Winnie le Lion

Avec sa crinière blonde, il se détache immanquablement du banc camerounais. Winfried Schäfer (53 ans), ancien joueur du Borussia Mönchengladbach, des Kickers Offenbach et de Karlsruhe, est le sélectionneur du Cameroun depuis le 15 septembre 2001. Il remporta la Coupe d’Afrique des Nations en 2002, mais son équipe fut décevante lors de la Coupe du Monde asiatique en terminant troisième du Groupe E derrière l’Allemagne et l’Irlande.. Malgré cela, il resta en place.

Avec succès : le Cameroun a été la révélation de la dernière Coupe des Confédérations en parvenant en finale contre la France. Bien sûr, la fête fut gâchée par le décès inopiné de Marc-Vivien Foé mais Winnie et ses joueurs commencèrent par déjouer tactiquement les plans du Brésil, qui fut battu 1-0. Pour ce match, il n’avait aligné que le seul SamuelEto’o en pointe, et avait décidé de placer Geremi sur le flanc droit et Idrissou sur le flanc gauche, afin qu’ils mobilisent l’attention des arrières latéraux brésiliens, Kleber et Belletti, de monter. Il avait en effet observé attentivement les Brésiliens lors d’un match de préparation contre le Nigeria et avait constaté que, lorsqu’on coupait l’approvisionnement par les ailes, les attaquants étaient privés d’une bonne partie des munitions. Il avait, aussi, placé le regretté Foé en marquage sur Emerson, au centre de l’entrejeu, empêchant là aussi les pentacampeaos de développer leur jeu. CarlosAlbertoParreira, le coach brésilien, avait d’ailleurs reconnu que son adversaire avait finement joué, sur le plan tactique.

Pour le match suivant, contre la Turquie, Winfried Schäfer en était revenu à un schéma plus classique pour son équipe, en 3-5-2. Avec un entrejeu compact ( Djemba et Mbami en récupérateurs, Geremi à droite, Tchato à gauche et Foé en position plus offensive), ils ont bien fait circuler le ballon et l’ont rendu insaisissable pour leurs adversaires. Le résultat fut le même (victoire 1-0) et fut acquis dans des conditions à peu près similaires, tout en fin de match.

Contre les Etats-Unis, alors que la qualification était déjà acquise, Winfried Schäfer avait décidé de faire tourner son effectif et a obtenu le 0-0 nécessaire et suffisant pour s’assurer la première place du groupe.

Le Cameroun a surpris par sa discipline, peu habituelle dans le chef d’une équipe africaine.  » On doit vivre du collectif « , assure l’entraîneur allemand.

TimothéeAtouba, qui a participé à la Ligue des Champions avec le FC Bâle et qui entre généralement au jeu comme réserviste chez les Lions Indomptables, acquiesce :  » Quand on entre, on sait qu’il convient de respecter les consignes et de soigner son placement « .

Winfried Schäfer a réussi à rajeunir l’effectif, entourés par quelques anciens.  » On a beaucoup de jeunes joueurs de 20 à 25 ans « , se réjouit-il.

Le Cameroun se hissa en finale au terme d’une nouvelle victoire par 1-0 contre la Colombie. Idrissou, le jeune prodige de Hanovre 96, fut élu homme du match.  » Pour nous, c’était important de réussir une bonne Coupe des Confédérations « , affirme Winfried Schäfer.  » Cela a permis d’effacer la déception d’une élimination précoce en Coupe du Monde « .

Sur le chemin qui le mena vers la finale, le Cameroun s’est donc imposé à trois reprises sur un score Arsenal et a concédé un partage blanc. L’équipe marque peu et n’encaisse pas.

Quel talent !

En tant que vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations, le Cameroun est qualifié d’office pour la prochaine édition qui aura lieu en Tunisie en janvier 2004. Par conséquent, l’équipe a dû se contenter de rencontres amicales et le menu n’a pas été particulièrement copieux : trois matches seulement entre l’élimination en Coupe du Monde 2002 et le début de la Coupe des Confédérations 2003.  » C’est peu, trop peu « , regrette Winfried Schäfer.  » J’aurais préféré un programme plus étoffé, mais des problèmes ont surgi au moment de mettre les événements sur pied et j’ai dû me contenter du minimum « .

Lauréat des Jeux Olympiques 2000 à Sydney, le Cameroun regorge d’un talent qui ne demande qu’à s’exprimer. Mais ce n’est pas toujours facile.  » Les conditions d’entraînement ne sont pas optimales « , regrette Winfried Schäfer.  » Les terrains en gazon manquent. A force de jouer sur des terrains bosselés, les joueurs perfectionnent leur technique, qu’ils sont déjà très bonne à la base. En revanche, c’est difficile de s’exercer au tir dans de telles conditions. Cela explique sans doute la faiblesse des Africains en zone de conclusion. Je regrette aussi l’absence de championnats de jeunes dans le pays, où les talents pourraient progresser dans un esprit de compétition. Si les infrastructures étaient meilleures, le Cameroun aurait les moyens de remporter un grand tournoi « .

Comme beaucoup d’entraîneurs européens en charge d’une sélection nationale africaine, Winfried Schäfer continue à passer énormément de temps en Europe. S’il a un appartement à Yaoundé, il dispose aussi d’un pied-à-terre à Paris et d’une maison à Karlsruhe, où il est chez lui :  » La plupart des joueurs évoluent dans des championnats européens, il n’est donc pas nécessaire de passer le plus clair de son temps au Cameroun. Je m’y rends lorsqu’il y a des stages. En dehors de cela, je rends visite aux entraîneurs de clubs de mes joueurs, en France et en Angleterre. Mes assistants se chargent du travail sur place au Cameroun « .

 » Sur des mauvais terrains, les Camerounais développent leur technique mais pas la finition  » (Winnie Schäfer)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire