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Ajax, éternel fournisseur de talents

S’il bat l’AZ dimanche et que le PSV perd des points samedi, le géant d’Amsterdam sera une nouvelle fois sacré champion des Pays-Bas. À quatre matches de la fin.

Ce sera le 35e titre de son histoire. Il y a cinquante ans, l’Ajax remportait pour la première fois la Coupe d’Europe des Clubs Champions, l’ancêtre de la Champions League. Il allait signer un triplé. L’Ajax produisait un football avant-gardiste, pressant l’adversaire sur tout le terrain. Il en était venu à jouer comme ça suite à des discussions entre l’entraîneur, Rinus Michels, et la star du club, Johan Cruijff. Cet état d’esprit n’a jamais véritablement disparu.

L’Ajax a toujours été un vivier de talents. Il a vendu de nombreux diamants à de grands clubs étrangers. Dany van den Beek, parti à Manchester United l’été dernier, est le dernier en date. Mais le club n’a jamais perdu son ADN. Des qualités techniques, une bonne circulation du ballon, des lignes de courses synchronisées, un jeu rapide… Les joueurs de l’Ajax sont des artistes du ballon.

« Bien faire n’est pas suffisant »

Quel que soit l’entraîneur, les valeurs restent les mêmes. Comme avec Erik ten Hag actuellement. Le credo, c’est: « Bien faire n’est pas suffisant: il faut progresser chaque jour. » Dominer, attaquer et, surtout, lancer des jeunes à un rythme impressionnant. Cette saison, par exemple, c’est Devyne Rensch (18 ans) qui a éclaté. Il était prévu qu’il passe un test d’une semaine à l’Ajax mais après le premier jour, on l’a fait signer. Il peut jouer dans l’axe de la défense ou comme arrière latéral. Il a beaucoup progressé au cours des derniers mois. Il voit clair, est bien bâti et a une bonne technique. Il joue des deux pieds et est le premier relanceur de l’équipe. Son parcours pourrait être identique à celui de Matthijs de Ligt, même si ce sont deux joueurs totalement différents.

Les joueurs de l’Ajax sont formés à l’université de la technique.

Mais Rensch n’est pas le seul jeune à être devenu titulaire. Il y a aussi Ryan Gravenberch, 19 ans le mois prochain. Un médian qui passe pour un des joueurs les plus talentueux d’Europe. Très jeune, il a eu l’embarras du choix mais il a décidé de rester à Amsterdam. Rensch et Gravenberch sont les diamants amstellodamois de l’époque. Comme bien d’autres avant eux, ils prouvent que la formation paie. Mais il est clair qu’un jour, ils partiront eux aussi.

Bluff et arrogance

C’est ainsi que, depuis plus d’un demi-siècle, l’Ajax fournit des talents. Ses joueurs sont formés à l’université de la technique, sur la base d’une philosophie qui reste le fil conducteur du club. C’est en produisant un jeu artistique que l’Ajax a remporté trois Coupes d’Europe des Clubs Champions de 1971 à 1973. Un jeu frivole, de l’audace, du bluff et de l’arrogance qu’on retrouve encore aujourd’hui. L’Ajax a remporté la Coupe et file vers le titre. Seule l’élimination en quarts de finale de l’Europa League, des oeuvres de l’AS Rome, lui laisse un goût amer.

Pourtant, les joueurs de l’Ajax sont toujours en plein apprentissage. En début de championnat, l’équipe était encore trop fragile en reconversion. Aujourd’hui, l’équilibre en perte de balle et en possession est rétabli. Et le club évolue. Marc Overmars, ex-joueur et directeur de la section football, a prolongé le contrat du défenseur central Daley Blind (31 ans) car les jeunes ne peuvent évoluer qu’aux côtés de joueurs expérimentés. Ce sont eux qui dirigent l’équipe, des leaders prêts à se retrousser les manches. La façon dont le capitaine Dusan Tadic conseille les jeunes est exemplaire. Mais ces jeunes font en sorte de le mériter. Comme Devyne Rensch. Cela fait partie de la culture de l’Ajax: les jeunes gardent les pieds sur terre, ils ont soif d’apprendre et demandent qu’on leur donne du feed-back. C’est ce qui leur permet de rejoindre plus rapidement le haut niveau.

Justice

L’attaquant hollandais de Cambuur Issa Kallon savait très bien pourquoi il avait inscrit JUSTICE en noir sur le T-shirt qu’il a exhibé devant les caméras après le 4-1 contre Helmond Sport. Pour le club de Leeuwaarden, la montée de D2 en D1 mettait fin à un an de frustrations. L’an dernier, le championnat avait en effet été arrêté à neuf journées de la fin en raison de la crise du coronavirus. A l’époque, le club frison était largement en tête mais l’arrêt des compétitions avait mis fin à ses rêves. Même une action en référé n’avait rien pu changer à la décision de la fédération de décréter une saison blanche, sans montants ni descendants.

L’entraîneur, Henk de Jong, a toutefois réussi à canaliser sa colère. Avec un noyau à peu près identique à celui de la saison dernière, il a connu un début de championnat difficile car il fallait que tout le monde digère la déception. Mais face à Helmond Sport, le club, qui retrouvera l’élite après cinq ans d’absence, a inscrit son centième but. Dans toute l’histoire de la D2 hollandaise, cela n’était arrivé qu’à cinq reprises.

Le grand artisan de la montée est l’attaquant Robert Mühren, qui ne veut plus entendre parler de Zulte Waregem, où il est en fin de contrat, et qui est loué à Cambuur depuis 2019. Après 33 matches, le neveu des légendaires Arnold et Gerrie a déjà inscrit 34 buts et délivré 13 assists. Des chiffres impressionnants.

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