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Les Anglais disputent ce week-end les quarts de finale de la Cup. Au programme, le New Forest Derby, au sud du pays, entre Bournemouth et Southampton. Mais ce derby a un côté artificiel. On vous explique pourquoi.

Dès qu’on pourra à nouveau voyager, si vous êtes à la recherche d’une destination sympa, on vous conseille la South Coast anglaise. Ce n’est pas loin, les côtes y sont accueillantes et ce ne sont pas les musées intéressants qui manquent. Vous pourrez parcourir le port de Southampton, d’où le Titanic s’était élancé pour son funeste voyage. Les plages de Bournemouth valent aussi le détour. Ainsi que la New Forest, un domaine naturel protégé où les poneys se promènent en toute liberté.

Les deux clubs de foot installés aux côtés opposés de ce parc (distants d’une cinquantaine de bornes) s’affrontent ce week-end dans le cadre de la FA Cup. Et l’événement est rare. Parce qu’il n’est pratiquement jamais arrivé que les deux équipes figurent en même temps dans la même division. La plupart du temps, une ou deux séries séparent les deux clubs, et d’un point de vue sportif, Southampton est mieux loti.

Les miettes pour le petit frère

Les deux villes sont marquées par les mêmes activités économiques : la vie portuaire, les loisirs, les plages, les boîtes de nuit. Les habitants partagent les mêmes goûts. Ce n’est pas le cas des gens de Portsmouth, une autre ville proche. Toute proche de Southampton. Avec eux, il est question d’une vraie rivalité dont les origines remontent à la fin du 19e siècle. A l’époque déjà, le port de Southampton était une plaque tournante du commerce. Quand des dockers se sont mis en grève en 1890 pour réclamer de meilleurs salaires, des empêcheurs de grèves venant de Portsmouth s’en sont mêlés pour relancer le boulot. Ils ont reçu l’aide des autorités, de la police et de l’armée. Toutes basées à… Portsmouth. Cela s’est répercuté bien plus tard sur les relations entre les supporters des deux clubs.

Fin des années 90, Bournemouth a échappé à la faillite grâce à des supporters de… Southampton.

Bournemouth n’y est jamais parvenu. Southampton a toujours vu ce club comme un petit frère, pas dangereux. Au cours des dix dernières années, onze joueurs de Southampton ont été vendus ou loués à Bournemouth, dont des jeunes de l’académie. Dans la région, Southampton était la référence, avec un plus grand stade, davantage de moyens financiers, un meilleur centre de formation. Bournemouth devait se contenter des miettes. Si ce club a échappé à la faillite en 1997, c’est grâce à des supporters de… Southampton. Pour donner au malade des chances de survie, un match a été organisé entre les deux équipes, et on avait suggéré aux fans de donner un peu d’argent. Et ça a marché parce que dans ce coin d’Angleterre, de nombreux amateurs de foot sont supporters des deux équipes.

Il faut de la haine !

Il n’a donc jamais été question de derbies à la vie, à la mort. Par manque de duels directs et d’histoire. Et ce serait une erreur de présenter l’affrontement de ce week-end comme un vrai derby, sauf si on ne prend en compte que l’éloignement entre les deux villes. Pour que des derbies entrent dans l’histoire, il faut de la haine, une ambiance débridée, des controverses, des exclusions, des discussions arbitrales qu’on conteste longtemps, des défaites mémorables, …

En 2015, quand Bournemouth est monté en Premier League, certains ont brièvement tenté de monter la rivalité en épingle. On s’est mis à parler du New Forest Derby. Au bout des deux premières saisons, Bournemouth a terminé derrière Southampton, puis les rôles se sont inversés lors des deux années suivantes. Mais on a le plus souvent eu l’impression que les relations de voisinage restaient excellentes, qu’il était même possible de s’entraider. La saison dernière, avec la rétrogradation de Bournemouth, la série d’affrontements directs a de nouveau pris fin.

Ancelotti, une histoire de famille

King Carlo n’a pas perdu sa magie. Il ne bosse plus au plus haut niveau européen dans des clubs du calibre du Bayern, de Chelsea, de Naples, du PSG ou du Real. Il est un cran en dessous, à Everton. Farhad Moshiri, l’homme d’affaires anglo-iranien qui a été actionnaire d’Arsenal avec son partenaire Alisher Usmanov, a quitté ce club en 2016 pour se poser à Everton. Cet homme basé à Monaco, qui dépense sa fortune sur le marché russe, avait déjà essayé d’engager Carlo Ancelotti en 2017. Mais l’Italien avait refusé. Il a fallu attendre fin 2019 pour que le mariage ait lieu. Il y avait urgence parce que sous la direction de Marco Silva, Everton avait dégringolé dans les profondeurs du classement. Le jour où Ancelotti a coaché l’équipe pour la première fois, le lendemain de Noël, Everton occupait une inquiétante seizième place. Un an plus tard, jour pour jour, le club pointait en cinquième position.

Les meilleurs entraîneurs ne souffrent pas du poids des ans. Carlo Ancelotti a jusqu’ici dirigé 56 matches d’Everton et il en a gagné la moitié. En championnat, il n’a perdu aucun de ses trois affrontements avec le voisin, Liverpool – il s’est par contre incliné en coupe. L’été dernier, le noyau a subi une belle injection de qualité. Un joueur de niveau mondial, James Rodriguez, est arrivé. Et aussi Dominic Calvert -Lewin, un attaquant repris en sélection. Pour le reste, le redressement s’explique par un engagement de tous les instants et un groupe qualitatif en profondeur. On pointe aussi l’apport du fils Ancelotti, Davide, qui reçoit de plus en plus de responsabilités dans le travail tactique. Il a 31 ans et figure dans des staffs depuis une dizaine d’années. Il entamera les cours pour la Pro License cet été, en Italie. Pour vivre ensuite sa propre histoire comme entraîneur principal.

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