Vuelta 59

Elle débute samedi à Leon et fera très couleur locale.

La Vuelta ne suscite pas le même émoi que le Tour de France ou le Giro.  » Il est plus convivial « , estime Dirk Baert (55 ans), ex-champion du monde de poursuite en 1971, sélectionneur des amateurs belges et PR de Panasonic, sous la direction de Peter Post. Il suit la Vuelta depuis des années.

Le parcours

Les Pyrénées sont boudées mais la Vuelta ne sera pas une partie de plaisir. Les cols de l’intérieur du pays ne sont pas très raides mais ils sont nombreux : sur 21 étapes, onze ont lieu en haute et moyenne montagne, avec un total de 28 cols et de sept arrivées à un sommet. Le Tour de France n’a proposé que huit étapes de montagne, 21 ascensions et trois arrivées au sommet d’un col.

L’organisation a supprimé l’Angliru, qui avait fait tant de ravages en 2002. A certains endroits, la pente est de 27 %. Comme le Tour, la Vuelta est le théâtre d’un prestigieux contre-la-montre en côte, à la Sierra Nevada, dans la torride région de Grenade. L’ascension fait 29 km, avec l’arrivée à 2.100 mètres. Baert :  » Ce n’est pas extrême. Le col est moins raide que l’Alpe d’Huez mais l’effort est plus long : une heure dans le rouge, contre environ 37 ou 38 minutes en France « .

Les valeurs sûres

Roberto Heras fait partie des favoris : Señor Vuelta a gagné l’épreuve en 2000 et 2003 et son plus mauvais classement est une sixième place, depuis 1997. Il y a six semaines, il a perdu ses illusions au Tour, vidé physiquement et mentalement. Baert :  » Roberto n’a pas la classe pour gagner le Tour. Il est trop juste dans les contre-la-montre. Il y a trois ans, Johan Bruyneel l’a fait courir les Quatre Jours de Dunkerque. Robertito pèse 57 kilos, nous craignions qu’il ne s’envole sous les rafales de vent. Il a peur de rouler dans le peloton, aussi. Après la chute de Mayo dans l’étape du Tour vers Wasquehal, il n’a plus dormi pendant des nuits. Il n’est favori qu’en Espagne « .

Il y a deux ans, favori, il a concédé 3’22 dans le dernier contre-la-montre et laissé le sacre à Aitor Gonzalez. Baert :  » Ce n’était pas un effondrement mental. Terminator Gonzalez a simplement roulé un contre-la-montre fantastique. Il aurait battu LanceArmstrong lui-même, ce jour-là « .

Malade l’an dernier, Gonzalez a émergé dans l’étape de Nîmes, au Tour, en juillet :  » Le Basque est un super coureur mais tout se passe dans la tête. On dit que GiancarloFerretti lui a offert un contrat de 1,2 million d’euros chez Fassa Bortolo. Ce n’est pas malin car Aitor pense : – Je m’achète un bel appartement dans le sud de l’Espagne et pour le reste, on verra bien « .

Les jeunes

Le numéro deux 2003, Isidro Nozal, doit prouver que son succès ne relevait pas du hasard. Le valet d’Once a obtenu le maillot amarillo par hasard à la quatrième étape et a ensuite gagné deux contre-la-montre. Nozal a tenu 16 jours, grâce au travail d’ IgorGonzález de Galdeano, notamment. Il s’est effondré dans le contre-la-montre de 11 km vers Alto de Abantos et a perdu 2’13 sur Heras, qui a gagné la Vuelta avec 14 secondes d’avance. Ces trois coureurs roulent maintenant tous pour Liberty Seguros.  » Une équipe ambitieuse. Nozal est frais et je ne serais pas surpris qu’il repointe du nez « .

Autre nom : Alejandro Valverde. Le coureur de 23 ans s’est adjugé trois étapes l’an dernier et a gagné la médaille d’argent à Hamilton. Valverde a raté beaucoup de courses cette année à cause des affaires de dopage de Kelme. Il n’a pas été payé plusieurs mois mais il a quand même gagné le Tour de Burgos. Oscar Freire et Igor Astarloa (trois sacres mondiaux à eux deux) se sont mis à son service dans la course sur route olympique.  » Valverde est un homme d’avenir, en classiques comme dans un tour, même s’il n’est pas très bon en montagne. Je m’attends cependant à ce que cette Vuelta tourne en duel entre Liberty Seguros et Valverde « .

Les Espagnols attendent depuis des années l’éclosion d’ Oscar Sevilla. Deuxième en 2001, quatrième en 2002 suite à la traîtrise de Gonzalez à l’Angliru et 12e l’an dernier. Après un Tour terne, au service de Phonak, va-t-il enfin confirmer ?  » Il a roulé le Tour en fonction de la Vuelta, il est plus complet que Heras et le public l’adore. Mais peut-il revendiquer le leadership, puisque Tyler Hamilton, médaille d’or aux JO sur le contre-la-montre, participe à la Vuelta ? »

Reste les accessits, avec l’équipe Euskaltel-Euskadi. Iban Mayo et HaimarZubeldia doivent faire oublier leur mauvais Tour. Baert n’en attend pas grand-chose :  » Je ne pense pas qu’ils puissent concurrencer Liberty Seguros. Mayo a été bon en mai et en juin puis a sombré. Peut-être à cause de la pression car quand on prend deux minutes à Armstrong au Mont Ventoux, on est une star en Espagne. Etrange qu’un mois plus tard, il n’ait plus rien fait. Certains cherchent des explications, comme Yvan Van Mol « , conclut-il, en faisant allusion aux accusations du médecin de Quick Step-Davitamon à l’encontre d’Euskaltel. Il estimait qu’il n’était illogique de penser que des coureurs n’avaient rien fait, par peur d’avaler quelque chose, après que Gorka González et David Etxebarria avaient été pris avec un hématocrite trop élevé.

Le dopage

Yvan Van Mol n’est pas le seul à avoir exprimé son scepticisme quant aux Espagnols. Hein Verbruggen, le président de l’UCI, a déclaré que certains n’avaient toujours pas compris.  » Les données des différents contrôles sanguins montrent que dans certaines formations, il y a plus de coureurs qui bricolent. Fermer les yeux est une pratique indirecte de dopage dans le chef des staffs médicaux. Nous avons des doutes sur certains, ce qui a d’ailleurs influencé l’octroi des licences « , expliquait-il avant le Tour.

Constat : deux mois plus tard, Euskaltel-Euskadi, une grande équipe, sportivement et financièrement, n’a toujours pas de licence. Armstrong a personnellement demandé à l’UCI d’examiner à la loupe les prestations des Ibériques, en recherchant de l’hémoglobine synthétique. Après son renvoi, Jesús Manzano a accusé Kelme de dopage sanguin et juré qu’il avait failli perdre la vie à deux reprises, suite à des transfusions peu hygiéniques.

L’Espagne a une autre vision du dopage. Après le Tour 98, le peloton européen a pratiqué la tolérance zéro mais la Vuelta a accueilli les coureurs de Festina les bras ouverts. Organisateurs, presse et pouvoirs publics ont annoncé qu’ils ne voulaient pas se lancer dans une chasse aux sorcières. Résultat : ces deux dernières années, aucun étranger ne s’est classé dans le top cinq…

La dernière victoire non ibérique remonte à 1999, du chef de Jan Ull-rich. Baert :  » Quand on courait la Vuelta en mai, beaucoup l’utilisaient pour préparer le Tour : BernardHinault, ToniRominger, AlexZülle ont tous été d’anciens vainqueurs. Maintenant, elle fait figure de repêchage pour les busés du Tour, ce qui ne correspond pas à la réalité « .

Loes Geuens

 » En 1998, la Vuelta accueillait FESTINA à BRAS OUVERTS  »

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