© ATP

Jérôme d’Ambrosio: « Ferrari et McLaren peuvent gagner une course cette saison »

Les indicateurs sont au vert et les fans de F1 n’attendent qu’une chose : que les cinq feux… rouges s’éteignent pour lancer le début d’une année 2021 qui s’annonce passionnante. Jérôme d’Ambrosio préface la saison pour Sport/Foot Magazine.

Lewis Hamilton sera-t-il à nouveau seul au monde ? Qu’attendre du retour de Fernando Alonso ou du rookie Mick Schumacher ? Jérôme d’Ambrosio, jeune retraité et actuel directeur adjoint chez Venturi Racing en Formule E, préface la saison à venir.

Qui sera champion selon vous ?

C’est difficile à dire. Mercedes reste la référence mais on a vu pendant les essais hivernaux que Red Bull a l’air en forme. Cela se jouera entre Lewis Hamilton et Max Verstappen, selon moi.

Vous évoquez Hamilton et Verstappen, mais pas Valtteri Bottas. Le Finlandais est-il à la hauteur de Mercedes ?

On n’est pas chez Mercedes si on n’est pas un bon pilote. Si on se base purement sur les résultats ces dernières années, c’est clair que Lewis a toujours eu le dessus. Valtteri a parfois réussi à le battre, mais sur tout le long d’une saison, il est un ton en-dessous. Vu de l’extérieur, Lewis semble encore avoir très faim et il n’y a aucune raison que son niveau baisse cette année. Mais peut-être qu’on aura des surprises parce qu’au plus de pilotes se battent aux avants postes, au mieux c’est pour le spectacle.

Qui pourraient être ces surprises ?

On a pu voir à Bahreïn que la grille se resserre. Le règlement n’a pas changé de manière drastique, donc je pense que ça rapproche les écuries. S’il y a une Safety Car ou un accrochage, on peut se retrouver avec des résultats inattendus, comme Pierre Gasly à Monza. Personnellement, j’espère qu’on reverra Charles Leclerc et Carlos Sainz aux avants postes pour avoir une bagarre avec trois écuries de pointe. Mais ça me ferait aussi plaisir de revoir Daniel Ricciardo gagner un Grand Prix. Mis à part Red Bull et Mercedes, je pense que Ferrari et McLaren ont des chances de gagner une course cette saison.

Vous attendez-vous à une déception ?

La situation la plus difficile est pour Mercedes. Cela fait sept ans qu’ils dominent la F1. On a l’attente de les voir dominer alors que rien n’est jamais acquis et que la compétition est féroce. Les gens s’attendent à les voir régner, c’est devenu une normalité alors que ça ne l’est pas. Concernant le nouveau règlement en 2022, ils ne vont peut-être plus dominer comme ils l’ont fait ces dernières années, mais je suis persuadé qu’ils vont rester compétitifs et qu’ils vont jouer pour la gagne.

C'est le grand retour en F1 de Fernando Alonso, chez Alpine.
C’est le grand retour en F1 de Fernando Alonso, chez Alpine.© PRESSASSOCIATION

Que peut-on attendre d’Alpine et principalement du retour d’Alonso ?

C’est difficile à dire. Alpine n’est pas loin des autres écuries du top. Je suis curieux de voir s’ils arrivent à se rapprocher de Red Bull et Mercedes. En interne, ça va aussi être intéressant parce qu’on va assister à un duel entre Esteban Ocon et Fernando Alonso. C’est une dynamique alléchante avec un pilote expérimenté face à un jeune qui a très faim. Ils peuvent créer des surprises et remporter une course. Ils ont fait de bons tests hivernaux, mais c’est très dur de juger par rapport à cela.

L’arrivée de Mick Schumacher en F1 fait beaucoup parler. Peut-il être à la hauteur des attentes malgré une Haas peu performante ?

J’espère pour lui. Il arrive en F1 avec un nom mais aussi avec un titre en F3 et F2. On ne peut pas lui en demander beaucoup plus. La Haas ne va certainement pas être la voiture la plus performante, il aura donc du mal à réaliser des miracles. Ce sera surtout une année d’apprentissage où il découvrira la dynamique du paddock F1, la voiture et un weekend de course.

On découvrira Mick Schumacher et Nikita Mazepin chez Haas, ainsi que Yuki Tsunoda chez AlphaTauri. Quel rookie vous plaît le plus ?

Je suis assez intrigué par Tsunoda. C’est un jeune pilote qui a peu d’expérience avec seulement deux saisons en monoplace en Europe. Il a l’air de vraiment bien fonctionner. Par rapport aux deux autres, c’est celui qui a la meilleure voiture.

Mick Schumacker, l'un des rookies de cette saison.
Mick Schumacker, l’un des rookies de cette saison.© IMAGO

Pensez-vous que Sebastian Vettel sera libéré après son départ de Ferrari et son arrivée dans une Aston Martin encourageante ? Comment voyez-vous sa relation avec Lance Stroll par rapport à celle qui l’a eue avec les jeunes Leclerc et Ricciardo ? Aston a décidé de se séparer d’un excellent Sergio Pérez pour attirer Vettel. L’Allemand est-il la bonne pioche ?

Est-ce qu’il était bloqué mentalement chez Ferrari ? Je ne sais pas. Ce dont je suis persuadé, c’est qu’un changement peut faire du bien. C’est toujours bon pour le moral d’ouvrir un nouveau chapitre. Concernant les relations avec les pilotes, ça se passait bien avec Kimi Räikkönen, mais il y avait clairement une hiérarchie car il n’y avait pas match : Vettel était tout le temps devant. Quand il a eu Ricciardo et Leclerc à côté de lui, on s’est retrouvé avec deux pilotes qui étaient aussi bien dans la voiture que lui. Quand on a deux gars très proches dans une écurie, ça peut amener des tensions comme on a vu chez Mercedes à l’époque avec Nico Rosberg ou entre Ayrton Senna et Alain Prost. Je ne pense donc pas qu’il y avait une mauvaise entente avec l’un ou avec l’autre, c’était juste un concours de circonstances. Si avec Stroll, il se retrouve tout le temps côte à côte, c’est possible qu’il y ait quelques frictions parce que ce sont des compétiteurs. Concernant Aston Martin, qui peut passer de la troisième à la sixième place sur des détails, c’est intéressant d’avoir un Vettel dans la voiture. Il a connu deux grandes écuries comme Ferrari et Red Bull et a une énorme expérience, ça peut faire évoluer une écurie. Il peut amener sa pierre à l’édifice, tant dans la voiture qu’en dehors.

Pour en revenir à Räikkönen, que vous avez côtoyé chez Lotus, que vous inspire cette longévité ?

J’aime beaucoup Kimi. C’est un passionné de course, de motocross, de rallye, de F1. Dans le privé, j’ai toujours trouvé que c’était quelqu’un de super sympa. C’est sûr qu’il a sa façon de faire, de gérer certains aspects de son weekend de course, de sa relation avec certaines entités. J’admire sa passion pour la conduite. Aujourd’hui il est toujours performant, quand on le compare à Antonio Giovinazzi ou qu’on voit son départ à Portimão. C’est un mec avec beaucoup d’expérience, il a une grande carrière et un talent incroyable. C’est un des plus grands talents purs sur ces vingt dernières années.

Pérez peut-il rivaliser avec Verstappen chez Red Bull ?

J’espère pour lui. Si l’on se base sur les quelques dernières années, tous ceux qui ont été à côté de Verstappen ont eu des difficultés. C’est un pilote exceptionnel et ce n’est vraiment pas facile d’arriver à sa hauteur. Pérez pourra peut-être s’en rapprocher, il a plus d’expérience qu’Alexander Albon ou Gasly, qui est pourtant un pilote exceptionnel. Mais battre Max, ce n’est pas facile. Il y en a très peu qui seraient capables de le faire. S’il y arrive, tant mieux pour nous et pour le sport, mais j’ai du mal à imaginer qu’il puisse le battre.

Max Verstappen doit être le principal concurrent de Lewis Hamilton.
Max Verstappen doit être le principal concurrent de Lewis Hamilton.© PRESSASSOCIATION

Sainz a-t-il fait le bon choix en rejoignant Ferrari ? Surtout quand on voit les mauvaises performances des Rouges et le retour en forme de McLaren.

On ne sait jamais quand ces contrats sont signés, si ça se trouve ça a été acté il y a un an et demi. L’annonce c’est une chose, mais la signature c’en est une autre. Ce n’est pas réaliste de juger sans savoir quand ni comment il a pris sa décision. Mais un poste chez Ferrari, c’est difficile à refuser parce que c’est une écurie mythique. Ils vont également mettre les choses en place pour revenir aux avants postes.

Pensez-vous qu’on retrouvera un Belge sur la grille de départ à court terme ?

Moi ? J’ai pris ma retraite (Il rit) ! Il n’y en a ni en F2 ni en F3 et aucun ne domine la scène internationale en karting, en catégorie inférieure, donc j’ai du mal à imaginer un Belge à court ou moyen terme en F1. Stoffel Vandoorne est vraiment en Formule E, donc je ne vois pas comment il pourrait retourner en F1, surtout qu’il y a des jeunes qui arrivent. Il a pris un autre chemin. Malheureusement je ne vois pas un Belge en Formule 1 dans les années à venir.

Par Mariano Spitzer

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire