Wesley Sneijder

Voici pourquoi le Hollandais de l’Inter Milan fait partie des rares meneurs de jeu encore présents dans le foot actuel.

Positif

Il est capable de déverrouiller une rencontre par une inspiration géniale digne des plus grands. Sa vision du jeu est phénoménale. Elle lui permet de distiller des ouvertures pour prendre à revers les défenses les mieux organisées.

La frappe de balle fait partie de ses grandes qualités. Il s’en sert pour distribuer le jeu, avec des passes longues d’une grande précision, mais c’est surtout sur phases arrêtées que sa frappe fait des ravages. Capable d’envoyer de véritables missiles sur les coups francs axiaux dans les 30 derniers mètres, il est également redoutable dans les stratégies sur les flancs. Les corners et les fautes sur les côtés sont délivrés avec énormément de force et avec une trajectoire telle que l’intervention du gardien adverse est presque impossible.

En tant que droitier, il possède un pied gauche d’excellente qualité et il l’utilise de façon naturelle sans jamais tenter de le contourner. Quand on voit l’assist qu’il réalise, du deuxième pied, sur le but victorieux de Samuel Eto’o à Chelsea, on se dit que le Néerlandais est joueur aux qualités techniques exceptionnelles.

A 25 ans, il possède déjà une énorme expérience du football de très haut niveau. Ronald Koeman l’a lancé en équipe première de l’Ajax à 17 ans à peine. En 2007, il est passé au Real Madrid avant de se retrouver maintenant sous les ordres de José Mourinho. Sans oublier les matches avec la sélection Oranje.

La technique n’a aucun secret pour ce stratège. Il réalise des enchaînements avec facilité et élégance tandis que ses contrôles et ses amorties sont frappés du sceau de la grande classe. Ses dribbles sont dévastateurs et il élimine plusieurs adversaires dans un périmètre restreint, non seulement par ses crochets courts et ses feintes mais aussi grâce à une vitesse d’exécution extraordinaire. Son explosivité et son coup de rein lui permettent également de prendre le meilleur sur son opposant direct.

Il possède un volume de jeu des plus intéressants. En possession de balle, il arpente les quatre coins du terrain pour être constamment disponible pour ses partenaires à la construction. Après avoir distribué le jeu, parfois de très loin, il parvient à être présent dans les 16 mètres pour conclure les actions.

Il possède une excellente force mentale. Dans les matches où cela ne fonctionne pas trop bien pour lui et pour son équipe, il remet constamment l’ouvrage sur le métier pour tenter de forcer les événements. De plus, il est capable, à tout moment, de débloquer une situation délicate et de faire la différence par un coup de patte génial. Bref, c’est un joueur extrêmement précieux pour un coach.

Négatif

Avec son 1m70, il est peu efficace dans le jeu de tête. Il préfère jouer en décrochage et recevoir le ballon dans les pieds pour masquer cette lacune. Quand il peut couper une trajectoire aérienne, sans opposition, il fait preuve d’un bon timing pour tromper le gardien adverse. Par contre, en duel pur de la tête, il est souvent battu par des adversaires aux qualités athlétiques nettement supérieures.

Malgré son excellent volume de jeu, il manque parfois d’implication en récupération du ballon. Il a tendance à réagir trop tard dès que son équipe se trouve en situation de réversibilité possession-perte de balle. Il se contente plutôt d’un travail de coupure d’angles et son pressing est plus intuitif et individuel qu’intégré dans un processus collectif organisé. C’est en partie pour cette raison qu’Eto’o a énormément dû travailler défensivement sur le flanc droit face à Chelsea.

Il présente un jeu à risques. Il privilégie souvent le geste impossible à l’efficacité. Pour un joueur possédant de telles qualités intrinsèques, sa productivité pourrait être meilleure ou en tout cas plus régulière à très haut niveau.

Autant il est très fort dans le 1 contre 1 en possession de balle, autant sa capacité à remporter des duels en perte de balle est clairement en dessous de la moyenne. Il manque de force corporelle dans les duels et sa manière d’attaquer le porteur du ballon est caractéristique d’un joueur offensif : un peu naïve. Ses 67 kilos le pénalisent également dans les chocs d’homme à homme.

Bien qu’il soit adroit dans les 16 mètres, il n’est pas possible de le considérer comme un véritable buteur. Il est plus un passeur qu’un finisseur et il éprouve quasiment autant de plaisir à donner l’assist qu’à planter le but lui-même. Il est finalement plus dangereux à distance qu’à l’intérieur du grand rectangle et il attend le ballon qui retombe plutôt que se mêler à la bagarre au-delà du point de penalty où la force physique est souvent déterminante.

Le rôle derrière un ou deux attaquants centraux est quasiment le seul où il peut donner la pleine mesure de son talent. Ce manque de polyvalence le rend inefficace quand il est décalé sur un flanc et le place dans une situation difficile quand la concurrence est forte à la position qu’il affectionne. Ce problème et son manque de régularité l’ont contraint de quitter le noyau du Real pour trouver son bonheur en Italie.

C’est un joueur qui aime un peu trop le ballon et qui, parfois, fait le mauvais choix en le gardant excessivement. Il possède une telle capacité à faire jouer les autres qu’il devrait se montrer plus altruiste dans certaines situations.

Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

par étienne delangre

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