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Que valent vraiment les Pays-Bas?

Frédéric Vanheule
Frédéric Vanheule Frédéric Vanheule is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

On s’interroge sur la vraie valeur de l’équipe de Frank de Boer.

Les Néerlandais se sont déplacés cette semaine en Turquie en qualifs pour le Mondial 2022 (défaite 4-2) cinq ans jour pour jour après le décès de Johan Cruijff. Ce samedi, ils recevaient les Lettons dans la Johan Cruijff Arena d’Amsterdam (victoire 2-0). Un match particulier puisqu’il a été arbitré par une femme, la Française Stéphanie Frappart. Et parce qu’il a accueilli 5.000 spectateurs. Un test destiné à voir s’il était envisageable de ramener prochainement des gens dans les stades et à d’autres événements à court terme et en toute sécurité sanitaire. Ce mardi, il y aura un autre rendez-vous historique: les Pays-Bas iront défier Gibraltar et ce sera la toute première confrontation entre les deux pays.

L’EURO ne sera réussi que si les Pays-Bas se hissent au moins en quarts de finale.

Depay dans le moule

FrankdeBoer est devenu coach national en septembre de l’année passée (avec un contrat jusqu’en 2022) en remplacement de Ronald Koeman, après l’intérim assuré par Dwight Lodeweges. On ne peut pas dire que son règne ait commencé de la meilleure manière. Il n’a pas réussi à remporter un seul de ses quatre premiers matches. Il y a eu une défaite 0-1 contre le Mexique puis trois matches nuls contre la petite Bosnie-Herzégovine, mais aussi deux pays du top européen, l’Italie et l’Espagne. Enfin bon, un vieux dicton affirme que la dernière impression est toujours la bonne. Et De Boer a enchaîné avec deux victoires. Certes contre des nations sans grand relief, la Bosnie et la Pologne, mais ces succès ont quand même fait du bien au moral.

Ce qui a encore plus rassuré, c’est l’unité dans le groupe. Et ce sera bien nécessaire à partir du moment où il faut compenser un certain manque de qualités footballistiques. Dans cette équipe, personne ne rechigne à la tâche, tout le monde accepte de courir des mètres supplémentaires pour aider un coéquipier dans le dur. La norme, c’est le collectif. Même un joueur plus réputé pour ses éclairs de génie comme Memphis Depay s’est imprégné de ce nouvel état d’esprit. On remarque aussi que les internationaux ont repris confiance. Les petits gestes techniques sont toujours tolérés, à condition qu’ils apportent quelque chose. Et puis on voit que la sélection est plus offensive avec De Boer qu’avec Koeman, et ça ce n’était pas nécessairement attendu. Elle met plus vite la pression, mais cela peut aussi avoir des effets négatifs quand les lignes ne se resserrent pas suffisamment vite. Dans le foot moderne, on sait qu’il faut être compact pour pouvoir viser quelque chose.

On demande: tueur

Il sera aussi impératif de défendre en bloc, tous ensemble. Un point sur lequel le capitaine Georginio Wijnaldum a mis l’accent. Surtout que les Pays-Bas ne disposent pas, aujourd’hui, d’un gardien de niveau mondial style Manuel Neuer, Thibaut Courtois ou Jan Oblak. Et cette équipe a passé son année 2020 à gaspiller beaucoup d’occasions. Elle n’a marqué que huit fois en sept matches, par seulement quatre joueurs différents: Wijnaldum (3 goals), Depay et Donny van de Beek (2), et Steven Bergwijn. Bref, une équipe qui ne possède pas un vrai tueur devant. Pour le moment, De Boer mise sur Luuk de Jong pour ses qualités dans le jeu de tête, même si le joueur de Séville ne participe pas énormément à la construction. Des voix se font entendre pour qu’il donne la priorité à Wout Weghorst, qui empile les buts en Bundesliga avec Wolfsburg. Et ses buts, il les célèbre en tendant les doigts à la manière d’un lion qui sort les griffes, le symbole de l’équipe néerlandaise.

A moyen terme, Frank de Boer voit évidemment l’EURO où son équipe affrontera, en phase de poules, l’Ukraine, l’Autriche et la Macédoine du Nord. Le tournoi ne sera réussi que si les Néerlandais se hissent au moins en quarts de finale.

Prier pour Van Dijk

Les Pays-Bas ne sont que le dixième pays européen dans le ranking FIFA. Où en sont-ils vraiment par rapport à des nations comme l’Espagne, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne, l’Angleterre, la France, le Portugal ou la Croatie? Personne n’est capable d’apporter une réponse cohérente à cette question, et donc, l’EURO sera un baromètre intéressant pour Frank de Boer.

Mais les choses ne sont pas simples pour le sélectionneur parce qu’il doit faire face à un contretemps majeur. Ainsi, on ne sait pas si Virgil van Dijk, à la fois leader, capitaine et point de repère défensif de la sélection, sera rétabli pour le tournoi. Il s’est amoché gravement le genou lors de la cinquième journée de Premier League dans le derby de Liverpool face à Everton, dans un contact avec le gardien Jordan Pickford, et il a dû être opéré.

« Ce n’est évidemment pas ma décision », a déclaré récemment Jürgen Klopp. « Mais avec les informations dont je dispose pour le moment, il me semble peu probable qu’il puisse disputer l’EURO. »

De Boer a besoin de Van Dijk ne fût-ce que pour ses qualités de leader et locomotive de l’équipe. « On s’est parlé récemment », a dit le sélectionneur. « Il a commencé sa rééducation sur le terrain. Tout se déroule donc selon l’agenda prévu. Je suis content qu’il soit sur la bonne voie mais je ne lui mets pas la pression. C’est lui qui a les cartes en main et il faut surtout qu’il retrouve la confiance. Il décidera lui-même. » Mais il reste peu de semaines et ça semble méchamment compromis.

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