ZORO, le retour

L’Ivoirien n’a plus marqué depuis deux ans. Mais les sensations reviennent.

« Incroyable ! Il n’en touche plus une. Il rate des contrôles faciles. Il ne fait plus rien de bon. A se demander s’il est encore joueur de foot. Il est méconnaissable.  » C’était en début d’année dernière, un Anderlechtois n’en revenait pas du spectacle offert par Gohi Bi Cyriac aux entraînements. L’Ivoirien était encore (un peu) blessé dans son corps et toujours (très) malade dans sa tête. Il n’avait que 22 ans mais même les optimistes ne croyaient plus trop à un retour après ses deux opérations aux ligaments croisés qui avaient précédé son arrivée à Bruxelles. Transféré pour 2 millions, il était l’un des gros flops de l’histoire récente d’Anderlecht, l’un des trois joueurs (avec Ronald Vargas et Matias Suarez) dont des problèmes de genou avaient fait perdre une quinzaine de millions à Anderlecht…

La victoire du week-end passé contre Bruges pourrait marquer un tournant pour l’Ivoirien. Bémol : il n’a pas marqué. Toujours pas ! Son dernier but en match officiel remonte à février 2012 avec le Standard – celui qu’il a mis en Coupe de Belgique contre Eupen reste anecdotique. Mais à côté de ce bémol, il y a des raisons d’espérer. On revoit un Cyriac qui enchaîne les démarrages spectaculaires, qui court vite, qui saute haut et qui se rapproche même de la finition. C’est sa marque de fabrique, et si les genoux ne sont pas à 100 %, des joueurs comme lui sont perdus, inutiles. Autre motif d’encouragement : il a été bon contre Bruges aux côtés d’Aleksandar Mitrovic, qui a enfin marqué contre une équipe du Top 6. Le Serbe a joué son meilleur match face à un grand depuis son arrivée, ce n’est pas un hasard. Il a besoin de soutien, il cache à peine qu’il se sent mieux dans un 4-4-2 que dans le 4-3-3 habituel. Après le match, John van den Brom se félicitait aussi de son changement de système :  » Anderlecht ne se résume pas au 4-3-3.  » Pour résumer : le duo Mitrovic – Cyriac pourrait être la solution d’avenir. On se souvient qu’au Standard, Cyriac avait constitué un duo d’enfer avec Mémé Tchité. Et, plus près de nous, les Mauves ont posé quelques jalons de leur titre 2012-2013 en alignant la paire Dieumerci MbokaniTom De Sutter.

 » Et si j’allais bosser à Brussels Airlines ?  »

Gohi Bi Cyriac a retrouvé la banane.  » Un but pourrait définitivement me relancer « , dit-il. Et l’ambition :  » Michy Batshuayi est un très bon attaquant mais je crois en mes qualités et je ne lui dois rien. Je ne me fais pas de soucis, je sais que je peux retrouver le niveau que j’avais au Standard.  » Quand il a quitté le jeu à un quart d’heure de la fin face à Bruges, il a été applaudi et le kop a scandé son nom. Un discours et un public qui tranchent avec la tristesse de fin d’année passée. Car il a été fortement question d’un prêt, histoire qu’il retrouve du temps de jeu et de la confiance. Mircea Rednic l’aurait voulu à Gand, Cyriac lui rappelle les deux flèches qu’il a lancées la saison passée au Standard, Michy Batshuayi et Imoh Ezekiel.  » Il serait parfait pour le jeu rapide et vertical que j’ai en tête « , affirma le Roumain. Et Dimitri Mbuyu s’est renseigné pour Mons. Oui, Cyriac à Mons… En décembre, on avait l’impression que Van den Brom avait enfin trouvé son équipe : pas une seule fois, Cyriac n’en avait fait partie, et il n’était même plus monté au jeu. Et, en plus, Anderlecht s’était remis à enchaîner les victoires.

A ce moment-là, Gohi Bi Cyriac est toujours persuadé qu’il a bien fait de quitter le Standard ( » Le joueur qui veut aller haut en Belgique est obligé de passer par Anderlecht « ) mais il est aussi convaincu que ce serait mieux d’aller voir ailleurs. Il lâche :  » Je ne sais pas ce que je vais faire.  » Il ironise :  » Peut-être aller travailler à Brussels Airlines ? C’est dur de ne plus faire partie des plans parce que je m’entraîne bien et j’ai l’impression d’avoir retrouvé toutes mes sensations. Il faudrait simplement qu’on me donne l’occasion de le montrer.  » Il a alors une discussion avec Herman Van Holsbeeck. Il conclut que  » ça doit changer. Je veux voir plus clair en janvier. Des équipes sont intéressées par une location. Si je dois m’en aller, je préférerais que ce soit à l’étranger. Et je n’exclus même pas un départ définitif.  » Van Holsbeeck confirme que le risque d’une séparation existe :  » Ce n’est pas facile de revenir au top après deux blessures aussi graves. Mais tout le monde le portait aux nues il y a trois ans et nous sommes toujours convaincus qu’on peut revoir le meilleur Cyriac à Anderlecht. Seulement, notre médecin nous a expliqué qu’après une opération des ligaments croisés, il fallait au moins un an pour retrouver un bon niveau.  »

Cyriac – Van den Brom :  » Je te fais confiance, moi non plus  »

Avec John van den Brom, ça n’a pas toujours collé. Premier couac : ouverture du championnat et la défaite à domicile contre Lokeren. Cyriac est titulaire, pour la première fois depuis son arrivée. A la mi-temps, le coach lui annonce qu’il ne remonte plus sur le terrain. Et après le match, le Hollandais fustige le niveau de jeu de plusieurs joueurs. Il ne cite pas de noms mais on comprend que Cyriac est visé. Deuxième couac : début octobre, de nouveau à domicile, contre Courtrai. Encore une défaite. Cyriac joue tout le match : jusqu’à présent, c’est sa seule rencontre officielle complète avec Anderlecht. Mais il rate tout ce qu’il entreprend, notamment le but de l’égalisation après avoir dribblé le gardien, et le public le prend en grippe. Déjà, à ce moment-là, il se demande publiquement si un prêt ne serait pas une bonne solution pour tout le monde.  » Je peux comprendre les sifflets. Ça fait mal, mais quand on joue comme attaquant à Anderlecht, on est censé mettre des buts, point à la ligne. Malheureusement, les supporters tiennent rarement compte du passé physique d’un joueur. Pour eux, le fait de revenir d’une longue blessure n’est pas un argument.  » Troisième couac : match à domicile contre Benfica, en novembre. Cyriac n’est même pas repris. Van den Brom s’explique :  » Il ne s’était pas entraîné sérieusement pendant une dizaine de jours et il vient un moment où l’entraîneur doit prendre des décisions. La seule chose à faire dans ce cas-là, c’est faire sauter le joueur du groupe en espérant que ça va le réveiller.  » Et ça a marché : après cela, Cyriac a fait  » des entraînements fantastiques.  » Fin des hostilités.

Le tournant a eu lieu lors du stage de janvier. Gohi Bi Cyriac y a retrouvé le chemin du but, lors d’un match amical contre Wolfsbourg. Il a abandonné ses idées de départ. Et il a fait comprendre qu’entre John van den Brom et lui, tout était rentré dans l’ordre :  » J’ai fait un très bon stage, je me sens bien. Je sais qu’on a écrit beaucoup de choses sur moi dans les journaux mais je ne m’y intéresse pas trop. C’est le coach qui fera l’équipe pour les matches à venir, pas la presse.  »

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTOS : IMAGEGLOBE

En décembre, il a été question d’un prêt à Mons !

 » Je vaux Batshuayi  » Gohi Bi Cyriac

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