« La F1 est un sport qui peut être mixte, alors pourquoi n’y a-t-il pas de femmes dans les monoplaces ? »

Maintenant que la nouvelle saison de Formule 1 a commencé, Hanna Daniels de StampMedia se demande pourquoi il n’y a pas de femmes présentes dans les baquets d’écurie. La F1 est peut-être l’un des rares sports mixtes, mais c’est aussi l’un des plus sexistes, estime-t-elle.

Combien de femmes ont-elle marqué l’histoire de la Formule 1 ? Posez-vous cette question. Des femmes ont concouru en F1 entre les années 50 et même dans les années 90. Au total, on recense cinq femmes au départ d’un Grand Prix: les italiennes Maria Tesera de Filippis, Giovanna Amati et Lella Lombardi d’Italie, la Britannique Divina Galica et la Sudafricaine Desiré Wilson. Lombardi fut la plus performante puisqu’elle a participé à 12 courses. C’est également la seule à avoir terminé dans les dix premiers d’un GP.

Au fil des années, plusieurs femmes ont été pilotes d’essai et de développement pour différentes écuries de F1. Elles testent et développent une voiture de F1, mais ne prennent jamais elles-mêmes le départ d’une course. Actuellement, la Britannique Jamie Chadwick est un véritable talent émergent dans le sport automobile. Depuis 2019, elle est pilote d’essai pour l’équipe de Formule 1 Williams. Elle a également remporté deux fois la W-series, une compétition réservée aux femmes pour leur donner une chance au plus haut niveau du sport automobile.

Le dernier départ d’une femme à un Grand Prix de F1 remonte à trente ans. Depuis, le sport a évidemment évolué, tout comme les pilotes masculins ont évolué dans ce sport. Leurs homologues féminines ont également évolué.

Des hommes riches et ignorants

Pourtant, il y a peu de chances qu’une femme pilote de nouveau à court terme en Formule 1.L’une des raisons est évidemment l’argent. Ce dernier est investi par des hommes blancs qui se croient supérieurs aux femmes. Helmut Marko, le consultant de l’équipe Red Bull, a déclaré dans les colonnes du journal autrichien Kleine Zeitung en 2019 que « les femmes ne sont pas assez fortes ou agressives pour courir en formule 1. » En 2016, Bernie Ecclestone, le patron de la F1, affirmait que « les femmes ne seront jamais prises au sérieux en F1 parce qu’elles ne sont pas assez fortes pour conduire assez vite ». Enfin, Sir Stirling Moss, ancien pilote de Formule 1 surnomme « le champion sans couronne » car il n’a jamais été champion du monde, afiirmait ceci en 2013 : « Je pense que le stress mental est trop dur pour une femme. Elles ne peuvent pas faire face à cela. »

Selon ces messieurs, un pilote de F1 doit être fort, agressif et rapide. Il doit également être capable de gérer un grand stress mental. Alors pourquoi les femmes seraient-elles mentalement ou physiquement trop faibles pour la Formule 1 ? Pourquoi les femmes ne seraient-elles pas capables d’encaisser les 4 g de certaines accélérations ? Il y en a plusieurs qui sont pilotes d’avions de chasse, et qui doivent encaisser jusqu’à 9 g.

Jamie Chadwick en action sur le circuit d'Austin lors des W-series.
Jamie Chadwick en action sur le circuit d’Austin lors des W-series.© iStock

La force mentale est aussi un concept très vague. Il existe peu de recherches sur la force mentale nécessaire à un pilote de Formule 1. Plusieurs facteurs influencent le cerveau et les pensées. On ne peut pas tenir compte du sexe de la personne pour le définir. Si vous voulez vraiment comparer la force mentale des hommes et des femmes, pensez à toutes les femmes qui doivent subir des remarques sexistes. Cela demande aussi beaucoup de force mentale.

Comme pour les hommes finalement, ce dont une femme a vraiment besoin pour participer à des courses de formule 1 et les gagner, c’est de soutiens financiers puissants. Selon Sophia Flörsch, pilote allemande de Formule 3 âgée de 21 ans, les femmes ne sont pas aussi soutenues financièrement que leurs homologues masculins. C’est ce qu’elle affirmait une interview accordée à la chaîne de télévision allemande Deutsche Welle. Les sponsors veulent investir dans des femmes qui ont montré leur talent, mais c’est là que le bât blesse. Elles ne peuvent pas faire leurs preuves à partir du moment où elles ne peuvent pas courir dans les voitures les plus rapides du circuit. Dans la même interview, Flörsch expliquait qu’au début de la saison 2017 de F3, son budget était de 700 000 €. Les hommes des meilleures équipes disposaient du double.

Montagne d’or et de pétrole

S’il n’y a aucune femme pilote en Formule 1 aujourd’hui, ce n’est donc pas parce qu’elles manquent de talent ou de compétentes, mais parce qu’un petit groupe d’hommes qui contrôlent le spectacle ne les accepte pas. Nous sommes en 2022 et le monde dans son ensemble évolue vers plus d’égalité. La Formule 1, cependant, continuera à s’asseoir sur sa montagne d’or et de pétrole sous une stricte autorité masculine.

Les fans de sport automobile sont pourtant prêts pour un changement. Ils aimeraient voir Jamie Chadwick se frotter à ses collègues masculins. Les pilotes actuels sont encouragent d’ailleurs leurs consoeurs. Le septuple champion du monde Lewis Hamilton regarde et soutient les W-series : « Ces femmes sont géniales », a-t-il déjà déclaré par le passé. La prochaine génération de pilotes est prête. Elles veulent rouler et faire leurs preuves. Elles veulent battre les hommes. Le monde extérieur croit en eux. Maintenant, au monde de la F1 de faire pareil.

Par Hanna Daniel (Stamp/Media)

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