Y a pas de GARDIEN PARFAIT

Mis entre parenthèses chez les Diables, il semble bien devoir quitter Willem II cet été.

Au crépuscule de cette saison, le supporter belge a un peu le moral dans les chaussettes. L’EURO 2004 au Portugal se profile à l’horizon. Et une fois de plus, la Belgique ne sera pas de la fête. Un peu comme si cette compétition n’était vraiment pas notre tasse de thé. Une seule participation, et encore en tant que pays organisateur, lors des vingt dernières années, c’est presque affligeant.

Mais s’il existe une autre épreuve dont la Belgique ne pourrait se passer, c’est bien la Coupe du Monde. Recordman du nombre de participations consécutives via les éliminatoires, les Diables Rouges n’ont plus boudé l’événement depuis 26 ans. A la lumière des trois derniers matches amicaux, nous semblons pourtant mal partis pour rééditer cette performance. Car les confrontations en vue de la qualification pour la Coupe du Monde débutent, déjà, en septembre. Geert De Vlieger, en fin de contrat à Willem II, fait le point sur sa situation et celle des Diables.

Comment avez-vous réagi à l’annonce de votre non-sélection pour la rencontre amicale face aux Pays-Bas ?

C’était une surprise pour moi. Je ne m’y attendais vraiment pas. Je suis forcément déçu, mais loin d’être abattu. Je n’ai pas dit mon dernier mot dans l’optique des éliminatoires de la Coupe du Monde. Certes, Erwin Lemmens et Tristan Peersman ont la jeunesse pour eux. Mais ils ne possèdent pas encore l’expérience qu’exigent les rencontres internationales.

N’aurait-il pas mieux valu effectuer ces essais préalablement ?

Peut-être. Aimé Antheunis m’a laissé un message me disant qu’il souhaitait les voir à l’£uvre dans une rencontre de haut niveau. On ne peut pas lui jeter la pierre sous prétexte qu’il fasse tourner l’effectif. Mais je travestirai la vérité si j’affirmais que je n’ai pas été touché par cette nouvelle. Ceci dit, la polémique je la laisse à d’autres.

Est-ce que ce match contre les Pays-Bas ne tombe pas à un moment inopportun pour les joueurs belges ?

Je ne crois pas. Même s’il s’agit d’un match de fin de saison, les joueurs ne seront pas démobilisés. Les vacances ? On y pensera une fois le match terminé. Pas avant. N’oubliez pas que nous nous sommes retrouvés dans la même situation l’année passée. Il nous restait deux rencontres qualificatives pour le championnat d’Europe contre Andorre et la Bulgarie. Les internationaux ont donc pris l’habitude de prester des heures supplémentaires au mois de mai. A l’issue des championnats respectifs, il nous restera deux semaines afin de nous préparer correctement. Je ne pense pas que, d’ici là, nous perdions le rythme de la compétition.

Les Diables s’améliorent, c’est sûr

Evoluant à Willem II depuis trois ans, vous êtes le mieux placé pour jauger les Hollandais.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils seront particulièrement motivés. Il s’agira de leur dernier test avant de se rendre au Portugal. C’est dire si les Oranje seront remontés avant de grimper dans l’avion. Certes, les Hollandais évolueront dans un tout autre contexte que nous. Mais ce derby, toujours un peu spécial, doit nous apporter de l’expérience en vue des échéances qui nous attendent.

Trois matches amicaux pour autant de défaites : faut-il relativiser ces résultats ?

Oui. D’abord parce que nous avons affronté le gotha européen. Ensuite parce que la finalité des rencontres amicales est de pouvoir faire des essais. Et à ce titre, il faut bien avouer que les automatismes ne sont pas encore au point. Il suffit pour s’en convaincre de voir le nombre de buts encaissés dus à des erreurs de placement. Tant contre l’Allemagne que contre la Turquie, nous avons pris des buts ridicules. Mais il vaut mieux que cela arrive maintenant plutôt que lors des rencontres à enjeux. On a pu observer une amélioration dans la manière face à la Turquie. C’est pourquoi, il faut s’armer de patience et poursuivre sur la même voie.

Pourtant, le bilan chiffré est sévère. Deux buts marqués pour huit encaissés. Les critiques commencent doucement à s’abattre sur la sélection.

C’est tout à fait normal. Quand on perd, on est souvent amené à se poser des questions. Parfois, nous sommes trop gentils dans les duels. Alors que c’était notre force en Belgique ces dernières années. Certains ont parlé de notre légèreté offensive. Et ma foi, c’est vrai que nous sommes un peu courts physiquement avec Wesley Sonck et Thomas Buffel aux avant-postes. Mais ce sont nos meilleurs attaquants. Ils ont d’autres atouts : leur vitesse, leur mobilité. La Belgique n’a plus d’avant-centre depuis un moment. Branko Strupar a été le dernier. Bob Peeters n’était pas rétabli, Emile Mpenza a mis les Diables Rouges entre parenthèses et Cédric Roussel n’est pas un véritable avant-centre. Notre jeu doit être moins prévisible. Les médians latéraux doivent engendrer un effet de surprise afin de permettre aux arrières latéraux de monter. Une fois encore, ce n’est possible qu’avec un minimum d’automatismes. Et je suis convaincu que nous pouvons encore progresser.

Mais est-ce que la Belgique sera prête pour les éliminatoires de la Coupe du Monde au mois de septembre ?

Ne vous inquiétez pas pour cela. La Belgique sera à l’heure au rendez-vous. Aimé Antheunis a une bonne vue d’ensemble de son groupe. Il en connaît autant les points forts que les faiblesses. Je crois qu’il a choisi la meilleure option en mélangeant des joueurs d’expérience avec les jeunes pousses qui commencent à montrer le bout du nez. La Belgique sera compétitive. Même si ce ne sera pas une sinécure. L’Espagne fera figure de favori, mais je me méfie tout autant de la Serbie et de la Bosnie. Nous serons les outsiders. Alors profitons de cet avantageux statut.

Willem II, la fin d’une belle histoire ?

Comment vous sentez-vous en cette fin de championnat ? Votre blessure n’est-elle plus qu’un mauvais souvenir ?

Je me sens bien et je suis complètement rétabli. Je n’avais pas pu m’aligner en Allemagne à cause d’une blessure tenace au-dessus du tendon d’Achille. C’était une déchirure à un endroit particulièrement délicat. J’ai préféré revenir graduellement plutôt que de forcer le destin. J’en ai vu de toutes les couleurs. Je passais bientôt plus de temps au club que mes coéquipiers.

Serait-ce le poids des ans ?

Non. C’est de la malchance ; Les périodes de repos sont de plus en plus réduites. Je n’ai guère eu de vacances d’été depuis deux ou trois ans. En juin, il y a eu l’EURO 2000, le Mondial ou encore des matches internationaux tardifs suivis de l’Intertoto avec Willem II. Sans préparation physique, je suis passé des vacances aux matches.

Votre club pointe à la septième position. Willem II peut-il être satisfait de sa saison ?

Oui. Jusqu’il y a peu, nous étions en course pour une place européenne. C’est d’autant plus beau que beaucoup de joueurs en fin de contrat nous ont quitté pendant la préparation. La qualité du groupe en a pâti. En outre, notre coach Mark Wotte a rejoint Feyenoord en cours de saison. Dans ces conditions, se maintenir dans le haut du classement, comme les années précédentes, était ardu, mais nous y sommes parvenus.

Quid de l’année prochaine ?

Le ciel semble s’assombrir quelque peu du côté de Tilburg. Des dix joueurs en fin de contrat, la majorité s’en va tenter sa chance ailleurs. Nous sommes réduits à espérer la percée de jeunes, ce qui s’est bel et bien produit. Willem II n’a que le douzième budget de l’Eredivisie. Certains clubs s’endettent abondamment. Pas nous, nous refusons de faire des folies.

Le fossé avec les trois grands, l’Ajax, le PSV et le Feyenoord, se creuse donc de plus en plus.

J’en ai bien peur. Ce n’est plus un fossé, c’est un gouffre. En Belgique, j’avais souvent l’impression que les clubs plus modestes pouvaient quand même arracher des points aux grands. Ici, la différence de niveau est plus perceptible. Les grands cercles néerlandais développent une meilleure tactique que les Belges et évoluent à un rythme supérieur.

Mon rêve ? La Liga

Quitterez-vous , cet été ?

Mon contrat se termine bientôt. Et il y a fort à parier que je ne serai plus à Tilburg l’année prochaine. Certes, Willem II m’a soumis une offre intéressante par sa durée, en y incluant l’après football, mais elle n’est pas aussi attractive que je l’espérais. Nos points de vue me paraissent trop éloignés pour être conciliables.

Un retour au pays est-il envisageable ?

Il ne faut jamais dire jamais. Le passé m’a appris que les affaires en cours ne signifient rien. Il y a quelques années, j’ai signé un contrat au Club Brugeois. Mais mon club de l’époque, Anderlecht, n’a pas trouvé de terrain d’entente avec les Blauw en Zwart.

Imaginons que vous ayez le choix ! Quel autre championnat européen vous attirerait ?

Sans hésitation, la Liga. L’Angleterre ne me laisse pas indifférent, mais j’estime que mon style de jeu conviendrait mieux à la péninsule Ibérique.

Quelles images vidéo les clubs intéressés peuvent-ils visionner ?

Je préférerais qu’ils viennent me voir jouer. Mieux vaut sans doute oublier la première mi-temps contre la Pologne…. Mais ils peuvent voir le reste. J’ai été international à 41 reprises. Qu’on me juge là-dessus car un incapable n’attendrait pas un tel nombre de sélections.

A 32 ans passés, quels aspects de votre jeu pouvez-vous encore améliorer ?

Tout (il sourit). C’est ce qui fait le charme de la place de gardien de but. On en apprend tous les jours. C’est un métier de progression. Frédéric Herpoel et moi avons à peine dépassé la trentaine. Regardez à quel âge Michel Preud’homme et Jean-Marie Pfaff sont arrivés à maturité. Et vous comprendrez aisément que nous ne sommes pas au bout de notre évolution. Chacun a son style. Un moment, on a critiqué ouvertement mon manque de présence sur les ballons aériens. Depuis on accepte cette lacune. J’y travaille, évidemment, mais on ne change pas de style de fond en comble. Il n’existe pas de gardien parfait…

De tout temps, la Belgique a eu la réputation de posséder de grands gardiens. Aujourd’hui, hormis Frédéric Herpoel et Silvio Proto, n’y aurait-il pas un nivellement vers le bas dans notre pays ?

C’est possible. Certains clubs préfèrent jouer la carte de l’assurance en engageant un portier étranger. Les jeunes gardiens sont souvent sujets à caution en raison de leur inexpérience. Mais je ne serai peut-être pas aussi pessimiste. Des garçons comme Bailly, Bourdon ou encore Peersman tirent leur épingle du jeu. La relève semble assurée .

Peter T’Kint et Thomas Wéron

 » J’ai été international à 41 reprises. QU’ON ME JUGE Là-DESSUS « 

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