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Prince Harry, oui c’est bien lui

L’Angleterre mise à fond sur Harry Kane pour décrocher le titre européen. L’attaquant de Tottenham peut-il y arriver?

Les Anglais ont entamé ce jeudi leur parcours éliminatoire vers le Qatar en affrontant Saint-Marin. Si ça se passe comme dans les deux dernières campagnes de qualification, les supporters peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Sur la route de la Coupe du Monde russe, l’Angleterre avait terminé facilement en tête de son groupe avec 26 points sur 30. Rebelote en vue de l’EURO de cet été avec 21 points sur 24. Dans les deux cas, Harry Kane a été le meilleur buteur de la poule. D’abord cinq buts, puis 12… en marquant dans chacun des huit matches. Avec un Kane dans cette forme, cette sélection pourrait jouer un rôle de tout premier plan au Championnat d’Europe.

Kane est fidèle à Tottenham depuis ses débuts mais n’a jamais dit qu’il y ferait toute sa carrière.

Qui aurait prédit un tel succès de cet adolescent potelé qui a fréquenté la même école que David Beckham et s’y était déjà mis en évidence pour ses qualités de joueur de foot? Un de ses anciens professeurs a dit un jour: « Il suffisait de donner le ballon à Harry, on savait que ça allait terminer dans le but. » Tout comme Beckham, il a commencé le foot dans une équipe de Ridgeway Rovers. A cette époque, il a passé des tests à Arsenal, à Tottenham et Watford. Chaque fois, il a été recalé. Liam Brady, qui était alors responsable de la formation chez les Gunners, s’est expliqué plus tard: « Il était un peu enveloppé, pas très athlétique. Mais on a commis une erreur de jugement. » Finalement, Tottenham lui a quand même vu quelque chose. Et son entraîneur à Ridgeway Rovers a avoué: « Si on m’avait dit, quand il avait 11 ou 14 ans, qu’il allait faire carrière, j’aurais quand même eu des gros doutes. »

Dans un portrait pour une série télévisée, Harry Kane est revenu sur son petit souci de surpoids. Petit détail: il ne boit pas d’alcool et termine sa journée par un thé avec deux sucres. « J’aime mal manger. J’ai toujours envie d’avaler des trucs pas très sains, surtout en pleine saison. La pizza, le steak, les chips, j’aime tout ça. Mais je dois évidemment me contrôler. C’est important d’être toujours fit, alors je ne m’autorise des petits écarts que quand j’ai joué un bon match, ou quand je sors en famille pour fêter quelque chose. »

Il ne peut pas tout faire seul!

Toute l’Angleterre attend avec impatience l’échéance de cet été. La demi-finale de la Coupe du Monde 2018 est toujours un traumatisme, le pays se voyait passer sans encombre le cap croate. Quelques jeunes talents de l’époque ont pris trois bonnes années, et donc, on y croit. D’autant plus que le format du tournoi est favorable. Les Anglais joueront leurs trois matches de poule à Wembley contre la Croatie, la République tchèque et l’Ecosse, et s’ils terminent en tête, ils feront deux déplacements (Dublin et Rome) pour terminer le boulot à domicile. Clairement, l’avantage du terrain pourrait jouer.

Le report de l’EURO a été une bonne chose pour Kane. La saison dernière, il s’était blessé lors de l’accumulation de matches en fin d’année et avait dû être opéré. Il a ensuite commencé une course contre-la-montre pour être prêt pour le Championnat d’Europe. Une fois le tournoi ajourné, il a eu un autre objectif: pouvoir disputer les matches du championnat après l’interruption due au Covid, à partir de fin juin. Il y est parvenu et a encore marqué sept buts, preuve qu’il n’avait rien perdu de son instinct dans l’aventure.

Gareth Southgate peut l’utiliser dans deux rôles distincts. Harry Kane n’est pas seulement un finisseur hors pair, il est aussi devenu un attaquant qui décroche et sait alerter un coéquipier bien placé via une passe tranchante et précise. Il fait ça très bien avec le Coréen Son à Tottenham, et avec les flancs Rashford et Sterling en sélection. Sterling s’est bien amélioré dans son rôle de finisseur au cours des trois dernières années. Tout comme Rashford, il sait utiliser sa vitesse pour repiquer vers l’axe et s’y montrer très dangereux.

S’ils ne sont pas disponibles, comme en novembre contre les Belges à Louvain, Kane doit rester en pointe et être alors alimenté en bons ballons par les médians offensifs – Mount et Grealish face aux Diables. Mais ça n’avait pas bien fonctionné. Parce que Kane se repliait trop. Il était alors censé tout faire, jouer en même temps comme attaquant en retrait et comme avant de pointe. Mission impossible surtout contre une défense comme la nôtre. La ligne arrière des Diables a pu se contenter de stopper les raids de Grealish. En équipe de France, Kylian Mbappé est capable de faire beaucoup de choses tout seul. Mais l’équipe anglaise dépend de Kane, et ce Kane ne peut pas tout faire tout seul!

Southgate le pompier

L’Angleterre va affronter la Pologne de Robert Lewandowski et on aura alors un bon aperçu de la valeur de sa défense. Comme beaucoup de sélectionneurs, Southgate est confronté à des indisponibilités pour blessures. L’année passée, le gros souci était Kane, aujourd’hui c’est Jordan Henderson, touché à l’aine. Si tout se passe bien, après son opération et sa rééducation, il sera rétabli pour l’EURO. Mais quel rythme aura-t-il dans les jambes?

Trois remplacements seulement sont autorisés en Premier League et c’est une épine dans le pied du sélectionneur. Parce qu’il reprend essentiellement des joueurs des meilleurs clubs, qui ont déjà disputé un fameux paquet de matches cette saison. Beaucoup d’entre eux sont aussi encore engagés dans les coupes européennes. Southgate pense donc que ça aurait été une bonne chose d’accorder cinq changements. Il ne l’a pas caché: « Dans certains pays, la fédération et la ligue professionnelle arrivent à bien s’accorder là-dessus. »

Les exemples du Portugal champion d’Europe en 2016 et de la France championne du monde en 2018 confirment à Southgate qu’il est crucial de disposer d’une bonne défense. Et donc, il se soucie très peu des critiques de supporters lui reprochant un jeu trop défensif. On doit alors s’attendre à voir une Angleterre avec trois défenseurs centraux et un pare-chocs (Henderson et Dier sont deux options) devant eux. Et des marathoniens sur les flancs: Chillwell, Walker, Trippier (qui s’est amélioré défensivement à Madrid mais était un pourvoyeur de Kane à Tottenham, ce qui n’échappe pas à l’entraîneur national). Bref, les options ne manquent pas.

Kane un genou à terre? Mon oeil!
Kane un genou à terre? Mon oeil!© BELGAIMAGE

La campagne de Ligue des Nations a été un bon test. Le football proposé par les Anglais a parfois été triste (surtout contre les Danois) et ça n’a pas nécessairement été bien vu. Southgate a du choix sur les flancs et de la vitesse vers l’avant mais il en a rarement fait usage. Autre chose: il a passé pas mal de temps à éteindre des incendies. Il y a d’abord eu la folie estivale de Maguire en Grèce, ensuite la lockdown party de Foden et Greenwood avec des filles en Islande. Southgate a surtout dû faire preuve de diplomatie (vers l’extérieur) et de flexibilité (en interne). A côté de ça, il y a eu la renaissance de Foden et celle de John Stones avec leur club.

Kane est en route pour battre le record de buts de Shearer en Premier League et de Rooney en sélection.

Le poste de gardien pose problème, c’est une vieille rengaine. Jordan Pickford est le numéro 1 mais personne ne le met sur le même pied que les meilleurs portiers du monde. Même chose pour le réserviste, Nick Pope. Le premier joue à Everton, le second à Burnley: ça veut déjà dire beaucoup. De nombreux supporters voient un gros potentiel en Dean Henderson et suivent sa progression avec Manchester United. Son souci de manque de temps de jeu a été en partie résolu quand Ole Gunnar Solsjkaer a décidé de faire une tournante entre David de Gea et lui: l’Espagnol joue les matches de championnat, l’Anglais dispute les autres rencontres. Mais est-ce que ce sera suffisant pour lui donner l’expérience nécessaire? Henderson a alterné les bonnes et moins bonnes prestations. Pickford est absent pour le rassemblement en cours à cause d’une blessure aux adducteurs et on ne peut pas garantir qu’il sera rétabli pour l’EURO. Et donc, Henderson aura peut-être une vraie chance plus vite que prévu.

Bientôt un transfert pour Kane?

Harry Kane a marqué six buts lors de la Coupe du Monde en Russie (cinq en phase de poules, un en seizièmes de finale). On l’attend au Championnat d’Europe. Et ensuite? Les spéculations ont déjà commencé. Il est fidèle à Tottenham depuis ses débuts mais n’a jamais dit qu’il y ferait toute sa carrière. Pour un footballeur ambitieux, capitaine de son équipe nationale, ne pas gagner de trophées est un manque. En 2019, les Spurs se sont hissés en finale de la Ligue des Champions. Kane s’était blessé après la demi et était revenu juste à temps. Pour l’apothéose, Pochettino l’a aligné au détriment de Moura mais on a vite compris qu’il n’était pas en pleine possession de ses moyens. Et cette finale, les Londoniens l’ont perdue.

Donc, cette absence de prix lui fait mal. Avec 32 buts pour l’équipe anglaise et 160 réalisations en Premier League, il est en bonne voie pour titiller des records, comme celui de Shearer en PL (206) et celui de Rooney en sélection (53). Mais ça ne suffit pas à rendre un footballeur totalement heureux. Il faut aussi des trophées collectifs. Cette saison, Tottenham n’a plus beaucoup d’opportunités. L’équipe est sixième en championnat, elle a été éliminée de la FA Cup (par Everton) et sur la scène européenne (par le Dinamo Zagreb). Il reste la voie de la Coupe de la Ligue, avec la finale le 25 avril face à Manchester City. Rien ne sera simple!

Un transfert cet été vers un plus grand club est dans le domaine du possible. On cite souvent Manchester United, à la recherche d’un attaquant très prolifique. Kane en est à sept saisons consécutives en passant le cap des 20 goals et ça ne laisse pas indifférent. Il pourrait jouer son avenir sur les pelouses de l’EURO, et à Old Trafford, on voit aussi qu’il a une bonne entente avec les internationaux Rashford, Greenwood, Henderson et Maguire.

Wembley en feu

Alors qu’un peu partout en Europe, les gouvernements prennent de nouvelles mesures restrictives face au Covid, le nombre de contaminations est en baisse en Angleterre et de nouvelles perspectives s’ouvrent pour l’événementiel. Les organisateurs de la Coupe de la Ligue, dont la finale se jouera le 25 avril, espèrent accueillir 10.000 personnes à Wembley – une décision pas encore confirmée. La finale de la Cup se jouera devant 20.000 spectateurs – c’est confirmé. Ce sera un des tests vers une réouverture massive au public pour les événements de masse. Boris Johnson entend donner le feu vert le 21 juin, en plein EURO. Il rassure l’UEFA sur ce point et ajoute que si d’autres stades sont nécessaires, l’Angleterre les possède.

L’UEFA se positionnera le 20 avril. Pour le 7, les villes et pays organisateurs devront signifier s’ils tolèrent des spectateurs dans leur stade. En principe, il ne devrait pas y avoir de matches dans des stades vides. Si, par exemple, Munich et l’Allemagne annoncent qu’il ne pourra pas y avoir de fans à l’Allianz Arena, cela ne voudra pas encore dire qu’il n’y aurait pas de matches sur le territoire allemand.

Quoi qu’il en soit, on aura un tournoi à deux vitesses avec certaines équipes jouant à domicile devant un stade plein et d’autres qui n’auront droit qu’à un remplissage limité. Les Russes ont déjà annoncé que 50.000 personnes (pour une capacité de 68.000) pourraient assister aux matches à Saint-Pétersbourg. Le club local, le Zenit, vaccine les supporters (avec le Spoutnik V) quand ils viennent voir des matches.

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