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Moreno, la gâchette de Villareal

Gerard Moreno livre une saison formidable avec Villarreal. Cette semaine, il pourrait encore faire parler de lui face au FC Barcelone et Arsenal.

Nous sommes le 27 septembre 2020. On joue depuis quinze minutes et Jordi Alba file sur le flanc gauche. Il atteint la ligne de but et donne en retrait à Ansu Fati qui tire du droit en pleine lucarne. Quatre minutes plus tard, la défense de Villarreal est à nouveau hors position et Ansu Fati fait 2-0. Le match se termine sur un score sans appel de 4-0. Le championnat d’Espagne vient à peine de commencer et Villarreal se pose beaucoup de questions. Viré d’Arsenal en novembre 2019, l’entraîneur basque Unai Emery est arrivé en été à grands renforts de publicité. Il a obtenu d’excellents résultats avec Valence et le FC Séville (trois victoires d’affilée en Europa League) mais l’histoire retiendra surtout qu’il était l’entraîneur du PSG lors de la remontada historique du FC Barcelone, le 8 mars 2017 (6-1 au Camp Nou).

Moreno en est à 26 buts et 10 assists cette saison.

Repensera-t-il à cela dimanche au moment d’accueillir le Barça à l’Estadio de la Cerámica? Ou reverra-t-il défiler dans sa tête les images du 4-0 du match aller? Il faut admettre que, depuis, Villarreal s’est bien repris. Distancé par le FC Séville, quatrième de la Liga, il ne pourra plus se qualifier pour la Ligue des Champions par le biais du championnat. Mais il se bat avec le Real Betis et la Real Sociedad pour un des deux tickets pour l’Europa League auxquels l’Espagne a droit. Et la semaine prochaine, il rencontre Arsenal, l’ex-club d’Emery, en demi-finale de cette même Europa League. Si le sous-marin jaune atteint le port européen, on pourra dire que sa saison est réussie.

Plus qu’un buteur

Celle de Gerard Moreno l’est déjà. Auteur de 26 buts et 10 assists, le centre-avant catalan livre le meilleur exercice de sa carrière. Depuis le début de l’année, il a inscrit 18 buts en 19 matches. C’est aussi bien qu’ Erling Haaland (18 buts en 2021 également). Seuls Kylian Mbappé (21), Robert Lewandowski (22) et Lionel Messi (23),ont fait mieux.

« J’ai vu peu d’attaquants capables de lire le jeu aussi bien que lui », dit Xavier Calleja, l’ex-entraîneur de Villarreal, dans El País. « Il est bien plus qu’un buteur. Il décroche bien, influence beaucoup le jeu collectif, est capable de délivrer des assists sublimes et est bon en un contre un. Il n’est ni rapide, ni explosif, mais il exploite les espaces mieux que personne. Les tests physiques démontrent que c’est un médian bien plus qu’un attaquant. Je ne serais pas étonné qu’il marque encore davantage. La saison dernière, déjà, il avait inscrit 18 buts, dont un seul sur penalty. »

Meilleur buteur de l’histoire du club?

Dans l’histoire du club, Moreno a déjà dépassé Cédric Bakambu (22 buts en 2015-16) et Diego Forlán (25 buts en 2004-05). Seul Giuseppe Rossi a fait mieux. En 2010-2011, l’attaquant italo-américain avait inscrit 32 buts. Moreno, qui a marqué pour l’Espagne face au Kosovo voici peu (3-1), a encore huit matches pour faire tomber ce record. Neuf si Villarreal atteint la finale de l’Europa League. De plus, il peut devenir meilleur buteur de tous les temps de Villarreal. Rossi inscrit 82 buts en 192 matches sous le maillot jaune. Le compteur de Moreno en affiche 78 en 173 matches. Il est aussi le premier Catalan à inscrire au moins 20 buts en Liga depuis soixante ans. Son prédécesseur, Joaquín Murillo Pascual, avait réussi cet exploit avec le Real Saragosse, en 1960-61.

Autant dire que Moreno est un joueur important pour Villarreal. Avec un coach que l’on surnomme parfois Mister Europe, le « petit » club espagnol pourrait causer la surprise cette saison. La vitrine aux trophées est vide, il y a donc de la place. Et Emery a un oeuf à peler avec Arsenal…

Florentino forever?

Florentino Pérez (74 ans), dont on a beaucoup parlé cette semaine dans le cadre de la Super League, entame son sixième mandat de président du Real Madrid. Il avait déjà dirigé le club de 2000 à 2006 avant de reprendre le pouvoir en 2009. En 2013, 2017 et 2021, il a été reconduit automatiquement en raison de l’absence d’autres candidats. Les socios du Real n’ont donc plus été appelés aux urnes depuis 2006. Comment se fait-il qu’au Barça, les candidats à la présidence se bousculent tandis qu’au Real, personne ne sort du bois?

C’est dû à un changement de statuts introduit par Pérez en 2012. Les critères pour se présenter à la présidence sont désormais beaucoup plus stricts. Un candidat doit ainsi être socio depuis au moins vingt ans (auparavant, dix ans suffisaient). Sa fortune personnelle doit aussi permettre de couvrir 15% du budget sans l’apport de tiers et cet argent ne peut pas provenir de l’étranger. A l’époque, un groupe de quinze socios s’était opposé à ces changements mais, en février 2016, le tribunal a rejeté leur plainte.

Pérez est donc assuré de rester à la présidence jusqu’en 2025. Un scénario qui fait penser à ce qui s’est passé dans son entreprise de construction, ACS ( Actividades de Construcción y Servicios). En 2014, il avait annoncé qu’à 70 ans, il cèderait le pouvoir à son successeur, un certain Marcelino Fernández. Mais, il y a peu, celui-ci a quitté la direction d’ACS « de son plein gré » selon la version officielle.

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