© BELGAIMAGE

Dominic Calvert-Lewin, Bambi on ice

En 2015, il jouait encore dans le fond du fond du foot anglais. Aujourd’hui, il peut aider Everton à se qualifier pour l’Europe. Et il est sur le point d’aller à l’EURO.

Dominic Calvert-Lewin est dans les vapes après avoir pris le coude d’un défenseur de Hyde United qui avait appris, juste avant le coup d’envoi, que ce joueur de 17 ans allait faire ses grands débuts avec Stalybridge. En National League North, le sixième échelon du foot anglais. Et ce défenseur, Alex McQuad, avait décidé de le baptiser violemment. C’est un derby, en périphérie de Manchester. Après le choc, Calvert-Lewin pense que son cauchemar va se terminer. Il regarde vers le banc en espérant être remplacé. Son oeil est gonflé, il saigne. Mais le kiné lui fait comprendre qu’on n’abandonne pas ses coéquipiers pour si peu.

Everton a eu Dominic Calvert-Lewin pour moins d’un million!

Pendant la mi-temps, on lui rafistole l’oeil. Puis il remonte sur le terrain et marque deux buts pour participer à la victoire 4-2 de son équipe. En fin d’année dernière, il s’est confié dans les médias anglais: « J’ai joué une heure avec un seul oeil, je pouvais à peine ouvrir l’autre, tellement il était amoché. J’ai ramé mais, au final, j’ai aussi profité de ces moments. C’était jusque-là la plus belle expérience de ma jeune carrière. J’ai compris ce jour-là ce que c’était de jouer contre des hommes devant plusieurs centaines de spectateurs. »

Quelques jours plus tard, le match retour se finit sur un 7-1 spectaculaire en faveur de Stalybridge, avec deux buts de Calvert-Lewin. Des supporters qui assistent aux matches de leurs couleurs depuis un demi-siècle affirment que ce fut la meilleure rencontre de leur vie. Et le petit gars prêté par Sheffield United est maintenant leur héros. En février 2015, il est rappelé par son club d’appartenance, puis après un nouveau prêt, à Northampton Town, il est transféré à Everton lors de l’été 2016 pour moins d’un million d’euros. David Unsworth, alors manager intérimaire d’Everton, rigole encore aujourd’hui quand il repense à cette opération. Il s’est confié à Sky Sports: « Le timing était parfait. Sheffield United était englué en League One et avait nommé un nouveau manager. C’est grâce à tout ça que le joueur a été bradé. Mais on ne pouvait évidemment pas prévoir qu’il allait devenir le fer de lance de l’attaque d’Everton. »

Ancelotti lui conseille Inzaghi

Lors de sa première saison, avec Ronald Koeman, on ne le voit qu’une bonne dizaine de fois sur la pelouse. Avec Sam Allardyce et Marco Silva, il n’arrive pas non plus à se rendre indispensable. Dominic Calvert-Lewin doit attendre l’intérim de Duncan Ferguson, lors de l’hiver de la saison dernière, pour devenir la tête de gondole du compartiment offensif des Toffees. Et Carlo Ancelotti fait le reste. « J’ai demandé à Dominic de jouer plus près du but et d’essayer de conclure en une touche de balle comme Filippo Inzaghi. Il a écouté mon conseil mais il a quand même dû aller voir des vidéos d’Inzaghi sur YouTube. »

Au début de cette saison, il est intenable. Il enchaîne deux hat-tricks en deux matches et égale ainsi un record vieux de 90 ans, détenu par le légendaire Dixie Dean. En octobre, il réalise un rêve de gosse quand il est appelé par le sélectionneur Gareth Southgate pour affronter Saint-Marin. Et quand il marque son premier but, contre ce nain du foot européen, son père poste un message humoristique sur Facebook:  » Bambi on ice you said? Bambi found his skates. » Ce surnom, Bambi, fait référence à l’époque où le joueur était victime de soucis physiques en cascade. Il a connu une crise de croissance à 15 ans et l’évolution de son corps n’a pas suivi son explosion osseuse. Il a alors été victime d’une fracture de stress dans le bas du dos et a souffert de la maladie d’ Osgood-Schlatter, qui attaque le genou. Tout ça pour être aujourd’hui dans le sillage de Harry Kane, Mohamed Sala et Bruno Fernandez au classement des buteurs de la Premier League. Et avoir une bonne chance de participer au prochain EURO.

Haine sur les réseaux

Les demi-finales de la Coupe d’Angleterre se disputent ce week-end: Manchester City – Chelsea et Southampton – Leicester. A Wembley, comme d’habitude. Mais sans public. Pour la finale, en mai, ça devrait être différent puisque des spectateurs devraient pouvoir être présents.

Quand les supporters restent chez eux, ils peuvent être tentés de déverser leur bile sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’Anglais sont passés à l’acte, ce qui a poussé plusieurs clubs à couper leurs canaux de communication, en guise de protestation. Swansea City et Birmingham, en Championship, ont donné le ton. En Ecosse, les Rangers ont suivi. Le capitaine, James Tavernier, a signalé que tous les joueurs de couleur de son équipe avaient déjà reçu des insultes racistes sur les réseaux sociaux. Steve Bruce, de Newcastle, s’est lui aussi emporté. Comme Ole Gunnar Solskjaer. Sam Allardyce, de West Brom, a lancé que les 92 clubs pros devaient réagir ensemble.

Les médias sociaux peuvent être des bons canaux de communication mais on peut aussi y trouver des remarques abjectes. Reste à voir s’il est possible de faire marche arrière en ne les utilisant plus. Et les clubs seraient-ils partants pour tout verrouiller? Comme les joueurs, ils les utilisent pour diffuser leur image. Et ça leur sert aussi à mener des actions nobles. Par exemple, Marcus Rashford fait campagne pour financer des repas dans des écoles. Des sportifs s’en servent pour réclamer plus d’égalité. Les grands clubs anglais ont plus de followers que des grandes marques internationales. C’est donc compliqué.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire