Y’A HANDS ?

Bernard Jeunejean

En ce milieu de semaine, je nous souhaite, à nous les neutres, d’agréables huitièmes retour en Ligue des Champions, c’est-à-dire deux choses. D’abord, des soirées comme celle du mercredi des matches aller (16 buts en 4 rencontres) plutôt que comme celle du mardi (5 buts). Ensuite, pas de tirs au but : la formule est déjà irritante en soi, mais dans le cas de l’aller-retour, elle est au surplus injuste pour l’équipe disputant le second volet en déplacement. Cette dernière, qui s’est déjà tapée away, et sans mourir, 30 minutes de plus que son opposant, doit encore se farcir l’exercice de sang-froid qu’est la séance de tirs au but dans un climat supportariste pour le moins hostile : Lyon avait hérité de cette saloperie l’an dernier au PSV, je souhaite pour cela que la revanche sourie cette fois aux gars pas douillets d’ Houillier !

Et je demande par la présente à Jan Peeters d’introduire l’amendement suivant auprès de l’UEFA :  » Si l’équipe visiteuse termine les prolongations en terre étrangère sans être éliminée, lors de la séance de tirs au but, elle bénéficiera d’un botté supplémentaire avant d’entamer la série normale des bottés en alternance « . Ce serait un très bel amendement, et j’accepterais volontiers qu’on l’appelle  » amendement/Peeters  » même si l’idée vient de moi : que notre président prochainement retraité puisse ainsi laisser une trace indélébile dans l’univers du ballon rond !

Ça passe inaperçu en Ligue des Champions alors que ça mettra tout le monde sur pied de guerre quand ça se passera lors du Mondial (et ça se passera !), mais l’arbitrage a encore fait fort dans l’imbroglio lors de ces huitièmes aller ! D’abord du côté des contacts, avec l’exclusion d’ Asier Del Horno pour sa faute sur Lionel Messi : 50 % des gens qui ont vu et revu la phase jugent l’exclusion imméritée et parlent comme José Mourinho du cinéma de l’Argentin, les 50 autres % témoignent en toute sincérité d’une agression caractérisée justifiant pleinement l’exclusion,… vogue la galère ! Ensuite du côté des hors jeu passifs sans l’être, lors de Rangers-Villarreal : Diego Forlan est deux mètres hors jeu au départ de l’action, et clôture victorieusement l’action deux secondes plus tard ! Enfin du côté des fautes de main involontairement volontaires, avec deux phases similaires sifflées différemment : durant Bayern-Milan, le ballon frappe le bras (plutôt collé au corps) de Valérien Ismaël et Frank De Bleeckere refile un péno à Andriy Shevchenko ; lors de Chelsea-Barcelone, c’est la frappe de Rafael Marquez qui atteint le bras (plutôt décollé) de Geremi Njitap… mais le coup de sifflet reste en rade dans la glotte arbitrale !

Dans l’édition actuelle des Lois du Jeu, la faute de main consiste texto à  » toucher délibérément le ballon de la main « . Point/barre. Rien d’autre : même si nous braillons tous depuis des lustres en croyant connaître les subtilités de cette réglementation, le texte de loi ne cause ni de main allant vers le ballon au lieu de l’inverse, ni de bras décollé plutôt que collé. Seul importe le souverain jugement de l’arbitre quant au côté aujourd’hui délibéré du geste, hier volontaire ou intentionnel ou prémédité dans de précédentes éditions de l’écrit sacro-saint : je vous précise cela vu que c’est un peu ma marotte de posséder plusieurs éditions de notre navrant règlement de foot (j’en ai encore trouvé une, de 1936, à la récente Bourse de Wanze !).

J’ai ainsi rebouquiné ce que les instances officielles disaient de la faute de main depuis un siècle,… et je me suis rendu compte qu’elles disaient de moins en moins ! Subsiste aujourd’hui la seule phrase citée ci-dessus alors qu’on y consacrait tout un paragraphe jadis : alors que, pas plus tard qu’en 1995 encore, la faute consistait à  » manier volontairement le ballon, c’est-à-dire le porter, le frapper ou le lancer avec la main ou le bras « . C’est en relisant cela que j’ai tout à coup fait tilt : les vieux rédacteurs du Board visent tellement la concision que, de nos jours, la loi concernant le hands ne cite même plus LE BRAS ! Faut croire qu’anatomiquement, le bras du footballeur est un morceau de sa main. Ou que certains arbitres, même si les footballeurs l’ignorent encore, permettent désormais tout à partir du poignet !

Bernard Jeunejean

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