VUE SUR LE DANUBE

Jan Hauspie
Jan Hauspie Jan Hauspie is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Le président des Canaris est-il, ou non, actionnaire du FC Ujpest, le club hongrois ?

V ilmos Vanczak est arrivé. Il est le défenseur central de grande taille que Saint-Trond cherchait pour stabiliser sa défense. Agé de 23 ans, cet international vient du FC Ujpest, un des nombreux clubs de Budapest. La saison dernière, il a lutté pour le titre jusqu’à la dernière journée. Depuis, deux entraîneurs ont été limogés et Valère Billen, l’adjoint, est devenu entraîneur principal. Un autre Belge, François Laureyssen, est directeur sportif. C’est à son invitation que, fin novembre 2005, Guy Mangelschots et Geert Smeets, respectivement directeurs sportif et commercial de Saint-Trond, ont rendu une première visite de travail au club hongrois.

Si l’Anversois Laureyssen (56 ans) est aujourd’hui l’homme fort du FC Ujpest, c’est à Feyenoord qu’il le doit. Début 2005, fort du succès rencontré avec des jeunes joueurs de ces régions, le club hollandais décida en effet de tisser un réseau de centres de formation en Europe centrale et orientale. Au début des années ’90, le Hongrois József Kiprich et le Roumain Ioan Sabau faisaient en effet la pluie et le beau temps au Kuip. Les deux attaquants avaient été renseignés par IMAM, l’agence de management de Laureyssen et de Mircea Petescu, qui défendait également les intérêts de Gheorghe Popescu et Gheorghe Hagi. Petescu, ex-international roumain, avait fui son pays pour la Hollande en 1973. Il y était connu pour avoir été le capitaine d’UT Arad qui, trois ans plus tôt, avait éliminé Feyenoord du premier tour de la Coupe des Champions. A l’époque, le club hollandais était tenant du trophée.

ACCORD 70-30

Laureyssen reprit contact avec le club hollandais en 2004. Avec son petit cousin Gino Laureyssen, il dirigeait alors l’agence EuroClubServices, qui s’occupa du transfert de Bart Goor de Hertha Berlin à Feyenoord. Ensuite, à la demande de l’intéressé, il servit de guide au directeur technique de l’époque, Mark Wotte, qui recherchait un club hongrois pour lancer son projet de collaboration.

Ferencvaros, dont Laureyssen avait transféré Pal Fischer à l’Ajax en 1990, et Vasas, ne répondaient pas aux exigences du club hollandais mais bien Ujpest. József Kiprich fut nommé directeur du centre de formation et Laureyssen, directeur technique général.

D’autres anciens de Feyenoord furent impliqués dans le projet : Wlodi Smolarek (Pologne) et Andrej Jeliazkov s’occupent cependant uniquement du scouting. Jeliaskov a joué au Beerschot de 1986 à 1988. Le projet de centre de formation en Roumanie, avec Mircea Petescu à sa tête, fut abandonné après le limogeage soudain de Wotte à Feyenoord, en 2005. Son successeur, Wim Janssen, estima que ces centres de formation coûtaient trop cher et fit marche arrière.

 » Je savais depuis le Nouvel An que Feyenoord allait se retirer « , raconte François Laureyssen.  » Le club a rempli toutes ses obligations jusqu’au 30 juin 2006, date à laquelle il a été mis fin au contrat. Kiprich est également parti. Financièrement, nous n’aurions pas pu le conserver « . Selon le Belge, Feyenoord investissait chaque année 100.000 euros dans le centre de formation d’Ujpest.

En invitant Mangelschots et Smeets, Laureyssen anticipa le départ des Hollandais. Pendant la longue trêve hivernale, en février dernier, Ujpest effectua un stage en Belgique. Il affronta Saint-Trond et un accord fut conclu. Concrètement : les Trudonnaires louent Vanczak, encore sous contrat pour quatre ans à Ujpest, pour une saison. S’il est vendu par la suite, le bénéfice est partagé entre les deux clubs à raison de 70 % pour les Hongrois et 30 % pour les Belges. Et l’inverse est vrai pour Brendon Santalab, qui portera les couleurs du club hongrois pendant un an.

ANCRAGE BELGE

Contrairement à Feyenoord, Saint-Trond n’est pas prioritaire dans le choix des joueurs. Mais il n’investit pas non plus dans le club hongrois. C’est pourquoi Ujpest a d’abord tenté de vendre le joueur sur le lucratif marché anglais. Financièrement, l’affaire aurait été plus juteuse.  » Mais les jeunes joueurs hongrois ne sont pas mûrs pour franchir un pas aussi important « , affirme Laureyssen, qui pense que des managers ont fait tourner la tête du joueur.

Des rumeurs persistantes affirment pourtant que Roland Duchâtelet lui-même serait à la base de ces spéculations. Selon les sources, le président de Saint-Trond serait actionnaire majoritaire d’Ujpest ou il aurait injecté du capital dans le club et lui aurait accordé un crédit de 500.000 euros. Un transfert de Vanczak sur le marché anglais lui aurait permis de récupérer une partie de cet argent. Tant Laureyssen que Duchâtelet démentent cependant.  » Je ne suis pas actionnaire d’Ujpest, si c’est ce que vous voulez dire « , affirme calmement ce dernier.

Les deux hommes sont Anversois et se connaissent depuis longtemps. Laureyssen était actionnaire d’une entreprise d’informatique avec laquelle l’industriel Duchâtelet faisait des affaires.  » Je connais Ujpest par l’intermédiaire de François « , précise le président trudonnaire qui, voici deux ans, avait songé à investir aussi au Germinal Beerschot mais dû se retirer sur intervention de l’Union Belge.

Associé à un Belge dans une société hongroise, Laureyssen est cependant actionnaire minoritaire d’Ujpest. Outre lui et Billen dont une partie du salaire est facturée à St-Trond, on retrouve un troisième Belge dans l’organigramme du club hongrois : Marinus Claeys, ex-responsable du ticketing au Standard. Il est chargé du marketing.

DOUBLE AVANTAGE

Selon Laureyssen, les Belges ne sont pas près de quitter Ujpest. Les véritables patrons sont deux Hongrois : Sandor Tolnai et Peter Kovacs, des trentenaires actifs dans l’immobilier. La saison dernière, ils ont allongé afin de permettre au club de boucler son budget (environ 1,7 million d’euros). Aujourd’hui, avec une moyenne de cinq à six mille spectateurs et selon Laureyssen, Ujpest tourne sur fonds propres. Les rumeurs de problèmes financiers et d’apport de Duchâtelet ne seraient donc pas fondées.  » Si c’était vrai, on aurait envoyé PeterRajczi à Saint-Trond « , dit Laureyssen.  » Car alors, il n’aurait rien coûté « . Rajczi (25 ans), l’attaquant d’Ujpest, fut sacré meilleur buteur du dernier championnat de Hongrie avec 21 buts. La semaine dernière, Aimé Anthuenis s’est renseigné à son sujet, pour le compte du Germinal Beerschot.

 » L’engagement de Vanczak a un double avantage « , affirme Duchâtelet.  » Il constitue un renfort pour Saint-Trond et il permet au joueur de se mettre en évidence dans un championnat un peu plus fort. L’avantage, pour nous, c’est de ne pas devoir nous baser sur des rapports de scouting mais de pouvoir faire confiance à des gens sur place. C’est une façon contrôlée d’amener chez nous des jeunes talents d’Europe de l’Est. Pour un petit club comme Saint-Trond, ce n’est pas évident. En principe, nous ne pourrions pas nous payer un joueur comme Vanczak « .

JAN HAUSPIE

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