WIM HOFKENS

Quelques heures après notre entretien, Wim Hofkens (57) nous envoie un SMS :  » Il y a une maxime que j’aime bien : aucun ascenseur ne mène au sommet : il faut prendre l’escalier.  » Une phrase qui définit bien ce Hollandais réservé qui, à 14 ans, alors qu’il évoluait à Willem II Tilburg, refusa une offre de Feyenoord  » parce qu’il était trop tôt  » : il voulait d’abord progresser dans son club formateur.  » J’avais neuf entraînements, un match et quinze heures de football de rue par semaine « , se souvient-il

Deux ans plus tard, il effectuait ses débuts en équipe première et, à 18 ans, il franchissait la frontière pour rejoindre Beveren.  » Je ne savais même pas dans quelle division ce club évoluait « . Il n’avait aucune envie de s’entraîner  » parmi les vaches  » mais il avait suivi son instinct.  » J’étais sûr que c’était une belle étape de transition.  »

Sobre, doté d’un coffre exceptionnel, compétiteur-né et fort à la récupération, il allait écrire, au côté de Heinz Schönberger, quelques belles pages du conte de fées vécu par Beveren. Comme ce soir de mars 1979, lorsque Beveren reçut le grand Inter Milan au Freethiel. Après le 0-0 à San Siro, on se dirigeait vers les prolongations lorsque, à quelques minutes de la fin, Hofkens eut un coup de génie : passement de jambe, dribble, centre vers Bob Stevens, 1-0 ! Une fois de plus, le stade explosait. Quelques mois plus tard, Beveren était champion pour la première fois de son histoire.

Le Hollandais allait également remporter la Coupe et la Super Coupe. En 1980, il passait à Anderlecht, avec qui il décrochait un deuxième titre.  » Tomislav Ivic est le meilleur entraîneur que j’aie connu ! Je suis heureux d’avoir pu le lui dire quelques mois avant son décès (en 2011, ndlr). Un coach sur qui les années n’avaient pas d’emprise. J’aurais pu jouer dix ans avec lui.  »

Il enlevait un troisième titre et la Coupe UEFA (1983 contre Benfica) sous la direction de Paul Van Himst mais après cinq ans au Sporting, il surprenait tout le monde en allant au Beerschot ( » C’est là que j’ai livré mes meilleures saisons « ) avant de rejoindre Aad de Mos au FC Malines, avec qui il remportait la Coupe de Belgique, la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe (1988, contre l’Ajax), la Super Coupe d’Europe et un nouveau titre national.  » Pourtant, avec De Mos, le courant ne passait pas. Après un an, j’ai voulu retourner au Kiel.  »

Il a joué près de 500 matches au plus haut niveau et ses anciens entraîneurs lui prédisaient un bel avenir dans le dug-out mais il était voué à entraîner dans des divisions inférieures. Des clubs de D3, de Promotion ou de Provinciale, des équipes d’âge, les Sinaai Girls et le RAFC Ladies. Dix-huit au total.

 » Sur le terrain, j’étais un bosseur, je donnais tout pour l’équipe. Pour le reste, je ne m’occupais pas beaucoup des autres. Je n’avais pas de réseau et j’ai loupé le train. Mais quel que soit le niveau auquel on entraîne, le principe reste le même : il faut tirer le meilleur parti des joueurs qu’on a à sa disposition et tenter de varier le jeu autant que possible.

C’est pourquoi je garde un excellent souvenir de mon passage par les Sinaai Girls : un groupe fantastique, qui avait envie d’apprendre. Les filles formaient une véritable équipe, une grande famille. J’ai rarement vu cela. C’était relaxant.  »

Aujourd’hui, il se dit qu’il n’aurait jamais dû partir. L’aventure aux RAFC Ladies fut brève et, pour le moment, il n’a rien.  » Pendant dix ans, je n’ai fait que du football « , dit-il. Mais le travail, c’est la liberté. Son épouse était manager dans un hôtel. Pendant les vacances, Hofkens lui donnait un coup de main à la réception et il préparait les petits déjeuners.

 » Nous avons exploité un café et loué des appartements puis, il y a dix ans, nous avons eu l’occasion de devenir concierges dans une haute école anversoise.  » Il s’épanouit dans ce rôle.  » C’est chouette et ça comporte des responsabilités. L’essentiel, pour moi, c’est d’avoir un boulot mais, en journée, j’aimerais faire quelque chose dans le sport. Le football fait toujours partie de mon ADN.  »

PAR CHRIS TETAERT

 » Je garde un excellent souvenir de mon passage par les Sinaai Girls. C’était très relaxant.  » WIM HOFKENS

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