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Premier League: jusqu’où peut aller la surprise West Ham?

West Ham toujours en lutte pour un ticket européen à huit journées de la fin, c’est une sacrée surprise. Avec quelles chances de succès?

Depuis 2013, West Ham vit au-dessus de ses moyens avec son propriétaire gallois, David Sullivan, un gars devenu riche dans l’industrie du porno. Chaque année, un ou deux grands noms rejoignent son club. But avoué: quitter le costume d’équipe habituée au milieu du classement pour se rapprocher des grosses cylindrées traditionnelles en intégrant le subtop. Il y a eu par exemple Dimitri Payet, qui a posé sa magie durant deux ans à Londres, à l’époque au Boleyn Ground, entre-temps abandonné au profit du stade olympique. Mais, recoller, West Ham n’y arrive pas.

Les deux Tchèques font le job.

La saison dernière, ce club a terminé à la seizième place, à quatre points seulement de la relégation. La centaine de millions injectés n’avait produit aucun effet positif. « West Ham a grandi grâce à la classe ouvrière et a survécu à la guerre mais est aujourd’hui détruit par l’avidité et des mensonges », renseignait une banderole du public local. Cette année, 50 nouveaux millions ont été investis, et dans un premier temps, ça n’a pas servi à grand-chose.

Soucek, le nouveau Fellaini

West Ham s’est incliné dès la première journée face à Newcastle United, condamné à se battre pour ne pas chuter en D2. Les pessimistes pensaient qu’ils avaient à nouveau – malheureusement – raison mais après des victoires convaincantes contre Wolverhampton et Leicester, et des nuls prometteurs face à Tottenham et Manchester City, on a compris que la machine était lancée. David Moyes, que Sir Alex Ferguson avait autrefois présenté comme son successeur à Manchester United, a mis ses troupes en ordre de bataille pour un ticket européen.

Deux Tchèques arrivés du Slavia Prague, Tomas Soucek et Vladimir Coufal, font le job. Deux costauds avec une intelligence footballistique supérieure à la moyenne et prêts à mourir sur le terrain. C’est déjà ce qu’ils faisaient avec leur club au pays, et c’est aussi ce qu’ils font avec leur équipe nationale qui a bien compliqué la tâche des Diables Rouges récemment. « On a affronté la Belgique, on a pris un point et on est déçus, c’est ça la bonne mentalité qu’il faut afficher », a tweeté Soucek.

Soucek est un médian box-to-box à l’ancienne qui a déjà marqué neuf buts importants en championnat. Il est aussi, et de loin, le joueur de Premier League qui remporte le plus de duels aériens. José Mourinho l’a qualifié de « nouveau Fellaini. ». Et quand on connaît l’admiration que le Portugais vouait à Fellaini, c’est un fameux compliment. Un Fellaini qui s’était révélé dans le même rôle à Everton avec Moyes. Après ça, le coach écossais l’avait emmené à United.

Leicester puis Chelsea au programme

Avec sept assists, le back gauche Aaron Cresswell semble s’offrir une nouvelle jeunesse. Comme Craig Dawson qui a été loué à Watford juste avant la fin de la période des transferts, en octobre, pour faire nombre, pour qu’il y ait plus qu’un défenseur central sur le banc. On doit aussi citer, pour expliquer le succès, la créativité de Pablo Fornals, Saïd Benrahma et Jarrod Bowen qui permet à West Ham d’être moins prévisible. Et Jesse Lingard, arrivé durant l’hiver, multiplie les passes courtes, bosse comme un fou et se montre gravement efficace.

Tout cela permet à West Ham de passer un cap cette saison. Ce club occupe actuellement la cinquième place avec 49 points, seulement deux de moins que Chelsea. C’est un point de plus que Tottenham, et trois de plus que Liverpool. Personne n’aurait prédit un tel parcours. Contre Arsenal, la bande à Moyes menait 3-0 avant de se faire rejoindre à 3-3. Ce qui fait dire à certains observateurs que cette équipe n’est pas encore tout à fait mûre. Il reste huit matches aux gars de la capitale pour démontrer le contraire. Ce dimanche, il y aura un choc avec Leicester. Et deux semaines plus tard, un derby contre Chelsea.

Quand Klopp se troue

La semaine passée, dans le choc entre le Real et Liverpool, Toni Kroos a été le roi du milieu de terrain. On l’a laissé faire des passes, alors il s’est régalé. Il en a expédié 36, dont 34 sont arrivées au bon endroit. Des passes qui ont créé du danger et même amené un but. Jürgen Klopp avait choisi d’aligner Naby Keita, un dribbleur qui est surtout bon en possession. Un mauvais choix. Pour défendre son choix, le coach allemand a dit qu’il ne pouvait pas ignorer les bons signaux que Keita lui envoyait lors des entraînements.

Keita noyé, c’était logique de le remplacer. Mais on peut s’interroger sur le timing. Klopp l’a fait sortir juste avant la mi-temps. Dans un quart de finale de Ligue des Champions regardé par le monde entier. Le coach avait raison d’être déçu, voire fâché, en voyant son joueur avec aussi peu de rendement, mais c’était à lui de s’apercevoir avant le match que ça risquait de ne pas fonctionner. Dans ce cas, on aurait tendance à dire que le premier fautif n’est pas le joueur mais le coach.

En tout cas, ça a produit des conséquences. Dans les heures qui ont suivi, le foot a encore montré son plus moche visage. Des internautes se sont déchaînés avec un déferlement d’insultes racistes. Visant Keita mais aussi Trent Alexander-Arnold. Pendant deux saisons, ils ont été considérés comme des héros par les supporters de Liverpool. Il a suffi de quelques approximations pour qu’ils soient rabaissés au rang de singes.

Klopp est sous pression. De là à mettre sa faute sur des joueurs? On n’est pas d’accord.

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