© GETTY

Angleterre, terre de grands coaches étrangers

Les clubs anglais ont retrouvé les sommets européens en confiant leurs bancs aux meilleurs coaches de la planète. Thomas Tuchel et Pep Guardiola, finalistes de la Ligue des Champions, sont là pour le rappeler.

Le réveil sonne en plein coeur de la nuit. Il a le bruit d’un cri de Jürgen Klopp, manager allemand qui a pris les rênes de Liverpool au début du mois d’octobre 2015 pour tenter de réanimer des Reds bien loin de leur splendeur. En quelques mois, il emmène les Scousers jusqu’en finale de l’Europa League. C’est le timide, mais réel signal du retour des Anglais sur le devant de la scène européenne, alors que seul City représente la Premier League au stade des quarts de Ligue des Champions, un an après un grand-huit sans représentant d’outre-Manche.

C’est l’ère des managers, et les meilleurs s’asseyent sur un banc anglais.

2015 est une année charnière pour le football anglais. Notamment parce que les droits télévisés du championnat se vendent au prix record de 7 milliards d’euros pour les trois saisons suivantes. Après s’être ruée sur des talents surpayés, la Premier League entame un virage quand Klopp débarque. Puisque malgré la manne financière, les meilleurs joueurs du monde sont intouchables, rassemblés pour l’essentiel chez les trois patrons du football continental que sont le Real, le Barça et le Bayern, l’Angleterre attirera les meilleurs entraîneurs. Quelques mois après Klopp, l’été 2016 verra débarquer Antonio Conte et Pep Guardiola, tout en enregistrant le retour aux affaires anglaises de José Mourinho. Une tendance confirmée au fil des ans, qui aboutira finalement sur une situation où un club comme Everton, pourtant hors du Big-6, confie son banc de touche à Carlo Ancelotti.

Wenger, le précurseur

Est-ce le titre de Leicester en 2016, autant produit d’un miracle que d’une faillite collective sans précédent des plus beaux joyaux de la Couronne, qui a provoqué cette prise de conscience sur les bancs anglais? Lors de l’été qui suit, ce sont en tout cas les managers qui redeviennent les stars d’un championnat orphelin de figure emblématique de l’autre côté de la ligne de touche depuis la retraite de Sir Alex Ferguson et le déclin d’ Arsène Wenger. Le Français fait pourtant office de précurseur sur un marché anglais où la moitié des coaches sont désormais issus d’au-delà des frontières britanniques. Cette année-là, le Chelsea de Conte damera le pion aux Manchester en reconstruction de Mourinho et Guardiola, avant que le duel ne tourne plutôt entre le Catalan et Jurgen Klopp.

Au-delà des noms ronflants, la Premier League attirera aussi les coaches de la nouvelle vague, enthousiastes à l’idée d’occuper un banc de l’élite anglaise, même s’il semble dévolu à la lutte pour le maintien. Révélé à Leipzig, Ralph Hasenhüttl deviendra ainsi le manager d’un Southampton pourtant abonné à la deuxième partie de tableau.

Si les Ballons d’or ne se gagnent toujours pas en Angleterre (seuls trois des 39 derniers joueurs montés sur le podium jouaient pour un club anglais), le pouvoir des bancs de touche est incontestablement entre les mains britanniques. En finale de la Ligue des Champions, on retrouve d’ailleurs cette année deux des symboles de ce pouvoir absolu. Pas de star incontestable dans les noyaux de Chelsea ou de Manchester City. Des clubs où presque aucun joueur n’est si important que son absence est synonyme de crise. Cette saison, les Citizens ont aligné les succès lors d’une indisponibilité de Kevin De Bruyne alors que les Blues de Thomas Tuchel brillent souvent sans Hakim Ziyech, pourtant acquis pour 40 millions l’été dernier. L’heure est désormais à la rotation, aux joueurs qui épousent les courbes d’un plan de jeu plutôt qu’à ceux qui les définissent. C’est l’ère des managers, et les meilleurs s’asseyent sur un banc anglais.

La politique du parachute

Les larmes sèchent-elles plus facilement avec des billets? La question mérite d’être posée aux dirigeants de Fulham, West Brom et Sheffield, relégués au terme d’une saison de Premier League particulière mais qui verront leur chute amortie par un opulent parachute doré de droits télévisés. Les retombées gargantuesques du football anglais, aidées par une répartition financière bien plus équitable qu’ailleurs, permettent aux relégués de quitter l’élite avec une bonne centaine de millions d’euros. De quoi permettre aux ambitieux de passer le moins de temps possible dans l’antichambre de l’élite anglaise.

Relégué la saison passée, Norwich a par exemple pu se permettre de conserver ses hommes forts offensifs, Teemu Pukki et surtout Emiliano Buendia. Résultat, les Canaries vont retrouver la Premier League un an après l’avoir quittée, tout comme le Watford de Christian Kabasele. Ce rebond immédiat dans la foulée d’une descente est presque devenu fréquent depuis l’augmentation des droits TV, malgré une Championship à 24 équipes qui est l’une des D2 les plus compétitives du monde. Cette saison, Bournemouth aurait pu compléter le trio gagnant de la remontée, mais les Cherries ont échoué en demi-finale des play-offs pour la promotion, battus par un Brentford qui tourne depuis plusieurs années autour d’une élite quittée en 1947. Sans parachute doré pour planer, The Bees pourraient étoffer le Hall of Fame d’une Premier League qui finit presque par tourner en rond.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire