Yves Buelinckx

Le fils du coiffeur le plus célèbre de Hal a, un jour, inscrit trois buts pour le Club Bruges lors d’un déplacement à Ostende. Dans la foulée, on lui a proposé un contrat de cinq ans dans la Venise du Nord. Aujourd’hui, il a repris le salon de coiffure de son père.

« J’ai tourné la page du football. J’ai joué 26 ans en équipe Première, de la D1 à la P3, c’est plus qu’assez « , rigole Yves Buelinckx. Il a raccroché les crampons il y a deux ans, à la veille de son 43e anniversaire. Son dernier club a été le SK Leeuw, en P2. L’entraîneur aurait aimé qu’il joue encore un an, mais il a refusé.  » J’ai été flatté de sa proposition, bien sûr, mais je sentais que le corps ne suivait plus.  »

Il s’est trouvé une nouvelle passion : les courses de fond. Les 10 kilomètres de Knokke, le marathon d’Eindhoven, des courses de rues. Et il s’est investi à plein temps dans le salon de coiffure dont il a hérité de son père, dans le centre de Hal, la ville du Brabant flamand où il a grandi, à la périphérie de Bruxelles.

 » Avant de devenir professionnel, j’aidais déjà mon père au salon. Lorsque j’ai quitté le haut niveau et que papa a ressenti le besoin de passer la main, j’ai su où se trouvait mon avenir.  »

Le nom Buelinckx est célèbre dans la vallée de la Senne. En 2007, Theo, le papa, a été élu meilleur attaquant de l’histoire du SK Hal, un club centenaire. C’est ce même club qui a jugé le petit Buelinckx insuffisant, alors qu’il n’avait pas encore 20 ans. Il a trouvé son bonheur à l’AFC Tubize, en P2 l’époque. Deux ans plus tard, après deux montées successives et 47 buts en 60 matches pour les Sang et Or, il a reçu une proposition du Club Bruges.

 » Un homme a téléphoné et a tenté de se faire comprendre en s’exprimant dans un français hésitant. Il pensait sans doute que nous étions francophones. J’ai cru à une blague  » (il rit).

Mais la proposition était très sérieuse. Raoul Lambert avait visionné l’ailier gauche et avait été impressionné : à prendre les yeux fermés. Le RWDM, Waregem, Beveren et Genk suivaient aussi le jeune footballeur depuis un moment, mais Antoine Vanhove – l’administrateur délégué des BlauwenZwart – s’était alors montré le plus persuasif.

 » Il nous a invités, papa et moi, à visiter les installations. Subitement, nous sommes tombés nez à nez avec Daniel Amokachi.  »

Hat-trick à Ostende

Yves a signé un contrat de deux saisons dans la Venise du Nord. Le paternel n’en attendait pas grand-chose :  » J’espère qu’un jour, tu seras au moins sélectionné dans le groupe des 14 « , lui avait-il dit en substance. Mais, un an et demi plus tard, le fiston était titulaire contre Chelsea, livrant le meilleur match de sa carrière.

De fait, tout est allé très vite pour lui. La première saison, il a joué avec les Espoirs du Club, aux côtés d’Olivier De Cock, Björn De Coninck, Nico Verheyen et Ricky Begeyn notamment.  » Mais le meilleur, lors des petits matches d’entraînement, était… le T2, Alex Querter. Il venait d’arrêter sa carrière de joueur et maniait parfaitement le ballon des deux pieds.  »

L’adaptation au plus haut niveau a été relativement laborieuse. Certains joueurs avaient reçu une formation de dix ans dans les catégories d’âge d’un grand club et rêvaient d’une carrière professionnelle. Pour le citoyen de Hal, le football était un hobby. Précédemment, il s’était simplement entraîné quelques soirs par semaine dans un petit club.

 » J’aimais jouer au football mais cela n’allait pas plus loin. Mais, en m’entraînant avec tous ces joueurs-là, j’ai progressé très rapidement.  »

Après un an et demi, au sortir de la trêve hivernale, il a été intégré au noyau A et n’a pas tardé à disputer ses premiers matches, car les trois gauchers étaient blessés : Stephan Van Der Heyden, Gert Claessens et Tomasz Dziubinski. Une date avait été fixée pour discuter de son avenir avec Antoine Vanhove. La veille, il s’est mis en position de force en inscrivant trois buts lors d’un déplacement à Ostende : 1-6.  » On m’a directement proposé un contrat de cinq ans.  »

Ces trois buts à Ostende, c’était un coup d’éclat sans lendemain.  » Le nouvel entraîneur, Hugo Broos, n’effectuait jamais de rotations, alors que j’aurais préféré me reposer un peu entre certains matches. Pendant trois mois, j’ai tout joué, jusqu’à ce match à Stamford Bridge où j’ai été remplacé à la mi-temps. Après cela, je ne suis plus réapparu dans l’équipe.

La saison suivante, j’ai très peu joué. Bruges a remporté le titre, mais je n’ai jamais eu l’impression d’y avoir contribué. En revanche, je suis fier d’avoir aidé au maintien de La Louvière, deux saisons d’affilée. J’étais un joueur important au Tivoli, j’étais titulaire chaque semaine.  »

Trop facile en D2

L’aventure brugeoise s’est terminée. Le Club a prêté Buelinckx à Beveren, où une pubalgie l’a fort handicapé. Il a retrouvé son instinct de buteur à Denderleeuw.  » En D2, c’était trop facile pour moi. L’idéal, c’eût été une série intermédiaire, comme la 1B actuellement.  »

Buelinckx a connu de nombreux clubs : le RWDM, La Louvière, Strombeek, Tubize, l’Union, Ternat, Hal et le SK Leeuw, où il a écrit les dernières pages d’une longue carrière.  » Après 15 saisons professionnelles, j’ai encore éprouvé beaucoup de plaisir à jouer dans les séries provinciales. J’étais aussi motivé pour un match avec le SK Leeuw que pour un Topper entre Bruges et Anderlecht.  »

Buelinckx a été meilleur buteur de D2, et figure toujours dans le Top 5 de tous les temps de cette division. Il a un jour inscrit sept buts ( ! ) dans un match contre Bon Air Sport, en Provinciale. Mais plus encore que ces chiffres et ces buts :  » Le plus beau compliment que j’aie reçu, c’est lorsqu’on m’a dit que j’étais toujours resté le même.  »

par chris tetaert – photo belgaimage

 » Je suis fier d’avoir contribué au sauvetage de La Louvière deux saisons d’affilée.  » – Yves Buelinckx

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