We believe difficilement…

En ce moment où je tapote mon clavier, j’ignore nos résultats arméniens et espagnols, j’en papoterai dans le prochain Sport/Foot Mag. Mais quelques trucs me tripatouillent la fibre patriote dès avant cette double confrontation. D’abord, la retransmission télévisée du match en Turquie n’eut lieu que sur Canvas, chaîne flamande. Que ni la RTBF ni RTL-TVI n’aient acheté les droits ne me chatouille pas, les choix budgétaires existent, les limites budgétaires aussi : ce n’est pas un droit sacré pour tout footeux belge de bénéficier, quoi qu’il arrive, des prestations/TV de son équipe nationale. Mais que seulement 164.000 francophones de Belgique aient suivi le match sur Canvas (à opposer au chiffre normal de 500.000 néerlandophones), là, ça me tackle le cul par terre !

Ok, peut-être que certains ne captent pas Canvas en Wallonie profonde (encore que moi, j’habite vraiment profond et je capte) : mais ça fait à tout le moins 50 % des footeux francophones qui renoncent à regarder les Diables dès le moment où les images ne sont pas commentées en français… ou dès le moment où elles sont commentées en néerlandais ! Ça dépasse mon entendement, comme si le Wallon ne voyait plus rien, et ne pigeait plus que dalle à la balle, dès le moment où c’est en flamand qu’il entend  » Stijn Stijnen  » ou  » Vincent Kompany  » ! C’est nul, ça montre hélas qu’il ne nous faut pas grand-chose en ce moment pour nous dissuader de regarder les Diables : et ça donne de l’eau au moulin de Bart De Wever et des autres, lorsqu’ils nous prétendent rébarbatifs à l’apprentissage de notre seconde langue…

Les 24 présélectionnés par René Vandereycken n’appellent guère de commentaire, si ce n’est la présence d’ Anthony Vanden Borre, réserviste aux JO comme à Genoa. Les pacifistes l’interpréteront comme un signe d’encouragement à un jeune gars doué des pieds, en lequel VDE continue d’espérer quelles que soient ses tribulations. Les râleurs les plus anti y verront une énième bravade du Roi René, son besoin saugrenu de réaffirmer à chaque fois sa souveraine indépendance : sur 24 gars et c’est beaucoup trop, il en choisit un ou deux parfaitement loufoques, qui ne joueront d’ailleurs pas, mais c’est histoire de rappeler à tous ces emmerdeurs de journaleux que c’est lui le chef ! Autoritarisme infantile, mais si ça peut nous rapporter un 10/12 au bout de 4 matches, allons-y gaiement…

Bon. Passons à webelieve.be, dernière campagne marketing de l’URBSFA pour nous regrouper autour des Diables et du drapeau. Vous avez dû croiser en presse écrite cette pleine page en noir/blanc, où 12 anciens Diables dits de légende nous mobilisent en fixant l’objectif, pour que nous achetions notre ticket face à l’Arménie puis l’Espagne. N’y figurent que trois francophones et c’est normal, c’est à peu près la proportion de gloriole que nous méritons : trois dont curieusement Eric Deflandre qui me semble pourtant moins légendaire que bien d’autres ex-Diables de notre moitié sud… Mais surtout, ces 12 légendes te regardent plus sévèrement que l’instit’ qui t’a le plus fichu la trouille quand tu étais môme : Enzo Scifo, Jan Ceulemans, Luc Nilis et Wilfried Van Moer te fusillent du regard comme si tu étais à la fois responsable de la faim dans le monde, du sida, et du pétage de gueule de Fortis/Dexia ! Brrr… Campagne de culpabilisation, le foot est une chose sérieuse, heureusement que les yeux de Deflandre sourient quand même : sans quoi je serais toujours blotti sous mon meuble de salon, terrorisé, pleurnichant que je n’y suis pour rien si l’on est moins bons qu’en 1986…

Cette campagne fut aussi télévisuelle et là, ce fut un bonheur d’y réentendre la Brabançonne à l’harmonica de Toots Thielemans : les hymnes nationaux sont faits pour la mélancolie, pour sentir le terroir plutôt que les conquêtes… Par contre enfin, webelieve.be existe sur le web, et faut pas longtemps pour comprendre que les concepteurs en furent flamands : le site traduit en français est une provoc’ pour tout francophone aimant sa langue ! Vieille école en pareil cas et j’en suis fier, je continue d’accorder mordicus une certaine valeur à l’orthographe, dans la mesure où les êtres humains de même idiome souhaiteraient encore communiquer ! Alors quand je lis entre autres merveilles traduites que la campagne  » consiste d’un chartre avec 12 points autour desquels différents actions seront développé… « , ou que  » la chartreest consisté de 12 thèmes de travaille « , ou que les  » supporter  » sont toujours si nombreux qu’ils sont écrits au singulier, je finis par croire les cancaneurs affirmant qu’à l’URBSFA, ils ne sont guère plus bilingues que vous et moi !  » Pays donneur, ô Belle Gique, ô pâtes/riz « , dans l’état où tu es, comment planteras-tu des buts avec s ?

par bernard jeunejean

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