Zèbres en tête

Le capitaine des Rouches avait le masque après la dégelée subie contre les Hurlus. Il s’agit déjà de se rattraper à Charleroi.

L’automne n’a pas encore frappé à nos portes mais le vieil arbre rouge a déjà perdu beaucoup de feuilles. Il ne reste plus qu’à attendre un été indien afin de redresser la barre mais, en attendant, les dégâts sautent aux yeux: le Standard se retrouve déjà à huit points d’Anderlecht et de Bruges.

Pourtant, les Liégeois ont manifesté de gros progrès contre la troupe de Hugo Broos. En première mi-temps, après 20 minutes de jeu, ils prirent les affaires en mains, rentrèrent aux vestiaires avec le sentiment qu’un succès était envisageable. GonzagueVan Dooren s’était forgé deux occasions de but, Ali Lukunku avait régné dans les airs, Rabiu Afolabi tira même sur le montant du but d’un remarquable Filip De Wilde. Les styles des deux formations étaient bien typés. Anderlecht est revenu à un 4-4-2 réaliste et lui procurant une aussi bonne géométrie en largeur qu’en profondeur. Les Bruxellois s’attendaient à croiser le fer avec un Standard énergique et athlétique: ce fut le cas mais les Mauves ont du répondant en ce domaine.

Robert Waseige disposa ses pions de façon un peu différente avec l’accent mis sur la profondeur mais en liaison plus harmonieuse que lors des deux premières journées avec la ligne médiane. Sur les ailes, Michaël Goossens et Gonzague Van Dooren étaient chargés de ravitailler Ali Lukunku. Cela fonctionna durant la première mi-temps. L’entrejeu liégeois prit même la mesure du « QG » mauve, Walter Baseggio et YvesVanderhaeghe accusant alors, peut-être, les fatigues de Belgique-Pologne. Anderlecht ne vacilla pas, resta en ligne, garda les idées claires et on vit, à plus d’une reprise, que deux gaillards jouèrent de la voix: Glen De Boeck et Yves Vanderhaeghe.

Défaillance morale

Leur but était de réveiller tout le monde, de bander les énergies, de gagner un peu de temps, de mettre la pression sur l’arbitre, d’utiliser intelligemment toutes les ficelles du métier quand le Standard semblait sur le point d’imposer sa loi. C’est ce que l’entraîneur des Rouches appelait l’auto coaching sur le terrain qui ne fait pas partie du vocabulaire de ses joueurs pour le moment.

Si la bataille des lignes médianes tourna à l’avantage des Principautaires en première mi-temps, on nota des différences entre les deux paires. Johan Walem et Harold Meyssen se ressemblent et aucun des deux n’a la rage de Vanderhaeghe à la récupération. Le binôme Baseggio-Vanderhaeghe est plus complémentaire que celui des Rouches. Walem réalisa une très bonne première mi-temps avant de rentrer dans le rang par la suite. Le problème de la ligne médiane demeure entier sans pare-chocs de métier. Un tel élément ferait du bien à tout le monde, y compris à la défense privée cette fois d’ EricVan Meir (sur le banc) qui n’a pas encore trouvé son rythme de croisière. Sur les ailes, Gonzague Van Dooren et Michaël Goossens ne sont pas émergeants: leur prestation fut intéressante face aux Bruxellois mais sans plus.

Dès la reprise, Anderlecht haussa le rythme deséchanges et exploita rapidement une occasion. Suite à une perte de balle, Ivica Mornar se retrouva pour une fois seul sur son aile et tenta un de ses rares assists. Bingo: le centre de la défense liégeoise fut surprise et Ki HycomSeol fit exploser Filip Susnjara en même temps que le site internet de son club: c’était la fête à Anderlecht et en Corée.

A ce moment, il était intéressant de voir comment le Standard allait s’y prendre afin de redresser la tête. Le match était-il plié ou allait-on noter un sursaut moral dans le chef des Liégeois? Question intéressante car le Standard avait piqué du nez quand les événements ne lui furent pas favorables contre Mouscron et à Charleroi. Cette défaillance morale intrigua à nouveau de nombreux journalistes contre Anderlecht. Elle ne fut pas aussi triste que lors de la première journée de championnat. Cette fois, le Standard resta en ligne et inquiéta même Filip De Wilde mais cela manquait de feu comme si le messe était dite mais qu’il fallait attendre le ite, missa estdu curé de la soirée, LucHuyghe.

A la recherche du temps perdu

Les Liégeois abusèrent alors de longs ballons, ce qui était du pain bénit pour Glen De Boeck et l’impressionnant Hannu Tihinen. Il n’était plus question de patience dans la ligne médiane où Harold Meyssen et Johan Walem étaient moins présents que durant la première moitié de la rencontre. Anderlecht pouvait manoeuvrer à l’aise et trouva de plus en plus régulièrement de l’espace avant de marquer son deuxième but par Clayton Zane. Le coach releva, à raison, le courage de ses joueurs, déçus par le résultat, qui méritaient mieux, mais nota aussi que son groupe ne disposait pas de gueulards.

Le Standard présentera probablement de nouveaux joueurs cette semaine. Après une prise suédoise, quels seront les autres gros poissons? Robert Waseige suivait une piste le week-end dernier mais ne révéla aucun nom et répéta sa confiance à l’égard de son noyau. Dans le groupe, le sentiment de quelques joueurs était favorable à l’arrivée d’un homme fort dans chaque ligne. Cette équipe n’a pas de patron, pas de véritable hiérarchie et si cela peut convenir à certains vestiaires,ce n’est pas le cas au Standard.

Il est un peu étrange que la direction n’ait pas perçu cette évidence en été. Elle doit se lancer maintenant à la recherche du temps perdu. La seule arrivée de Robert Waseige n’était pas suffisante. Il ne peut pas réaliser de miracles sans leader. La Belgique aurait-elle réalisé le même parcours en Coupe du Monde sans Marc Wilmots? Poser la question, c’est répondre aux problèmes actuels du Standard. Le prix à payer se chiffre désormais à huit points d’écart au classement général par rapport aux cadors du championnat.

Même si tout peut changer très vite,l’Europe s’éloigne déjà. Elle est devenue un mirage via le championnat. En fin de semaine, le Standard se rendra à Mons, animé par la rage de rester en D1 avant de recevoir le puissant Bruges d’ AlinStoica. Pas question de trembler car on ne parlera alors plus de pain noir mais de famine.

Pierre Bilic

Pas d’autocoaching et pas de patron

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