YANNICK FERRERA – SAINT -TROND

Tous les mois, Alexandre Teklak, décortique le jeu d’une équipe. En guise de première, notre consultant nous révèle les clefs du système de Yannick Ferrera.

ORGANISATION DÉFENSIVE EN 4-4-2

Sur attaque posée adverse, Saint-Trond propose un bloc  » médian-bas  » avec lignes serrées et travail de coulissement discipliné. Avec peu d’espace disponible pour les joueurs aimant se  » balader  » entre les lignes.

Une première ligne de 2 est composée d’Ono et MBombo / Boli : l’un interdit la passe vers le 6 adverse, l’autre presse le défenseur central de manière à amener le ballon sur le côté.

Cette préparation est importante afin d’enclencher le pressing collectif, on appelle ça l’élément déclencheur, identifiable pour tous ! À partir de là, le joueur le plus proche du ballon cadre le porteur, les autres peuvent aisément couper les lignes de passe et jouer l’interception.

Vu le positionnement de départ, les courses d’approche se font de l’intérieur vers l’extérieur, ce qui dissuade l’adversaire de jouer dans l’axe, zone dans laquelle le carré défensif formé par Erichot / Artabe et Schoofs / Angban reste serré et compact.

TRANSITION APRÈS RÉCUPÉRATION

En football, la phase qui précède la récupération est intimement liée au contre qui va suivre. YannickFerrera possède en ses trois médians offensifs, son attaquant de pointe et ses deux latéraux, des joueurs d’action, extrêmement rapides, techniquement doués dans le 1 contre 1 et multipliant les courses verticales dès la récupération du ballon.

Comme l’illustre le schéma, Mbombo/Boli joue un rôle prépondérant dans la conservation du ballon sur la première passe toujours verticale (inhérente à la transition), le médian offensif le plus proche, Dompé dans le cas qui nous occupe, assure un soutien immédiat pour ensuite gicler dans la profondeur, appuyé par le dédoublement de Bagayoko (phases de transition qui se reproduisent très souvent à droite comme à gauche avec un Rherras tout autant porté vers l’avant). Leur grande force c’est, en plus, d’amener du monde dans les 16 mètres à la réception des centres.

PRESSING HAUT + RECONVERSION

Dans le cas d’un pressing haut, les Limbourgeois identifient très bien les moments de rupture à exploiter. Là, contrairement au point précédent, ils décident de cibler les actions adverses favorables à la reconquête du cuir et de harceler de manière très intense et agressive le porteur en phase de possession basse.

Exemple : avec un défenseur faible techniquement (le n°3 dans notre exemple), Ono va forcer via sa course le défenseur central gauche n°4 à transmettre au n°3. Le piège est ainsi tendu, moment choisi pour enclencher le pressing haut !

Encore une fois, le quatuor Ono, Mbombo / Boli, Dompé, Edmilson est mis à contribution. Il faut observer (surtout à domicile) les changements de rythme violents pour mettre sous pression l’opposant direct. Le jeu long imprécis devient la seule possibilité pour l’adversaire de se défaire de la pression, ce qui fait bien les affaires des tours que sont Angban, Artabe et Erichot.

CONCLUSION

Saint-Trond et son coach utilisent un projet de jeu dit classique mais très bien appliqué et surtout cohérent par rapport à un promu qui doit très vite assurer son maintien avec des éléments jeunes, revanchards. Ils profitent d’éléments surprenants pour l’adversaire :

A domicile, leur terrain synthétique est un véritable atout (aucune équipe en JPL ne joue sur ce type de pelouse), la vitesse, les rebonds sont des paramètres auxquels il faut pouvoir s’adapter.

Le recrutement de Saint-Trond est en corrélation avec le point précédent, des joueurs offensifs vifs, rapides, techniques et possédant une action individuelle dans le 1 contre 1.

Le tort des équipes qui se sont déplacées à Saint-Trond jusqu’à présent fut de vouloir à tout prix prendre le jeu à leur compte, c’est en fait en ayant le ballon qu’elles sont le plus en danger (stats de possession de balle bien souvent à l’avantage de l’équipe visiteuse). Bruges et Genk l’ont appris à leurs dépens…

Sans une maîtrise technique et un contrôle permanent du match (en possession comme en perte), il est évident que vous vous exposez à des contres qui peuvent faire très mal tant la hauteur du bloc adverse, et donc la profondeur à exploiter, deviennent un régal pour Saint-Trond.

L’intensité, la générosité, l’impact physique sont primordiaux, le danger c’est d’y mettre trop d’impétuosité, des joueurs comme Rherras, Bagayoko défendent avant tout sur leur qualité de vitesse et moins sur un bon jeu de position défensif, d’autres comme Edmilson sont parfois dans l’excès d’engagement.

Savoir gérer l’enthousiasme sera aussi une des clés pour mener à bien le projet mis en place par Ferrera, lui qui est un coach rationnel, analytique et pragmatique. Ferrera apprécie particulièrement la mise en place prônée par DiegoSimeone, le coach de l’Atletico Madrid, qui est un adepte du jeu rapide et de l’organisation défensive stricte.

Bref, on peut s’attendre dans les semaines à venir à une certaine adaptation des visiteurs, plus de prudence à l’égard des joueurs-clés et moins de naïveté. D’ici là, les Trudonnaires comptabiliseront peut-être déjà un  » matelas  » comptable suffisamment confortable pour vivre une saison tranquille…

PAR ALEX TEKLAK

Saint-Trond et son coach utilisent un schéma très bien appliqué et cohérent pour un promu avec des éléments jeunes et revanchards. ALEX TEKLAK

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