Zolder? Snif…

Difficile de faire mieux que la saison passée, mais l’Australien a promis d’essayer.

Robbie McEwen compte rouler 13 jours au Tour d’Italie, qui démarre samedi de Lecce. Il veut aussi conserver des forces pour le Tour de France. L’année dernière, cette tactique lui avait réussi. Il avait éclaté, gagnant le GP de l’Escaut, Paris-Bruxelles, le Tour de Zélande, deux étapes du Giro et du Tour, et 22 autres courses, de quoi le propulser parmi le Top 5 du classement UCI. Le sprinter australien de Lotto-Domo aborde ces semaines cruciales avec sérénité.

Votre chute au GP de l’Escaut n’a pas laissé de traces?

Robbie McEwen : Les écorchures à la cuisse ont bien guéri. Je ressens encore quelques douleurs musculaires mais ça va. Je n’ai raté aucun entraînement. Les deux premiers jours, j’ai dû me forcer à monter à vélo mais c’est encore pire quand on arrête. Veenendaal-Veenendaal m’a rassuré: j’ai couru en tête 140 des 208 kilomètres pour terminer troisième.

Angélique, qu’avez-vous pensé en voyant Robbie tomber?

Angélique Pattyn : J’étais à l’arrivée et j’ai vu la chute sur l’écran géant. On pense toujours au pire, surtout depuis l’accident mortel de Kivilev, mais Robbie m’a rapidement téléphoné de l’ambulance, pour me rassurer.

Robbie : Je me suis vite redressé, sachant que les caméras étaient braquées sur moi. Comme ça, Angélique a vu que j’étais conscient.

Le cyclisme n’est pas exempt de dangers. Y songez-vous souvent?

Angélique : éa peut vous arriver en traversant la rue aussi mais dans les chutes collectives. Je retiens mon souffle et je suis chaque fois soulagée de voir qu’il n’en fait pas partie. J’aime les sprints massifs tout en ayant peur. Ils sont plus passionnants qu’une échappée qui se prolonge jusqu’à l’arrivée.

Après votre chute, vous avez déclaré que ceux qui n’avaient rien à gagner au sprint feraient mieux de ne pas s’en mêler.

Robbie : Ils ont le droit de rouler où ils veulent mais ils doivent comprendre ce qu’ils peuvent faire ou non. Cow-boy?

Eric Vanderaerden a écrit dans un éditorial que vous feriez mieux de vous taire car vous vous comportez en cow-boy.

Robbie : Il m’appelle comme ça? Je sais que je fais bien mon boulot. Qu’il s’occupe de ses affaires.

Il pensait au Mondial de Zolder. Erik Zabel n’était pas ravi non plus. Il a dit: « Si McEwen a besoin d’aide un jour, qu’il ne compte pas sur moi ».

Robbie: Il ne m’a jamais aidé et ne le fera jamais. Zabel était piqué au vif car il n’a pas l’habitude d’être balayé par un autre. Entre-temps, il a certainement relativisé l’événement.

Il ne sera jamais votre meilleur ami?

Robbie: Pas plus que mon pire ennemi. Juste un concurrent. Nous ne nous parlons pas. Nous ne sommes pas bavards en course…

Quel regard portez-vous sur ce Mondial? Etait-ce une occasion ratée?

Robbie: On annonçait Zolder comme la course des sprinters. J’étais sur le podium avec Cipollini et Zabel, les deux plus rapides de leur génération. J’en suis fier et déçu à la fois car j’ai raté une chance unique d’être champion du monde.

A Zolder, vous vous êtes incliné face à Mario Cipollini, qui sera sans doute votre principal rival au Giro et au Tour. Reste-il le plus rapide du peloton?

Robbie : Un des plus rapides. Il dispose surtout d’une équipe exceptionnelle.

Les tiraillements chez Domina Vacanze après Gand-Wevelgem peuvent-ils lui jouer des tours?

Robbie : S’il y a effectivement eu une dispute, elle sera sans suite. Giovanni Lombardi se comportera en professionnel, comme il l’a toujours fait.

Vous ne disposez pas d’une équipe comme Domina Vacanze. C’est un handicap?

Robbie : Beaucoup de garçons peuvent quand même m’aider à préparer un sprint. D’ailleurs, avec Cipo et son équipe dans le peloton, il est préférable de calquer son sprint sur eux et de prendre leur roue.

La saison passée, Robbie nous a confié ne plus douter de lui. L’avez-vous remarqué?

Angélique : Oui mais le succès ne l’a pas changé. La seule différence, c’est qu’il accorde plus d’interviews.

Avez-vous le sentiment d’avoir progressé depuis la saison passée?

Robbie : C’est encore difficile à dire. J’ai souffert du genou au Tour Down Under. En deux ans, j’ai appris à connaître mon corps. Je sais ce que je dois faire pour retrouver ma forme. Je ne pense pas avoir progressé physiquement en un an.

Vous avez gagné une classique, A Travers les Flandres.

Robbie : Les grands l’ont disputée et ils étaient en forme, à dix jours du Tour des Flandres. éa m’a stimulé. Objectif Giro

Allez-vous adapter votre programme pour gagner d’autres classiques?

Robbie : J’avais le choix entre les courses flamandes et le Giro. Depuis deux ans, j’opte pour le Tour d’Italie parce qu’un sprinter y a plus de chances de gagner. J’aimerais courir le Tour des Flandres – je ne l’ai plus fait depuis 1998. Après tout, j’habite dans la région. Les gens m’ont interpellé à ce sujet après ma victoire à Waregem. Ils étaient déçus que je n’y participe pas.

Cette année, vous avez tout misé sur la victoire à Milan-Sanremo. Dans la descente du Poggio, vous avez tenté, seul, de rejoindre le groupe de tête. Une tentative désespérée?

Robbie : Peut-être mais j’avais jeté mon dévolu sur l’épreuve, j’avais couru 300 km pour gagner et voilà que l’épreuve m’échappait. Au sommet, le peloton des échappés avait six secondes d’avance et les a conservées alors que l’année dernière, il avait perdu les dix secondes gagnées en côte. Le peloton n’a donc pas roulé dans le descente, cette fois. J’étais 25e au sommet. éa n’allait pas assez vite. Je suis parti, personne ne m’a suivi et il m’a été impossible de combler cet écart sur les derniers kilomètres, plats. J’ai été rattrapé à un kilomètre de l’arrivée. Il aurait été plus profitable à l’équipe que je termine dans le Top 10, pour prendre des points UCI, mais j’avais d’autres intentions. C’était tout ou rien.

Comme l’année dernière, vous abandonnerez avant les Dolomites, au Giro. Pour préparer le Tour?

Robbie : Non, le Tour d’Italie est un objectif en soi. Je veux y gagner une étape, mais pas le maillot vert.

Vous voulez arriver à Paris avec le maillot vert?

Robbie : Si possible, mais comme l’année dernière, je viserai avant tout une victoire d’étape. Si on se concentre vraiment sur le maillot vert, dès le premier jour, il faut se mêler aux sprints intermédiaires. En ne le faisant pas l’année dernière, j’ai perdu 20 points au moins. Je ne sais pas encore ce que je vais faire. Je verrai après le prologue.

Rik Verbrugghe vise un bon classement et vous êtes le fer de lance de l’équipe dans les étapes plates. Est-ce possible?

Robbie : Rik peut briguer un bon classement mais pas le podium. Il ne faut donc pas l’entourer d’une équipe complète. Nous n’avons d’ailleurs pas les coureurs nécessaires. Par contre, nous disposons d’hommes capables de provoquer un sprint massif. L’année dernière, les coureurs de classement (Rik avant sa chute, Mario Aerts et Christophe Brandt) ont roulé en tête pour préparer les sprints.

Patrick Lefevere a déclaré que vous étiez ravi d’être débarrassé de la bande de Farm Frites et de ne plus devoir rouler avec Van Petegem.

Robbie : Il a dit ça? C’est un menteur. Je lui ai à peine parlé cette année, d’ailleurs. Alors, tenir des propos pareils…

Vous retravaillez avec Marc Sergeant et Hendrik Redant…

Robbie : Chez Domo, j’ai à peine croisé Marc Sergeant, qui s’occupait des classiques, mais j’ai toujours eu de bonnes relations avec ces deux hommes. Leur arrivée m’a donc ravi. Lefevere essaie toujours de semer la zizanie dans les autres équipes.

Il met en doute la qualité de vos entraînements.

Robbie : Domo-Farm Frites a remporté 20 victoires, moi neuf. C’est suffisamment éloquent, non?

Roel Van den Broeck

« Patrick Lefevere est un menteur »

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