Wilmots et des certitudes

Comment le nouveau T1 a rompu avec plusieurs préceptes de Georges Leekens. Analyse.

Des ailes flamboyantes

La rencontre face à au Monténégro l’a encore démontré : les Diables font mal sur les côtés. Kevin Mirallas s’est brillamment illustré vendredi dernier, prouvant une nouvelle fois qu’il est bien meilleur sur l’aile qu’en pointe où il fut pourtant aligné face à la Grèce lors de la dernière pige de Georges Leekens. Dries Mertens est également capable de mettre le feu dans les défenses par ses percussions et sa vivacité. S’il y a un bien un secteur où Willie n’a aucun souci à se faire, c’est sur les côtés de l’attaque.

Même s’il prouve avec Fulham qu’il est bien plus à l’aise en numéro 10 derrière l’attaquant de pointe (la place de Hazard), Moussa Dembélé est aussi une option très intéressante. Nacer Chadli en est une autre. Dommage que cette saison, le joueur de Twente a été ralenti par des blessures. N’oublions pas non plus, Kevin De Bruyne, qui lui aussi préfère un rôle axial, mais qui peut en outre amener son joli coup de patte en étant posté sur le flanc gauche.

Les clés à Hazard

Sa fin de saison canon au LOSC n’a fait que confirmer l’évidence : Eden Hazard a besoin de liberté pour exprimer totalement son talent. Et c’est dans le rôle de numéro 10 où il peut décrocher, se pointer sur les côtés, que l’un des joueurs les plus hype du continent se sent le mieux. Rudi Garcia en est convaincu, Wilmots tout autant. Après le match face au Monténégro, le sélectionneur l’a d’ailleurs rappelé :  » On doit continuer à lui faire confiance en numéro 10 : c’est clair à mes yeux.  »

Sous Leekens, le futur ex-Lillois était cantonné sur l’aile où le travail défensif (qui reste son gros point faible) était important. Désormais, Hazard peut davantage se reposer sur le travail du duo Witsel-Fellaini. On attend impatiemment son match référence en Diable.

Witsel-Fellaini : milieu moderne

Au-delà des nouvelles attributions de Hazard, le vrai changement en matière de coaching a été la présence face au Monténégro de Fellaini en numéro 6. Exit donc Timmy Simons, indéboulonnable sous Leekens ? Si le nouveau sélectionneur a confirmé que l’association Fellaini-Witsel pourrait être réitérée, il a laissé planer le doute sur la question. Vendredi à Bruxelles, Witsel et Fellaini ont parfois délaissé leurs tâches défensives (surtout au milieu de la seconde période) ce que n’a pas oublié de leur faire remarquer Wilmots. Fellaini en milieu récupérateur, c’est l’assurance pour les défenseurs d’avoir un meilleur  » premier relanceur  » que Simons d’autant que Fellaini ne se cache pas quand il s’agit de construire, ce que le joueur de Nuremberg avait tendance à faire.

Mais Fellaini en 6, c’est aussi se priver d’un joueur très fort dans le rectangle ce que n’a pas oublié de pointer Wilmots. Reste à voir si le futur des Diables se mariera avec un milieu  » joueur  » (Fellaini, Witsel, Hazard) ou avec la version plus prudente avec Simons, voire Steven Defour ou Radja Nainggolan dans les parages ?

Quid du numéro 9 ?

Dans tous les secteurs de jeu, les Belges ont des éléments que les meilleurs clubs européens envient. Sauf l’avant de pointe. Or, c’est peut-être la position la plus déterminante pour bâtir des résultats. Personne parmi les attaquants sélectionnés par Wilmots n’émerge pour le moment à l’élite.

RomeluLukaku a visé trop haut en signant à Chelsea et doit encore se développer techniquement, quant à Igor de Camargo, il est intéressant comme remiseur ou dans le jeu aérien mais il montre des lacunes techniques quand ça combine ce qui risque pourtant souvent d’arriver avec le milieu de terrain actuel. Restent les solutions ChristianBenteke et JelleVossen, qui sont meilleurs dans le jeu court, mais dont l’expérience pour le top international est encore insuffisante.

Apprendre à défendre

C’était notre grande force dans les années 80, voire 90, c’est désormais notre grande faiblesse. Défendre, les Belges en sont incapables comme l’ont démontré les qualifications pour l’EURO ou la partie de vendredi dernier durant laquelle TobyAlderweireld est passé à travers alors que la prestation d’ Odoi fut intéressante à la construction mais inquiétante du point de vue défensif. Même avec un entraîneur pourtant frileux comme Leekens, les Diables sont rarement parvenus à garder le zéro au marquoir. En Angleterre, et malgré l’aspect  » amical  » de la rencontre, on peut parler de test grandeur nature pour notre défense qui sera amenée à livrer de difficiles batailles en Croatie, Serbie, Pays de Galles ou Ecosse. Espérons que les récentes discussions à ce sujet entre Wilmots et Kompany furent constructives et efficaces.

Si le problème du back droit ne devrait pas être solutionné, la Belgique doit être capable de faire le gros dos quand ça ne rigole pas offensivement. En France, lors du match amical de novembre (0-0), ce fut le cas. Un jeu offensif très limité mais une équipe bien regroupée qui ne concéda qu’une seule occasion aux Bleus.

Si sa philosophie de jeu donne le sentiment à l’heure actuelle d’être celle d’un coach offensif, Wilmots considère la prestation au Stade de France comme un match référence.

L’importance de l’image

Pour son entrée en fonction, Wilmots ne s’est pas caché. Jeu offensif, discours carré, avec Wilmots c’est souvent direct dans la formulation. L’ex-joueur de Schalke connait l’importance de l’image dans la fonction de coach ; Leekens était d’ailleurs un professionnel du genre. Mais Wilmots ne se cache pas quand il est question de parler foot, tactique, des concepts avec lesquels Long Couteau avaient bien plus de mal. Et puis, Willie aime pincer la fibre patriotique. Face au Monténégro, plusieurs joueurs avaient la main sur le c£ur pendant l’hymne national, à l’image de leur coach et de son staff. Une nouveauté chez les Diables, synonyme de nouvel état d’esprit. Tous les joueurs présents ont d’ailleurs soutenu médiatiquement la candidature de Wilmots. Même Simons, qui n’était pourtant pas titulaire, a déclaré après le match qu’il aurait  » voulu gagner pour Wilmots « .

PAR THOMAS BRICMONT

Fellaini ne se cache pas quand il s’agit de construire, à l’inverse de Simons.

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