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 » On veut du chocolat ! On veut du chocolat !  » Cette complainte vient du fond d’un car. Pas d’un car scolaire qui ramène des enfants d’une quelconque colonie de vacances. Non. Elle vient du fond d’un car 5 étoiles qui quitte Blackburn. Nous sommes en octobre 1996, Arsène Wenger vient de disputer et remporter son 1er match de championnat à la tête d’Arsenal.

Les joueurs veulent leur  » Mars « . Wenger a compris qu’il vient de débarquer sur une autre planète. Le nouveau  » shérif  » ne cédera jamais. Ni sur les barres chocolatées ni sur les haricots-saucisses-coca qu’avalaient les joueurs avant le match. Pas étonnant qu’ils offraient le plus souvent le fameux  » boring Arsenal « .

A force de digérer pendant le match, ils en devenaient ennuyeux. Autre blème, la bière. Wenger les met à l’eau. Le dernier jour de son premier stage, il donne quartier libre. Steve Bould (joueur devenu son adjoint en 2012) raconte :  » On s’est précipité dans le premier pub. J’ai commandé 30 pintes de bières. On était cinq.  » Professeur Wenger parviendra même à guérir Tony Adams de l’alcoolisme. Le grand Tony fera son  » coming out « . Emmenant tout un groupe vers la guérison et puis la consécration.

Il a d’abord beaucoup dérangé. Avec ses lunettes comme des vitrines, son imper à la Columbo et son air supérieur. Il dénote et dérange. Sir Alex :  » Il arrive du Japon et veut nous apprendre comment organiser et jouer au football. Il ferait mieux de la fermer « . Wenger ne donne pas de leçons, il applique ce que les Anglais ne connaissent pas encore. Le foot du 21e siècle.

Il va changer la Premier League en faisant d’Arsenal une machine à gagner mais aussi à rêver. D’ailleurs, 19 ans plus tard, Ferguson avouera :  » J’ai beaucoup de respect pour lui. Durer 1000 matchs dans le même club est exceptionnel. Je sais ce que c’est. De plus j’ai passé des dizaines d’heures à me demander comment contrer le magnifique foot qu’il avait mis en place.  »

Il sait de quoi il parle. Lors de sa 2e saison Wenger devient le premier coach non  » British  » à remporter la Premier League. Après avoir eu 12 points de retard sur Man United. Son apogée fut l’ère des  » invincibles « . Toute une saison sans défaite. Des titres et des coupes. Avec des joueurs exceptionnels. Jamais vu en Angleterre.

En 1000 matchs et 6362 jours, il a utilisé 180 joueurs de 46 nationalités différentes. La  » French Connection  » débarque. Il fait venir Thierry Henry, Patrick Vieiraet Robert Pires pour 27M€… les 3. C’est la somme qu’il recevra du Real Madrid pour le seul Nicolas Anelka.

Sa science des transferts est exceptionnelle. Sportivement et économiquement durant ses 500 premiers matchs. Mais son sens de l’économie va rendre les 500 autres, certes, très rentables financièrement mais beaucoup moins sportivement.

Depuis 2005 et son dernier trophée, c’est plus l’argent qui rentre que l’argenterie des trophées. Il spécule, Arsène. Convaincu que tous ses concurrents vont faire faillite à cause de leur démesure qui ne repose, souvent, que sur un seul mécène. Alors il attend, encore et toujours, pour participer à l’escalade des prix. Les prix, il les fixe chez lui. Chaque match à l’Emirates rapporte 3,8M€. Inouï. Le prix des places est le plus élevé d’Angleterre, voire du monde.

Mais le peuple veut du jeu mais aussi des trophées. Alors, ça commence à gronder. Normal. Mais, jamais, il ne faut oublier que risquer la saison de trop depuis tellement d’années est courageux. Beaucoup plus que de venir dans un club, dépenser des centaines de millions d’€, gagner des titres et puis partir. Certes avec un palmarès qui pèse lourd.

Wenger pèse lourd aussi. Toujours dans le top 4, toujours sorti de la phase de groupe de la Ligue des Champions. Et ce, avec de l’argent propre. Généré par le foot. Quoi qu’il arrive, Wenger mérite le respect. Ce n’est qu’un homme qui a changé le pays du foot mais qui, peut-être, a trop oublié que lui aussi, devrait changer.?

* (V comme victoire, N comme nul)

Avec ses lunettes comme des vitrines, son imper à la Columbo et son air supérieur, il dénote et dérange à ses débuts.

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