de lui parce qu’il peut jouer à plusieurs postes.

En début de saison, Insigne a souffert davantage à Naples qu’en équipe nationale.

MANCINI : Il n’y a qu’un Insigne. Il est indispensable. Actuellement, c’est le joueur le plus difficile à remplacer.

 » Pour Balotelli, ça va être difficile  »

Comme Lorenzo Pellegrini à Rome.

MANCINI : Quel que soit le rôle, il est bon. Extérieur gauche, à l’intérieur, deuxième attaquant… Et il a une mentalité formidable, comme les jeunes de Sassuolo : Locatelli, Caputo et Berardi.

Lors de votre premier match à la tête de l’équipe nationale, vous avez rendu une chance à Balotelli. Aujourd’hui, il joue en D2. Vous comptez encore sur lui ?

MANCINI : Je ne ferme la porte à personne mais pour Mario, ça va être difficile. Comme pour Destro. Dans ma hiérarchie, derrière Belotti et Immobile, il y a Caputo, Lasagna et Scamacca avant Destro. Sans compter que Moise Kean se reprend bien à Paris.

Outsider à l’EURO

Habile techniquement, Roberto Mancini était un joueur agréable à voir jouer. Maintenant qu’il entraîne l’équipe nationale, son jeu n’est jamais monotone non plus. C’est beau à regarder et, en plus, c’est efficace. C’est assez rare en Italie mais c’est comme ça.

Sur le terrain, Mancini formait un duo offensif redoutable avec Gianluca Vialli. Ils ont été champions et ont remporté la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe avec la Sampdoria en battant Anderlecht en finale en 1990. Devenu entraîneur de club, il avait un peu perdu ce côté frivole mais il l’a retrouvé depuis qu’il est à la tête de la sélection. Lorsqu’il a repris la Squadra, en mai 2018, elle était à l’agonie, elle n’avait guère de perspectives. La génération championne du monde en 2006 avait raccroché, il ne semblait pas y avoir de relève et personne ne marquait.

Qu’a fait Mancini ? Plutôt que d’opter pour une défense solide et des contres rapides, à l’italienne, il a mis au point un système super offensif et un jeu orienté vers l’avant. Il a choisi quelques piliers expérimentés (les médians Jorginho, Veratti et Emerson, les défenseurs Chiellini et Bonucci) pour encadrer des jeunes évoluant en D2 (Tonali et Barella) ou en U21 (Zaniolo et Kean). Cela a donné un ensemble enthousiaste.

Résultat ? Après 22 matches sans défaite (17 victoires et 5 nuls), la Squadra est passée de la 18e à la 10e place au classement FIFA. Aujourd’hui elle est considérée comme un des outsiders du prochain EURO. Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus !

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