© BELGAIMAGE

Y a pas de vérité

Avant son match du week-end passé à Liverpool, Manchester United était premier au classement. Manchester City est virtuel deuxième s’il gagne son match en retard. Il se passe un truc de fou dans cette ville de ouf qu’est Manchester. Ses deux clubs font de la magie. Des tours de passe-passe. Les uns en faisant beaucoup, des passes, les autres en privilégiant le « ça passe ou ça casse ». Du côté de United, y en a un qui nous a trop souvent cassé l’enthousiasme. Le grand Paulo.

Pogba a toute la palette d’un grand footballeur: physique, technique, athlétique, tactique. Mais il n’a pas le mental des très grands. Ou plutôt si, mais à géométrie variable. Du coup, sa palette se résume trop souvent à du noir et blanc. Ça trottine dans la tête, et donc sur le terrain. Les grands champions sont ceux qui sont là, match après match. En finale de Coupe du monde comme contre Burnley. Mais la stabilité mentale et émotionnelle est difficile à trouver quand on est constamment en instance de départ. Quand on a un agent qui a fait du « marketing médiatique » sa grande spécialité. En attendant, Pogba a grandement participé au réveil de Man United. Il est leader du classement. Comme du temps de Sir Alex. Depuis sa retraite, c’est la première fois. Huit ans d’attente. Ça ne garantit rien, mais c’est déjà ça.

Dix ans que je dois argumenter pourquoi je trouve Witsel indispensable. Et là, tout d’un coup, tout le monde semble le penser.

Un qui semblait avoir perdu sa garantie, c’est bien Pep Guardiola. À bout de souffle et surtout d’idées dans l’étouffoir de la colonne de droite. Mais depuis deux mois, son moi est de nouveau compris par le nous. Son explication est surréaliste, mais tellement « guardiolienne ». « J’ai dit à mes joueurs qu’ils couraient trop! » En guardiolien, ça veut dire que c’est le ballon qui doit se fatiguer. L’énergie, c’est pour le récupérer. Quand c’est fait, c’est de l’ingénierie. Le plus effrayant, c’est qu’elle n’est pas encore totalement au point, mais rapporte déjà beaucoup de points. Ça marque peu, mais encaisse encore moins. La perf’, c’est d’être dans la course au titre avec un buteur qui n’a pas encore buté. Pas encore une seule rose pour Agüero. Lui qui en plante vingt par saison depuis bientôt dix ans dans un jardin nommé Premier League. C’est aussi ça, la force du foot de Pep. Et du football en général. Science plus que jamais inexacte. Les vérités ne durent que jusqu’au prochain match. Cette saison, on joue tous les trois jours…

Ça part dans tous les sens. C’est génial. Exemple avec John Stones, l’éternelle déception, devient la solution. Depuis qu’il est de retour, Man City encaisse en moyenne cinq fois moins de buts. Du coup, Aymeric Laporte n’a jamais si bien porté son nom. Lui, l’incontournable, l’inamovible, ne fait plus partie de l’encadrement. Que dire de Solskjaer. En instance de « virage » depuis des mois. Il était quinzième en novembre. Le voici quasi surnommé « Sir Ole ». Et ce fameux choc psychologique, qui ne doit son nom qu’à des amnésiques. Après le point pris à Liverpool, c’était certain: Sam Allardyce allait sauver West Bromwich Albion. Tu parles. Depuis, ils ont pris du 0-4, du 0-5 et une élimination en FA Cup contre une D3.

Chez nous, c’est le cas Witsel qui me fait marrer. Pas qu’il soit blessé bien sûr, mais qu’il devienne tout d’un coup l’objet de notre angoisse nationale. Dix ans que je dois argumenter pourquoi je le trouve indispensable. Et là, tout d’un coup, tout le monde semble le penser. Witsel a toujours été notre meilleur anti-virus contre les parasites adverses. Et rien à voir avec le fait qu’il revienne de Chine. Sans lui, la maison Diable connaîtra beaucoup plus de courants d’air. C’est certain. Mais ce n’est pas pour ça qu’on attrapera tous un rhume. Faudra s’adapter. On a du temps. Et puis, qui dit qu’il ne sera pas rétabli? Ce mec a le corps d’un gamin. Parce qu’il l’entretient comme un homme. Un vrai. Passer de la Chine à la Bundesliga comme il l’a fait en est la preuve. Irréfutable. Attendons avant de maudire son tendon. Et dépêchons-nous de rendre à Axel ce qui n’appartient pas à Achille ni à personne. Le pognon n’empêche pas d’être bon.

Puisqu’on parle pognon, l’épisode des droits TV du foot français est édifiant. La valeur des choses ne doit pas être quantifiée par des présidents de clubs mégalos. Sinon c’est le drame. L’Hexagone ne tourne plus rond. Il n’a plus un rond. Ce foot devient un « miroir aux oubliettes ». La faillite rôde. Un pays de champions du monde n’a pas forcément le meilleur foot national du monde. À méditer par le pays dont l’équipe nationale est classée numéro 1 mondiale…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire