X MALISSE

Ce mercredi, Xavier Malisse prendra congé du public à la faveur du Kim Clijsters invitational. Esquisse du meilleur tennisman belge de tous les temps et véritable Dr. Jekyll et Mr. Hyde des courts.

Mai 1998, Xavier Malisse n’a que 17 ans mais il accorde sa première grande interview à la Gazet van Antwerpen. Né à Kuurne, il vient de passer neuf mois à la Nick Bollettieri Tennis Academy, une usine à fabriquer des champions située à Bradenton, en Floride. Le temps était superbe, le régime d’entraînement spartiate et la compagnie, exquise : Tommy Haas, Mark Philippoussis, Anna Kournikova, Iva Majoli, Marcelo Rios

Une phrase ressort du lot :  » Je m’entends très bien avec Iva Majoli. Nous avons une voiture commune, une Honda blanche. Quand elle n’est pas là, c’est moi qui conduis. Parfois, je l’invite à manger. Mais je n’ai pas encore osé lui dire que je n’avais pas de permis de conduire.  » Malicieux et rebelle.

Trois mois plus tôt, en février 1998, le jeune Flandrien a effectué à Philadelphie ses débuts sur le circuit ATP. Huit cent cinquante et unième au classement, il en a fait voir de toutes les couleurs à Pete Sampras, numéro un mondial : 6-3, 3-6, 5-4, 40-40… Il ne lui a manqué que deux points pour causer la surprise du début de l’année.

 » Il m’a mis dans le rouge « , avoue Sampras à The Inquirer.  » J’avais déjà entendu parler de lui, ce qui en dit long au sujet d’un gars qui débarque sur le circuit. Il frappait de façon incroyable. Un talent à suivre, ce jeune Belge…  »

Comme Lleyton Hewitt et Marat Safin, on en fait un Top 10 à coup sûr. Et Malisse est d’accord.  » J’ai un visa de cinq ans. Quand il arrivera à échéance, je veux être Top 10.  » L’année suivante, il échange sa petite Honda blanche contre une BMW Cabrio. Numéro de plaque : X-Man.

C’est Alain Demurie, un professeur d’éducation physique de l’Institut Saint-Joseph de Courtrai, qui, en 1980, découvre le talent de Xavier Malisse.  » Il a fait six ans d’école primaire ici. C’était un garçon calme, qui ne parlait presque jamais « , dit-il. Lorsque son frère Olivier, trois ans plus âgé que lui, intègre l’école de tennis du WaregemHappy, le petit Xavier l’accompagne.

Une double roue de bicyclette, sinon rien

Il ramasse des balles sur le terrain, tape contre le mur puis, dès qu’il rentre à la maison à Hulste, contre la porte du garage. Pendant des heures. Dès qu’il atteint l’âge de six ans, il prend des cours. Et il apparaît qu’il a un sens de la balle exceptionnel.

En Flandre, les frères Malisse ne font qu’un. Ils sont talentueux mais pètent régulièrement un plomb, comme Olivier l’avouera plus tard.  » Nous nous disputions souvent sur le terrain, parce que nous étions mauvais perdants. Alors, on nous faisait sortir et notre mère nous enguirlandait : – Si vous continuez, vous n’irez plus au tennis.  »

A l’âge de 12 ans, Xavier Malisse est embrigadé par le centre de formation de la fédération flamande de tennis (VTV).  » A l’entraînement, il dominait tout le monde de la tête et des épaules, même les plus vieux « , dit Steven Martens, actuel CEO de l’Union belge de football mais alors coach et responsable sportif de la VTV.  » En match, par contre, ça allait un peu moins bien. Il voulait gagner tous les matches par 6-0, 6-0. Un 6-1, ce n’était pas bon pour lui. Il fallait toujours que tout soit parfait.  »

Il est cependant sacré trois fois champion de Belgique en simple et en double et devient, sur le plan international, un des meilleurs jeunes de sa catégorie. Il dispute ainsi la finale du championnat du monde des nations en 1994, est sacré champion d’Europe en 1994 et 1996 aux côtés d’Olivier Rochus, remporte l’Astrid Bowl à Charleroi ainsi que la Coupe Gantois et atteint les quarts de finale du tournoi juniors de Wimbledon…

Mais il reste soupe-au-lait. En 1993, il domine la finale de la Fête de la Jeunesse à Wommelgem face à Olivier Courtois, le frère de Laurence. Il mène 6-0, 3-0 et le match est presque joué lorsque tout s’effondre.  » Ivo Van Aken, le directeur technique de la VTV, retire Xavier du terrain pour comportement antisportif répété : jet de balles et raquette cassée « , peut-on lire dans le dossier de presse. Courtois remporte donc le premier prix, une chaîne stéréo.  » Et cela s’est encore reproduit plus tard aux championnats de Belgique, face à Sigi Meeuws « , le fils de l’ancien footballeur Walter, dit Martens.

Chez le gourou Nick Bollettieri

Printemps 1997. La famille Malisse reçoit une proposition d’IMG, l’agence internationale de management de Mark McCormack, un des hommes les plus puissants du monde du sport : Xavier, alors âgé de 16 ans, peut s’entraîner pendant un an à la prestigieuse Nick Bollettieri Tennis Academy. Le coût de l’opération est d’un demi-million de francs belges (37.500 €) mais IMG est prête à investir dans le jeune Belge, dans l’espoir de prendre, plus tard, des commissions sur les contrats et les prize-money.

 » Sa mère et son beau-père, Roos et Théo, ne savaient pas trop quoi faire mais je suis convaincu que pour Xavier, c’était le bon choix. La VTV n’était pas prête à guider un tel talent. Nous tentions de combiner le tennis et les études, nous accordions de l’importance aux valeurs catholiques – engagement, motivation et respect de l’autre – et partions du principe que personne n’était parfait, qu’il fallait aussi travailler ses points faibles. Aux Etats-Unis, par contre, on se focalisait sur le coup droit et le service. Ceux de Xavier étaient great, fabulous, amazing.  »

 » S’il n’avait pas franchi ce pas, il aurait peut-être arrêté et ne serait jamais devenu professionnel. Nous avons essayé de le contenir mais nous étions beaucoup trop scolaires avec lui.  » Nick Bollettieri, un ex-para qui avait fait la guerre de Corée, dirige son académie d’une main de fer. On y vit comme dans une caserne et les jeunes loups sont entraînés comme des soldats de l’armée soviétique.

Les meilleurs ont toutefois droit à un traitement un peu plus favorable et Malisse y trouve son compte. En décembre 1997, il remporte le prestigieux Eddie Herr, deuxième tournoi du monde pour juniors. Il se fait à l’American Way of Life, teint ses cheveux en vert, en blanc, en rouge, en bleu…, ce qui lui donne un air de Dennis Rodman, tandis que son tempérament de feu rappelle celui de John McEnroe.

Après avoir failli causer l’exploit contre Pete Sampras à Philly et disputé un quart de finale à Coral Springs, Malisse est sélectionné en équipe belge de Coupe Davis pour le match face aux Etats-Unis. Avec Johan Van Herck, il échoue à deux points de la victoire au quatrième set face à la paire Todd Martin-Jim Courier. La Belgique découvre ses bons côtés.

Il bat Roger Federer et entre dans le top-100

Fin octobre, à Mexico-City, c’est le monde entier qui découvre le Flandrien lorsque celui-ci sort Felix Mantilla (ATP 20), tête de série n°1, et Thierry Clavet (ATP 27) : deux spécialistes de la terre battue assommés par les coups droits gagnants et les aces de Malisse. En finale, il se heurte à Jiri Novak mais la semaine suivante, à Bogota, il élimine également Thomas Muster (ATP 24).

Désormais, tout le monde considère X-Man comme le joueur du futur, celui qui doit rendre des couleurs à un circuit dominé par l’ennuyeux Pete Samprazzzzzzzzzzzz et rempli de tristes Suédois ou d’Espagnols.  » Je joue avant tout pour le public « , affirme Malisse, qui termine sa première saison (1998) à la 161e place.

 » Il possède le coup droit le plus puissant que j’aie jamais vu « , affirme Marcelo Rios, le numéro un mondial, avec qui le jeune Flandrien échange de temps en temps quelques balles à Bradenton. Uncle Nick, le gourou bronzé du tennis, fait même réaliser une vidéo dont X-Man est la vedette : The Killing Forehand.

 » Dieu lui a donné ses mains, ses jambes et ses yeux « , affirme Bollettieri au sujet de Malisse. Et André Agassi, ex-élève de Bollettieri, d’ajouter :  » Quand je joue sur le terrain à côté de Xavier, je n’ose pas le regarder, sans quoi j’arrêterais le tennis. He’s just too great.  »

Sa deuxième saison commence bien également. Il bat Goran Ivanisevic (ATP 13) à Indian Wells et atteint la finale à Delray Beach, où il pousse Lleyton Hewitt dans ses derniers retranchements. Mais ce que personne n’a oublié, c’est sa victoire en Coupe Davis sur Roger Federer, alors 109e mondial (4-6, 6-3, 7-5, 7-6).

 » Victime de crampes, Federer avait un regard de zombie. Il était bon pour la ferraille « , écrit Het Nieuwsblad.  » On aurait dit qu’il ne savait plus du tout où il était.  » Malisse est le héros de la nation. A 19 ans à peine, il entre dans le Top 100 mondial.

Pau, septembre 1999. La Belgique dispute la demi-finale de Coupe Davis face à la France. Sébastien Grosjean, Cédric Pioline et Fabrice Santoro sont intouchables mais les médias belges se focalisent surtout sur le comportement du Flandrien, qui serait sorti la veille du match. Porté aux nues quelques mois plus tôt, le voilà traîné dans la boue. Exagéré, dira-t-il quelques années plus tard dans HUMO.  » La vérité, c’est que je suis allé dormir à minuit. Quand je suis rentré, Filip Dewulf était assis à une table également. Ce jour-là, j’ai compris que l’ambiance pouvait changer très vite.  »

En couple avec Jennifer Capriati

Steven Martens : « Xavier a toujours eu du mal à exprimer le fond de sa pensée. D’autres étaient plus doués que lui dans cet exercice, ils se vendaient mieux et suscitaient de la sympathie. Qu’il s’agisse de Kim Clijsters, de Justine Henin ou des Diables Rouges, c’est la manière dont on se met en valeur qui détermine l’image. Xavier a toujours douté et tout intériorisé. Il ne parlait pas de ses problèmes et se sentait, dès lors, incompris.

C’est un type très doux, très agréable et très poli. Je me rappelle de la préparation d’un match de Coupe Davis à Tournai. Nous devions nous entraîner dans un petit club, sur un terrain couvert en brique. Après l’entraînement, nous étions allés boire un verre au club house et les joueurs étaient entrés avec leurs chaussures pleines de terre rouge. Sauf Xavier, qui avait pris la peine de les nettoyer dans un seau d’eau. Il tient cela de sa mère qui lui a toujours dit qu’il devait bien se comporter et parler peu.  »

En mars 2000, on apprend que Xavier Malisse sort avec Jennifer Capriati, de quatre ans son aînée. Celle-ci n’est pas une inconnue. En 1991, elle fut la plus jeune joueuse de l’histoire à entrer dans le Top 10. L’année suivante, elle avait remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques de Barcelone mais par la suite, elle s’était surtout fait remarquer de manière négative.

En 1993, elle avait été arrêtée pour vol à l’étalage. Et, un an plus tard, pour possession de marijuana. Mais en 2000, elle tente un come-back au-devant de la scène. Et Malisse est le… sparring-partner qu’il lui faut. Le joueur coupe de plus en plus les ponts avec sa famille et il joue parfois terriblement mal. Il chute ainsi à la 192e place à l’ATP.

 » Xavier ne mange pas, ne s’entraîne pas et ne vit pas comme un pro : il est mal en point « , dit Nick Bollettieri, avec qui Malisse rompt momentanément également.

Des amis australiens et son frère Olivier le remettent sur le droit chemin et il met un terme à son histoire d’amour tumultueuse, qu’il considérera plus tard comme une erreur.  » En un an, j’ai fait toutes les conneries qu’un homme peut faire « , dit-il.  » Capriati est une bitch (une salope). J’étais son esclave, son petit chien. Comment ai-je pu être aveugle à ce point ?  »

A deux doigts d’une finale à Wimbledon

La route qui doit le ramener au sommet est longue et parsemée d’embûches mais des victoires sur Greg Rusedski, Tommy Haas, Arnaud Clément et Marat Safin (numéro deux mondial) l’aident à reprendre confiance. Il atteint même le quatrième tour de l’US Open au terme d’un fabuleux match en cinq sets contre Tim Henman.

 » Le plus surprenant, avec Xavier, c’est qu’il décrochait toujours ses plus belles victoires au moment où on ne l’attendait pas « , dit Steven Martens. « Mais quand la pression devenait trop forte, il ne parvenait plus à se contrôler.  »

Comme en juillet 2002 lorsque, revenu au 35e rang mondial, il atteint les quarts de finale du tournoi de Wimbledon après avoir battu Ievgueni Kafelnikov, Rusedski et Richard Krajicek.  » Avant sa demi-finale face à Nalbandian, il était terriblement stressé « , se souvient Steven Martens, qui officiait en tant que consultant de la VRT (après le cinquième jeu, Malisse avait demandé un temps mort médical parce qu’il ressentait des douleurs à la poitrine, ndlr).

 » A 7-6, 4-2, quand il a commencé à pleuvoir, je suis descendu dans son vestiaire et je lui ai-dit : -Tu vas lâcher tes coups ou quoi ? (il rit). Il a encore perdu le deuxième set mais il a gagné les deux suivants.  » Dans le cinquième, il a réussi à prendre le service de l’Argentin mais la pression est revenue.  » Tout à coup, j’ai réalisé que j’étais à deux points de la finale de Wimbledon « , disait-il dans HUMO.  » Mon bras droit s’est alors mis à peser une tonne. Et vingt minutes plus tard, Nalbandian servait pour le match.  »

Le 19 août de la même année, Xavier se hisse à la 19e place mondiale, son meilleur classement. Il souffre d’arythmie cardiaque et subit une petite opération effectuée par le Docteur Pedro Brugada. Il songe aussi à changer à nouveau de coach. Après Bollettieri, David Felgate, Dean Goldfine et Craig Kardon, il opte pour… Steven Martens.

 » Il avait énormément de points à défendre et la pression était donc très forte « , raconte celui-ci.  » Je me souviens d’un match contre Stefan Koubek, à Roland Garros. Son adversaire avait remporté les deux premiers sets mais Xavier s’était battu et s’était imposé 8-6 au cinquième. Après, on avait dû lui mettre un baxter. Il était complètement déshydraté.

Avec lui, c’était toujours pareil : quand plus personne ne l’attendait, il gagnait. Travailler avec lui était très agréable mais aussi très fatigant. Je devais toujours veiller à ce qu’il reste concentré sur le moment présent, pas sur ce qui pourrait éventuellement se passer.  »

Renvoyé du terrain à Miami

Roland Garros, fin mai 2004. Xavier Malisse dispute le double aux côtés d’Olivier Rochus, avec qui il effectue un parcours sans faille. Les paires Martin/Youzhny, Bjorkaman/Woodbridge et Bhuphati/Mirnyi, pourtant réputées, se cassent les dents sur les deux Belges qui, en finale, battent Michael Llodra et Fabrice Santoro.

A nouveau concentré sur son sujet, Malisse est une valeur sûre du Top 40. Début 2005, il remporte le tournoi de Delray Beach mais deux mois plus tard, à Miami, il pète les plombs parce qu’un juge de ligne accumule les erreurs. Le score contre David Ferrer est de 6-3, 5-5 lorsque, sur son deuxième service, ce même juge de ligne signale une faute de pied. F*cking whore, hurle Malisse en lançant sa chaise et en cassant sa raquette, ce qui lui vaut d’être exclu. Résultat : quatre semaines de suspension, une amende de 6.000 dollars (4621 €) et l’obligation de rembourser son prize-money (9300 €).

En 2007, après des victoires à Chennai et à Delray Beach, le sort frappe à nouveau. Sérieusement blessé au poignet, il effectue une chute libre au ranking et tout le monde s’attend à le voir jeter l’éponge.

Mais avec l’aide de Maxime Braeckman, qui le coache de 2009 à 2012, le Courtraisien effectue une remontée spectaculaire de la 270e à la 41e place mondiale. Il a retrouvé le plaisir de jouer.  » A ce moment-là, Maxime était le coach idéal pour lui « , dit Steven Martens.  » Il avait peu d’expérience sur le circuit mais ils étaient très proches. A cette époque, on a vu combien le tennis comptait dans la vie de Xavier.

Je m’en étais déjà aperçu en novembre 2009, lorsque le tribunal flamand de lutte contre le dopage l’avait suspendu pour un an (Malisse avait commis deux infractions à la loi sur les whereabouts et avait manqué un contrôle antidopage. Par la suite, le Conseil d’Etat avait annulé le décret flamand sur les whereabouts et la sanction n’avait donc plus de raison d’être, ndlr). Je le vois encore en train de pleurer. Il était très touché.  »

Au nom de tous les siens

Cet amour pour le tennis, Malisse le montre encore le 2 octobre, à Mons, lorsqu’il annonce sa décision de quitter la scène après 16 ans de professionnalisme. Une nouvelle fois, des larmes coulent sur son visage. Il remercie son frère et sa mère, décédée trois ans plus tôt ( » Je sais qu’elle est restée à mes côtés à chaque match. Elle a toujours été dans mon coeur. « ) mais aussi son père, qui est malade.  » Si je suis ici aujourd’hui, c’est grâce à lui. Je voudrais le remercier de m’avoir donné cette vie.  » Un bon mois plus tard, Théo s’éteignait à son tour.

L’avis de Steven Martens sur les années Malisse (1998-2013) :  » Un grand succès ! Aucun Belge n’a joué autant de finales, n’a remporté autant de titres en simple et en double et n’a battu autant de joueurs du Top 10. Il a remporté un grand chelem en double, a disputé une demi-finale à Wimbledon…

Et pourtant, ce n’est pas de cela que les gens se souviennent lorsqu’on évoque Xavier, parce qu’il a connu trop de moments creux. Il nous a fait rêver de victoires face aux plus grands mais nous a aussi déçus et a suscité en nous les émotions les plus diverses du genre : -Comment peut-on perdre contre tel joueur ou -Vous avez-vu qui il a battu ?… Xavier, c’était un peu Dr. Jekyll et Mister Hyde. »?

PAR CHRIS TETAERT – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Il a toujours décroché ses plus belles victoires au moment où on ne les attendait pas.  » Steven Martens

 » Dieu lui a donné ses mains, ses jambes et ses yeux.  » Nick Bollettieri

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